Question de M. MONTAUGÉ Franck (Gers - SOCR) publiée le 23/04/2020

M. Franck Montaugé appelle l'attention de M. le ministre des solidarités et de la santé sur l'apport majeur et immédiat que pourrait constituer la pleine utilisation des laboratoires vétérinaires départementaux dans la maîtrise de la crise du Covid-19. Bien que l'implication de certains laboratoires vétérinaires soit constatée dans certains départements et doive être pour cela saluée, il l'interroge sur les raisons de l'absence de mobilisation générale de ce réseau par le Gouvernement. La profession vétérinaire (services vétérinaires et laboratoires départementaux, chercheurs, praticiens de terrain) gère environ tous les deux ans une crise sanitaire majeure (épidémies de fièvre aphteuse, fièvre catarrhale ovine, vache folle, influenza aviaire, émergence de cas de rage sur le territoire national, en particulier) et elle le fait avec succès grâce à son expérience. De nombreux vétérinaires trouvent surprenant et regrettable que, dès le début de la crise du Covid-19, cette expertise relative aux zoonoses et aux épidémies n'ait pas été mise à contribution par les pouvoirs publics et le secteur médical. Dans les circonstances tragiques que connaît notre pays, l'expertise vétérinaire est disponible et doit être pleinement utilisée. Leurs équipements automatisés et leurs personnels accrédités ont la capacité de réaliser rapidement et selon des protocoles éprouvés de très nombreuses analyses comme les tests PCR. Un passage à la santé humaine en cas de crise sanitaire comme celle du Covid-19 est tout à fait possible aux dires des vétérinaires eux-mêmes. Elle serait de surcroît très facilitée par le fait que les réactifs utilisés par ces laboratoires départementaux sont produits en France et non pas en Chine ou aux États-Unis. Les directeurs de ces laboratoires publics, appuyés par les présidents de conseils départementaux dont ils dépendent, ont proposé depuis le début de la crise et avec insistance d'apporter leur contribution à la lutte contre le Covid-19. Les académies nationales de médecine, de pharmacie et vétérinaire sont également intervenues pour qu'il soit fait appel aux laboratoires publics départementaux. C'est d'ailleurs cette disposition qui a été prise immédiatement en Allemagne, se traduisant par une mortalité très inférieure. Le 3 avril 2020 au soir, le Gouvernement a finalement accepté que les laboratoires vétérinaires entrent en jeu, mais depuis il semble que le secteur privé de la biologie humaine multiplie les manœuvres pour écarter les laboratoires vétérinaires en attendant de pouvoir commercialiser notamment les tests sérologiques qui ne sont pas à ce jour disponibles. Alors que l'épidémie continue à progresser et que l'urgence est de détecter les porteurs de virus par PCR, test pour lequel les laboratoires vétérinaires ont une grosse « force de frappe » (capacité de plusieurs dizaines de milliers d'analyses par semaine), les milieux officiels et médicaux, ainsi que les médias minimisent l'intérêt des tests PCR et se focalisent sur les tests sérologiques qui n'auront d'intérêt réel qu'au moment de la sortie du confinement. Lors de son intervention du 14 avril 2020, le Président de la République a annoncé qu'une campagne de dépistage massif ne serait lancée qu'après la sortie du confinement du 11 mai, mais pas avant. Entre-temps un nombre supplémentaire de décès, évitables par la mise en œuvre d'une campagne massive de dépistage par test PCR, auront été à déplorer. Il lui demande si, dans cette période de crise, comme en Allemagne dont l'efficacité est éclatante, toutes les compétences et tous les moyens dont dispose souverainement notre pays, dont le réseau des laboratoires vétérinaires départementaux fait partie intégrante, seront mobilisés sans délai dans une action de production massive de test PCR.

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Transmise au Ministère des solidarités et de la santé


Réponse du Ministère des solidarités et de la santé publiée le 30/07/2020

À chaque étape de la crise sanitaire, le Gouvernement a veillé à élargir le cercle des laboratoires susceptibles de pratiquer le dépistage par RT-PCR. Depuis le 5 avril 2020, ce mouvement est entré dans une nouvelle étape, afin de constituer progressivement une capacité nationale de dépistage dans le contexte de la fin du confinement. Les échanges menés avec l'ensemble des acteurs ont conduit à la prise d'une série de textes permettant de lever tout obstacle à leur intervention. L'objectif est bien que le plus grand nombre de laboratoires soient autorisés à s'impliquer dans le dépistage. Deux nouveaux textes ont été pris dans ce but : le décret n° 2020-400 du 5 avril 2020 et l'arrêté du 5 avril, complétant respectivement le décret n° 2020-293 et l'arrêté du 23 mars. Ces textes autorisent les préfets à réquisitionner, notamment lorsque les laboratoires de biologie médicale ne peuvent pas réaliser suffisamment d'examens de détection du génome du Covid-19, d'autres laboratoires afin soit de réaliser la phase analytique pour le compte d'un laboratoire de biologie médicale soit de mettre à disposition leurs équipements ou leurs personnels. Avec ces textes qui perdureront le temps de la crise, les capacités de dépistage s'appuient sur la mobilisation maximale et fluide des ressources disponibles. Cette mesure concerne tous les laboratoires, vétérinaires mais aussi départementaux, de recherche, de gendarmerie ou de police.

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