Question de M. BUFFET François-Noël (Rhône - Les Républicains) publiée le 05/03/2020

Question posée en séance publique le 04/03/2020

M. François-Noël Buffet. Ma question s'adresse à M. le ministre de l'intérieur.

En 2015, l'Europe a, dans un premier temps, laissé l'Italie et la Grèce faire face à la crise migratoire liée à la guerre au Levant. Il a fallu attendre plusieurs mois pour qu'elle décide de signer, moyennant un montant de 6 milliards d'euros, un accord avec la Turquie, afin de pallier son impréparation et son absence d'anticipation. La Turquie devait ainsi contenir une partie des réfugiés sur son territoire.

Aujourd'hui, la Grèce est de nouveau sous pression, certes dans des proportions moindres, en tout cas pour l'instant… Mais l'origine et la cause de cette migration ne sont pas tout à fait les mêmes, puisque la France et l'Europe sont confrontées au chantage du régime turc pour des raisons différentes et malheureuses, que M. le ministre vient de rappeler.

Pour autant, monsieur le ministre, qu'allez-vous faire pour renforcer la protection des frontières extérieures et en matière de politique migratoire européenne ? Quelle va être la voix de la France dans les heures et les jours qui viennent sur ces sujets ? (Applaudissements sur les travées du groupe Les Républicains.)


Réponse du Secrétariat d'État auprès du ministre de l'intérieur publiée le 05/03/2020

Réponse apportée en séance publique le 04/03/2020

M. le président. La parole est à M. le secrétaire d'État auprès du ministre de l'intérieur.

M. Laurent Nunez, secrétaire d'État auprès du ministre de l'intérieur. Monsieur le sénateur, vous m'interrogez sur la position de la France sur la crise migratoire que nous connaissons actuellement. Je vais vous répondre d'abord pour le court terme, puis pour le moyen terme.

Je rappelle tout d'abord que la Grèce connaît, depuis l'automne 2019, une arrivée de migrants sur ses îles plus importante que celle qu'elle constatait auparavant.

Dans le cadre des politiques menées par l'Union européenne, la France a alors contribué au renforcement de Frontex. Notre pays a également participé à l'accroissement de la capacité de traitement des demandes d'asile par la Grèce. Je me suis d'ailleurs rendu en Grèce en janvier dernier, pour évoquer ces questions avec mon homologue ; le ministre de l'intérieur a fait de même.

Concernant la situation actuelle, un conseil des ministres de l'intérieur de l'Union européenne va se tenir aujourd'hui, à partir de dix-sept heures, pour répondre à la demande de solidarité de la Grèce. Ce conseil examinera notamment les moyens à mettre en œuvre pour renforcer Frontex et aider la Grèce à contrôler ses frontières. Comme l'indiquait le ministre de l'Europe et des affaires étrangères, la France participera bien évidemment à cette solidarité européenne.

À plus long terme, je vous renvoie, monsieur le sénateur, au débat qui a eu lieu en septembre dernier à l'Assemblée nationale et au Sénat sur la politique migratoire de la France.

Le Gouvernement a alors annoncé qu'il soutenait une réforme ambitieuse de la politique d'asile. Dans cette perspective, Amélie de Montchalin, secrétaire d'État chargée des affaires européennes, et moi-même avons entamé une tournée des capitales européennes, que nous allons poursuivre avec conviction.

M. le président. Il faut conclure !

M. Laurent Nunez, secrétaire d'État. Nous souhaitons obtenir un meilleur contrôle à nos frontières, mais surtout un meilleur traitement des demandes d'asile, de façon à pouvoir reconduire très vite ceux qui n'ont pas besoin de protection et accueillir ceux qui en ont besoin. (Applaudissements sur les travées du groupe LaREM.)

M. le président. La parole est à M. François-Noël Buffet, pour la réplique.

M. François-Noël Buffet. Je vous entends, monsieur le secrétaire d'État, mais cela fait bien longtemps que, dans cette assemblée, en particulier de ce côté de l'hémicycle, nous plaidons pour une politique migratoire européenne et une protection de nos frontières ; celle-ci nécessite de s'appuyer sur des moyens lourds.

Nous plaidons également pour une politique européenne d'asile efficace et faisant preuve d'anticipation.

Enfin, et surtout, comment anticiper et préparer le retour des réfugiés dans leur pays d'origine ? Le Gouvernement a-t-il une stratégie en la matière ? (Applaudissements sur les travées du groupe Les Républicains. – Mme Françoise Férat applaudit également.)

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