Question de Mme DEROCHE Catherine (Maine-et-Loire - Les Républicains) publiée le 23/07/2020

Mme Catherine Deroche attire l'attention de M. le ministre des solidarités et de la santé sur l'enjeu du diagnostic et de la prise en charge précoces du sepsis, qui est la complication la plus grave des infections. Le sepsis touche chaque année environ 30 millions de personnes et entraîne 6 millions de décès dans le monde, selon les chiffres de l'organisation mondiale de la santé (OMS).
On compte en France au moins 180 000 personnes, de tout âge, victimes d'un sepsis chaque année. La mortalité des patients atteint d'un sepsis est de 27 % et peut atteindre 50 % pour sa forme la plus sévère appelée le choc septique. Le sepsis est la première cause de mortalité en service de réanimation et l'une des premières causes de mortalité intra-hospitalière.
Face à ces chiffres inquiétants, les autorités françaises et les professionnels de santé des spécialités concernées se sont mobilisés dans le sillage des recommandations de l'OMS. Un professeur reconnu comme l'un des meilleurs experts mondiaux du sujet et missionné par le Gouvernement a émis dans son rapport « Sepsis – Tous unis contre un fléau méconnu » présenté en septembre 2019, ses préconisations visant à améliorer la prévention, le diagnostic et la prise en charge du sepsis en France. La gravité du sepsis étant souvent liée à un diagnostic tardif et à une hétérogénéité dans la prise en charge des patients, la précocité du diagnostic et un protocole de soins adapté sont au cœur de ces travaux. La délocalisation du diagnostic au plus près du patient, au sein des services d'urgence notamment, ainsi que l'élaboration d'un protocole national de prise en charge adapté du référentiel international de la « surviving sepsis campaign » y apparaissent dès lors comme des pistes à considérer. En tout état de cause, une véritable prise de conscience est à opérer, et des actions fortes sont à mettre en place.
Elle souhaiterait donc savoir quelles sont les suites que le Gouvernement entend donner aux préconisations du rapport précité et quelles mesures il entend prendre pour améliorer le diagnostic précoce et la prise en charge des patients atteints d'un sepsis en France.

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Réponse du Ministère auprès du ministre des solidarités et de la santé - Autonomie publiée le 02/12/2020

Réponse apportée en séance publique le 01/12/2020

Mme le président. La parole est à Mme Catherine Deroche, auteure de la question n° 1267, adressée à M. le ministre des solidarités et de la santé.

Mme Catherine Deroche. Madame la ministre, j'appelle votre attention sur l'enjeu lié au diagnostic et à la prise en charge précoce du sepsis, autrement dit d'une septicémie, complication la plus grave des infections.

Le sepsis touche chaque année environ 30 millions de personnes et entraîne 6 millions de décès dans le monde, selon les chiffres de l'Organisation mondiale de la santé.

On compte en France au moins 180 000 personnes, de tout âge, victimes d'un sepsis chaque année. La mortalité est de 27 % et peut atteindre 50 % dans sa forme la plus sévère, que l'on appelle le choc septique. Il s'agit de la première cause de mortalité en service de réanimation et de l'une des premières causes de mortalité intrahospitalière.

Face à ces chiffres, les autorités, les spécialistes et les sociétés concernés se sont mobilisés. Reconnu comme l'un des meilleurs experts mondiaux du sujet et missionné par le Gouvernement, le professeur Djillali Annane a rendu ses préconisations dans un rapport intitulé Sepsis : tous unis contre un fléau méconnu, présenté en septembre 2019. La gravité est souvent liée à un diagnostic tardif et à une hétérogénéité dans la prise en charge des patients.

La précocité du diagnostic et un protocole de soins adapté sont donc au cœur des travaux. La délocalisation du diagnostic au plus près du patient, au sein des services d'urgence notamment, ainsi que l'élaboration d'un protocole national de prise en charge, adaptée du référentiel international de la Surviving Sepsis Campaign, apparaissent dès lors comme des pistes à considérer.

En tout état de cause, une véritable prise de conscience doit s'opérer, et des actions fortes doivent être mises en place. Je souhaiterais donc connaître, madame la ministre, les suites que le Gouvernement entend donner au rapport demandé au professeur Annane.

Mme le président. La parole est à Mme la ministre déléguée.

Mme Brigitte Bourguignon, ministre déléguée auprès du ministre des solidarités et de la santé, chargée de l'autonomie. Madame la présidente Catherine Deroche, j'ai le plaisir de vous informer que les travaux visant à mettre en place les préconisations du rapport Sepsis : tous unis contre un fléau méconnu du professeur Djillali Annane et des sociétés savantes sont bien avancés.

Les recommandations relatives à l'amélioration du parcours de soins que vous évoquez sont en cours de rédaction par les sociétés savantes. Elles seront labellisées par la Haute Autorité de santé, la HAS, dès l'an prochain, et serviront de socle pour la formation initiale et continue, ainsi que la communication auprès des professionnels de santé.

En ce qui concerne la sensibilisation du grand public aux signes précurseurs du sepsis, notamment, les éléments issus de la Global Sepsis Alliance sont en cours d'adaptation. Elles seront relayées par l'association France Sepsis Association, créée en juillet dernier.

Si certains travaux ont pu connaître du retard en raison de la crise sanitaire actuelle, la recherche sur le sepsis a, quant à elle, bénéficié d'un intérêt approfondi, puisque, comme vous le savez, cette maladie est l'une des complications majeures de la covid-19.

De nombreux essais cliniques sur des molécules immuno-modulatrices sont en cours, et des appels à projets de Bpifrance pour l'amélioration du diagnostic du sepsis ont été lancés. La France avance donc à grands pas, madame la sénatrice.

Toujours en termes de recherche, le projet Sepsis porté par Djillali Annane figure parmi les vingt et un nouveaux lauréats de l'appel à projets Fédérations hospitalo-universitaires, ou FHU, qui a été annoncé en décembre 2019 et que vous évoquiez. Une plateforme épidémiologique nationale a par ailleurs été mise en place, ce qui permettra d'améliorer les connaissances sur les incidences du sepsis, ses caractéristiques et le suivi de son évolution.

Concomitamment, l'Agence technique de l'information sur l'hospitalisation, en lien avec la direction générale de la santé et les sociétés savantes, vient de finaliser la révision du fascicule de codage des pathologies infectieuses pour le programme de médicalisation des systèmes d'information. Ce document comporte de nouvelles consignes de codage du sepsis et sera diffusé auprès des professionnels de santé dès le début de l'année prochaine.

Ainsi, comme l'a souligné l'European Sepsis Alliance le 9 octobre dernier, le plan d'action que la France a engagé devrait être un modèle pour de nombreux pays. C'est un motif de satisfaction, qui nous oblige à poursuivre et à amplifier nos efforts en la matière.

Mme le président. La parole est à Mme Catherine Deroche, pour la réplique.

Mme Catherine Deroche. Je vous remercie de toutes ces informations, madame la ministre. En effet, le rapport date de septembre 2019, mais ce travail a été amplifié, et il est d'autant plus d'actualité à cause de l'épidémie que nous avons connue et que nous vivons encore.

Je souhaite en effet que ces préconisations puissent trouver très rapidement une issue pour traiter cette maladie, qui touche de nombreux patients et qui a des conséquences souvent dramatiques.

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