Question de M. BUFFET François-Noël (Rhône - Les Républicains) publiée le 23/07/2020

Question posée en séance publique le 22/07/2020

M. François-Noël Buffet. Ma question s'adressait à M. le garde des sceaux. Ce dernier nous a toutefois informés qu'il ne pourrait être présent.

Depuis quelques semaines, les actes de violence, de nature délictuelle ou criminelle, se multiplient à l'égard de policiers, de gendarmes, de pompiers ou, tout simplement, à l'égard de nos concitoyens.

Vous avez indiqué, monsieur le Premier ministre, que vous souhaitiez recréer des juges de proximité, c'est du moins ce que nous avons compris. Le garde des sceaux vient de nous dire que tel n'était pas du tout le cas : il souhaite plutôt une justice plus proche de nos concitoyens. Dont acte !

La crise sanitaire que nous venons de vivre a mis de nouveau en exergue les difficultés de notre justice, sur les plans tant matériel que de capacité à se mobiliser et à agir.

Je souhaite vous poser deux questions.

Quelle politique pénale le Gouvernement souhaite-t-il engager à l'égard des actes de violence qui se multiplient, les délinquants n'ayant plus peur de rien ?

Surtout, quels moyens allez-vous donner à notre justice pour être à la hauteur de ces enjeux ? (Applaudissements sur les travées du groupe Les Républicains.)


Réponse du Secrétariat d'État auprès du Premier ministre, porte-parole du Gouvernement publiée le 23/07/2020

Réponse apportée en séance publique le 22/07/2020

M. le président. La parole est à M. le secrétaire d'État, porte-parole du Gouvernement.

M. Gabriel Attal, secrétaire d'État auprès du Premier ministre, porte-parole du Gouvernement. Monsieur le sénateur François-Noël Buffet, je vous prie d'excuser l'absence de mon collègue garde des sceaux, Éric Dupond-Moretti, qui avait prévu d'être présent pour vous répondre et a dû se rendre en urgence à Roanne, où, vous le savez, une prise d'otages a eu lieu au centre pénitentiaire. Il m'a chargé de vous répondre.

Vous l'avez dit, des violences ont été commises récemment à Lyon et dans sa région. Des réponses pénales ont été apportées. Depuis la fin des mesures de confinement liées à l'état d'urgence sanitaire, ces violences, ces rodéos sauvages se sont multipliés. Ces faits sont absolument inacceptables, et appellent une réponse à la fois ferme, immédiate et implacable.

Concernant votre première question relative à la politique pénale arrêtée à l'égard de ces faits, les participants identifiés et interpellés ont été systématiquement déférés devant le procureur de la République de Lyon, en vue d'être jugés immédiatement ou, s'il s'agit de mineurs, d'être présentés à un juge des enfants.

Vous l'avez dit également, des violences ont été commises contre des personnes dépositaires de l'autorité. Je pense notamment aux sapeurs-pompiers pris à partie lors d'une intervention à la suite d'un incendie de véhicules le 14 juillet dernier. La réponse pénale a été tout aussi claire, puisque les auteurs de ces faits ont été déférés immédiatement. Un jeune majeur a été condamné à un an d'emprisonnement, dont six mois fermes, avec incarcération immédiate pour les violences commises.

Plus globalement, vous revenez sur les objectifs de notre politique pénale, défendus par Éric Dupond-Moretti, le garde des sceaux. Je répondrai forcément moins bien que lui sur ce point, mais je suis sûr qu'il aura l'occasion de revenir devant vous pour en parler.

Le garde des sceaux a indiqué son souhait d'avoir une justice rétablie dans ses moyens, en proximité. Il s'agit de respecter un principe, qui, me semble-t-il, nous rassemble tous : un délit, une sanction effective.

Pour ce faire, il faut des moyens, notamment dans les territoires. Éric Dupond-Moretti a été clair sur le fait qu'il avait des gages sur ce point. Il présentera ainsi un budget en hausse destiné à mettre en œuvre son ambition.

M. le président. La parole est à M. François-Noël Buffet, pour la réplique.

M. François-Noël Buffet. Monsieur le secrétaire d'État, je ne doute ni de votre volonté ni de la qualité de vos réponses. Tout de même, compte tenu de ce que nous constatons depuis de nombreuses années sur les moyens dont dispose notre justice, il y a extrême urgence à mobiliser à la fois les fonds et les personnels pour mettre en place les dispositifs permettant de mener la politique pénale que vous revendiquez et que nous pouvons largement partager.

Nous avons souvent entendu dans cette enceinte que les moyens allaient être donnés. Et nous n'avons rien vu venir ! Nous vous demandons donc, monsieur le Premier ministre – je me permets de m'adresser à vous –, de faire très vite. La qualité de notre justice, la qualité de la réponse pénale, mais aussi de la réponse civile, déterminent, avant tout, la confiance de nos concitoyens dans notre système judiciaire. À défaut de cette confiance, nous vivrons des jours mauvais. (Applaudissements sur les travées du groupe Les Républicains.)

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