Question de Mme ROSSIGNOL Laurence (Oise - SOCR) publiée le 05/03/2020

Question posée en séance publique le 04/03/2020

Mme Laurence Rossignol. Il y a tout juste une semaine, presque heure pour heure, nous apprenions que deux cas de coronavirus avaient été détectés dans l'Oise.

Dès le premier décès, le directeur général de l'agence régionale de santé et le préfet ont pris toutes les mesures de protection et de prévention nécessaires ; je tiens à saluer leur réactivité, leur sens des responsabilités et leur disponibilité auprès des élus locaux – ils sont d'ailleurs tous les deux confinés depuis lors.

Aujourd'hui, l'Oise compte 65 cas de contamination, dont 10 pour la seule base aérienne de Creil. À ma connaissance, 2 personnels civils sont hospitalisés. Vous comprendrez donc que, dans l'Oise, la base aérienne de Creil, la BA 110, soit vue comme l'épicentre de l'épidémie.

J'ai pris connaissance des éléments très détaillés fournis par le ministère des armées sur les conditions sanitaires du vol de rapatriement des Français de Wuhan. Selon le ministère, il n'y a aucun lien entre ce vol et la contamination. Pourtant, l'équipage de L'Estérel était composé d'environ dix personnes, et chaque jour 2 500 personnes entrent sur la base aérienne, y travaillent, y circulent et y mangent.

Comme vous le savez, le patient zéro de l'Oise n'a toujours pas été identifié.

Ma question est la suivante : comment le commandant de la base aérienne de Creil peut-il affirmer de manière aussi péremptoire et définitive que « le patient zéro n'est pas chez nous », c'est-à-dire de la BA 110 de Creil ? Aucune autre collectivité humaine n'oserait dire cela dans la même situation. (Applaudissements sur les travées du groupe SOCR, ainsi que sur des travées du groupe CRCE.)


Réponse du Secrétariat d'État auprès de la ministre des armées publiée le 05/03/2020

Réponse apportée en séance publique le 04/03/2020

M. le président. La parole est à Mme la secrétaire d'État auprès de la ministre des armées.

Mme Geneviève Darrieussecq, secrétaire d'État auprès de la ministre des armées. Madame la sénatrice, vous posez une question qui tourne en boucle depuis une semaine : la potentielle transmission du virus dans l'Oise par la base de Creil.

Ce que nous pouvons affirmer, madame la sénatrice, c'est que les militaires de l'escadron Estérel qui se sont rendus à Wuhan pour rapatrier des Français ont respecté toutes les mesures prescrites : en Chine, ils ne sont pas sortis de l'appareil ; lorsqu'ils sont revenus, ils ont été mis à l'isolement chez eux.

De fait, ils n'ont présenté aucun symptôme, comme d'ailleurs toutes les personnes rapatriées par ce vol. Aucun membre du service de santé des armées qui était sur ce vol sans être basé à Creil n'a présenté de symptôme. Nous pouvons donc affirmer que le patient zéro ne fait pas partie de ce vol.

Le patient zéro habite peut-être dans l'Oise et il a pu être en contact avec quelqu'un de la base aérienne de Creil. Ce qui est certain, c'est que le commandant a pris des mesures très fortes pour limiter le risque d'expansion du virus : d'abord, une équipe d'épidémiologistes est sur place depuis une semaine ; ensuite, toutes les sorties inutiles ont été annulées et l'activité de la base a été réduite. Toutes les mesures préconisées par le ministère des solidarités et de la santé ont été mises en œuvre.

La base aérienne de Creil connaît effectivement des cas, mais rien ne dit que l'un d'entre eux est le patient zéro ou qu'ils n'ont pas été infectés à l'extérieur. L'épidémiologie est une science complexe, surtout dans un contexte de déplacements fréquents et de fort brassage de population.

Je crois qu'il ne faut pas jeter l'anathème sur un lieu, où toutes les précautions ont été prises. Nous devons tout simplement continuer les enquêtes.

M. le président. La parole est à Mme Laurence Rossignol, pour la réplique.

Mme Laurence Rossignol. Rien ne dit en effet que la base aérienne soit l'origine du foyer, mais rien ne dit le contraire non plus !

En tout cas, les conséquences pour la population du bassin creillois sont importantes : dans quatre communes, toutes les écoles sont fermées, alors qu'aucun cas de contamination n'y a été constaté. Tous les cas de contamination sont situés sur la base aérienne de Creil.

Seule l'armée peut investiguer sur son propre territoire, les conséquences sur la population civile sont importantes, et je continue de penser que les propos du commandant de la base, selon lesquels celle-ci n'a rien à voir avec le patient zéro, étaient hasardeux et audacieux. (Applaudissements sur les travées du groupe SOCR.)

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