Question de M. JOMIER Bernard (Paris - SOCR-A) publiée le 27/02/2020

Question posée en séance publique le 26/02/2020

M. Bernard Jomier. Ma question s'adresse à M. le ministre des solidarités et de la santé.

Monsieur le ministre, on décompte à ce jour plus de 80 000 cas de coronavirus sur la planète et environ 3 000 décès. Chaque jour, de nouveaux lieux, parfois des villes entières, sont confinés. L'épidémie s'étend et commence à toucher notre pays. Pour notre population, ces nouvelles sont évidemment anxiogènes. Elles occasionnent d'ailleurs de déplorables réactions de racisme, que nous condamnons fermement.

Nous devons aborder cette épidémie dans un esprit de responsabilité, soucieux de protéger nos concitoyens. Il ne nous faut ni minimiser le risque ni confondre la réalité sanitaire du virus, qui est loin de la grippe espagnole, avec ses effets psychologiques. Cette réalité appelle du sang-froid, sans dramatisation.

C'est dans cet esprit que nous souhaitons que le Gouvernement nous apporte des précisions sur la préparation des hôpitaux sélectionnés pour répondre en première ligne. Quels moyens concrets leur sont-ils alloués, à l'heure où la situation de beaucoup d'entre eux est périlleuse en matière de moyens humains et financiers, alors qu'ils sont déjà parfois en grande difficulté pour assumer leurs tâches quotidiennes ?

À Paris, les trois hôpitaux désignés sont déjà débordés et ont demandé l'aide des autres établissements hospitaliers.

Comment les soignants de ville sont-ils associés aux actions de détection et de suivi des cas ? Vont-ils recevoir des kits de protection ?

Enfin, je salue la lettre adressée par le Premier ministre aux maires, bien plus digne et à la hauteur de l'enjeu que la lamentable polémique lancée par l'ex-ministre de la santé sur le sujet.

Oui, les élus locaux se retrouvent eux aussi en première ligne. Aussi, qu'attendez-vous concrètement des maires et comment allez-vous les associer à l'élaboration de la réponse des autorités sanitaires ? Leur expertise et leur engagement, vous le savez, sont indispensables pour que les décisions prises soient comprises, acceptées par notre population et, au fond, efficaces. (Applaudissements sur les travées du groupe SOCR.)


Réponse du Ministère des solidarités et de la santé publiée le 27/02/2020

Réponse apportée en séance publique le 26/02/2020

M. le président. La parole est à M. le ministre des solidarités et de la santé.

M. Olivier Véran, ministre des solidarités et de la santé. Monsieur le sénateur Bernard Jomier, je veux tout d'abord retenir l'esprit de responsabilité que vous avez vous-même évoqué dans votre question : face à la menace d'une épidémie, l'union nationale est indispensable.

De même, en présence d'un risque infectieux, il y a des réflexes, des gestes qui sauvent, comme tousser dans sa manche et se laver les mains régulièrement, et il y a des gestes qui peuvent être dévastateurs : les gestes de division, les gestes de repli.

C'est pourquoi j'étais hier à Rome (Exclamations sur les travées du groupe Les Républicains.), avec mes homologues ministres de la santé européens, pour dire à l'Italie que la France la soutient dans cette épreuve et que nous voulons travailler de façon intelligente, entre partenaires européens, pour trouver des solutions concertées. Nous avons évidemment, à cette occasion, acté qu'il était hors de question de fermer nos frontières.

Vous m'interrogez à la fois sur l'intervention des maires et sur les établissements de santé.

S'agissant des maires, vous avez salué la lettre du Premier ministre, et je vous en remercie. Je crois qu'elle était nécessaire.

J'ai moi-même eu régulièrement au téléphone, et encore aujourd'hui, de nombreux maires, inquiets lorsqu'il y a une alerte sur leur territoire, ainsi que des présidents d'exécutifs territoriaux, de départements ou de régions. Je continuerai à leur parler, car le rôle des élus, par leur esprit de responsabilité, qui se manifeste dans tout le maillage des territoires, est essentiel pour apporter de l'information et permettre d'intervenir dans de bonnes conditions. On s'appuiera bien sur les élus !

Concernant les professionnels de santé de ville, j'ai eu le président de l'Ordre des médecins et la présidente de l'Ordre des pharmaciens au téléphone, ce matin, ainsi que plusieurs responsables de syndicats médicaux, hier et encore aujourd'hui, pour les informer que tout le matériel nécessaire leur serait fourni dans les meilleures conditions, au travers du réseau des officines de ville.

Une lettre en voie de finalisation réactualise les consignes et les conseils apportés à l'ensemble des soignants de ville sur le territoire, pour leur dire que faire face à des patients ou à des cas contacts.

Quant aux hôpitaux, j'ai souhaité que nous multipliions par trois le nombre d'établissements de santé capables d'accueillir des malades et de les prendre en charge de A à Z, de sorte qu'il n'y a plus aujourd'hui dans notre pays un seul département sans établissement de santé en mesure de prendre en charge ces malades dans de bonnes conditions sanitaires, avec capacité d'isolement, de dépistage, de diagnostic, et avec formation du personnel soignant, médical et paramédical. Je crois que c'est essentiel dans cette période. (Applaudissements sur les travées du groupe LaREM.)

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