Question de M. SAVARY René-Paul (Marne - Les Républicains) publiée le 26/03/2020

Question posée en séance publique le 25/03/2020

M. René-Paul Savary. Dans ce contexte très particulier, il me revient l'honneur de poser la première question, qui s'adresse bien évidemment à M. le Premier ministre. Au préalable, je veux rendre hommage à toutes celles et à tous ceux qui sont au front, en première ligne, comme à celles et à ceux qui, en arrière-ligne, rendent service à nos concitoyens. Au nom de mon groupe, je tiens également à rendre un hommage tout particulier à mes confrères médecins décédés au champ d'honneur.

Monsieur le Premier ministre, l'incompréhension des Français devient de plus en plus manifeste dans l'ensemble des territoires, et c'est une information que je veux vous faire remonter. Les titres de la presse locale sont clairs : « La crise des masques », lisait-on hier ; « L'état d'urgence dans les maisons de retraite », peut-on lire aujourd'hui… Je voudrais donc vous poser quelques questions, qui s'adressent aussi, bien sûr, au ministre des solidarités et de la santé, concernant l'état sanitaire du pays.

Premièrement, où en sommes-nous s'agissant des masques livrés – je parle bien des masques déjà disponibles, et non des masques commandés ?

Deuxièmement, qu'en est-il des traitements ? Si certains permettent de réduire la charge virale, peut-être vaut-il mieux les prescrire en début plutôt qu'en fin d'épidémie.

Troisièmement, quelles mesures seront prises en matière d'articulation entre les secteurs public et privé ? En clinique, il n'y a plus de consultation de spécialistes ; les lits sont vides, alors que le secteur public est surchargé.

Quatrièmement, quelles mesures comptez-vous prendre pour anticiper la fin du confinement, notamment en ce qui concerne les tests ?


Réponse du Ministère des solidarités et de la santé publiée le 26/03/2020

Réponse apportée en séance publique le 25/03/2020

M. le président. La parole est à M. le ministre des solidarités et de la santé.

M. Olivier Véran, ministre des solidarités et de la santé. Je vous remercie pour cette question, monsieur le sénateur Savary, qui me permet de dresser un bilan à date des moyens mis à disposition des soignants, qui sauvent des vies, dans les hôpitaux et en ville, sur tout le territoire national, en particulier dans les régions sous tension.

Tout d'abord, la rumeur sur la participation des hôpitaux privés est inexacte. L'ensemble des hôpitaux, qu'ils soient publics ou privés, se sont vu intimer la consigne très stricte d'arrêter toute activité programmée depuis plusieurs semaines déjà et de libérer toutes les places en soins intensifs et en réanimation. (M. René-Paul Savary se montre sceptique.)

J'ai appelé moi-même les directeurs des cliniques de la région Grand Est, monsieur Savary,…

M. René-Paul Savary. Moi aussi !

M. Bruno Retailleau. Nous aussi !

M. Olivier Véran, ministre. … et mon cabinet s'en est assuré. À ce stade, les lits disponibles dans les établissements privés – on en trouve aussi dans le secteur public – sont ceux qui sont destinés à accueillir des malades non atteints par le Covid-19.

Les cliniques participent donc entièrement à l'offre de soins. Elles sont totalement mobilisées, et je les en remercie d'ailleurs. Tout le monde est bien sur le pont, c'est important de le dire.

Par ailleurs, j'ai annoncé que 70 millions de masques avaient été déstockés depuis la fin du mois de février, date du début de l'épidémie, et que 20 millions de masques supplémentaires étaient déstockés cette semaine, à destination des établissements de santé et des Ehpad, notamment dans les régions où le virus circule le plus.

Je n'ai pas caché la situation. La consommation de masques est encore plus massive du fait des caractéristiques du virus. Dans les territoires et hôpitaux dans lesquels il circule, il est fondamental de protéger prioritairement les personnes travaillant dans les services de réanimation auprès des malades les plus graves. C'est indispensable !

J'ai autorisé, comme le Haut Conseil de la santé publique le demandait, la prescription collégiale, sous la responsabilité du médecin qui en décide, de traitements par hydroxychloroquine aux malades hospitalisés les plus gravement atteints.

En l'absence de recommandations et parallèlement à cela, je l'ai déjà dit, plusieurs centaines de patients accueillis dans les différents hôpitaux français participent actuellement à des protocoles cliniques, à différents stades de la maladie. Un protocole d'étude va même être lancé afin de tester différentes molécules, dont celle à laquelle vous faites référence, dès le début de la maladie, et ce afin que la recherche puisse nous permettre, si nous avions le moindre argument scientifique et médical qui permette de concilier sécurité et efficacité, de rendre ce traitement disponible sans délai aux Français.

Croyez-moi, monsieur le sénateur, la mobilisation est totale. Tout le monde – ministère, soignants, agences régionales de santé, caisses d'assurance maladie, public et priv頖 est sur le pont, chaque heure de chaque jour et de chaque nuit.

M. le président. La parole est à M. René-Paul Savary, pour la réplique.

M. René-Paul Savary. La situation est compliquée, monsieur le ministre. Je comprends que vous écoutiez les remontées de votre administration – c'est tout à fait légitime –, mais écoutez aussi les remontées des élus : la grogne est en train de monter !

Peut-être qu'en période de guerre on pourrait prendre des décisions qui ne soient pas scientifiquement correctes, mais qui permettraient parfois de soigner la population dans de bonnes conditions. Nous avons besoin de masques, nous avons besoin de traitements, et nous aurons besoin de tests. Il serait peut-être bon d'anticiper, notamment pour sortir du confinement.

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