Question de Mme BENBASSA Esther (Paris - CRCE-R) publiée le 06/08/2020

Mme Esther Benbassa attire l'attention de M. le ministre de l'intérieur sur le traitement qui est fait des cas de racisme au sein des écoles de police.
L'exemple de d'une élève à l'école de police de Nîmes depuis septembre 2019, est particulièrement parlant.
Les premiers mois de sa formation au sein de cet établissement se sont bien déroulés. Elle y a obtenu des notes satisfaisantes. Sa participation orale était alors très appréciée de son formateur.
Pourtant, depuis quelques mois sa situation s'est passablement dégradée. l'élève a fait l'objet de commentaires racistes et islamophobes répétés de la part d'une autre élève de l'école.
Suite à une énième insulte proférée à son égard, elle s'est plainte à sa hiérarchie par la voie de son formateur. Ce dernier lui a alors répondu que ce problème devait être réglé en interne et que la personne responsable d'avoir tenu des propos racistes serait « réprimandée verbalement ». Il va sans dire qu'une telle mesure n'est pas proportionnée, les injures discriminatoires relevant du domaine délictuel et du champ de l'article R. 624-4 du code pénal.
Peu satisfaite de la réponse donnée par son formateur, l'élève s'est alors plainte à son major, qui n'a eu pour autre réponse que des menaces, insinuant que cette affaire « allait se retourner contre elle ».
Depuis, les brimades et les intimidations se multiplient à son encontre. Elle fait désormais l'objet d'une mise à l'écart et de harcèlement moral de la part de l'administration. Il lui a notamment été adressé des réprimandes sur son comportement, alors que de telles accusations n'avaient jamais été tenues à son égard avant qu'elle ne dénonce le racisme dont elle est victime. Une procédure administrative irrégulière a par ailleurs été lancée contre elle.
Alors qu'elle aurait dû être protégée par sa hiérarchie, cette élève est aujourd'hui sujette à une cabale. On lui reproche de jeter l'opprobre sur toute la profession, d'avoir été déloyale envers l'institution qu'elle souhaite intégrer.
Envers qui doit-elle cette loyauté ? À une institution qui a laissé proliférer les discours discriminants et qui refuse de protéger celles et ceux qui en sont victimes en son sein ? Ou aux valeurs de la République, à la liberté, à l'égalité, en particulier devant la loi et à la fraternité, par-delà nos différences, qu'elles soient ethniques, religieuses ou culturelles ?
Cette omerta devrait prendre fin, surtout quand on connaît les évènements survenus à l'école de police de Nîmes ces deux dernières années :
- En octobre 2018 un élève gardien de paix, originaire de Guyane, s'est suicidé.
- En Juillet 2019 un formateur de l'école de Police de Nîmes s'est également suicidé.
- En janvier 2020, enfin, une élève de la 254ème promotion, elle aussi de couleur, a mis fin à ses jours chez elle.
Ainsi, elle lui demande de prendre des mesures dans les établissements de formation des forces de l'ordre, afin que leurs effectifs soient davantage sensibilisés aux discriminations et quel dispositif il compte mettre en œuvre afin de protéger avec plus d'efficacité les agents et élèves du corps de policiers, victimes d'injures, de propos et d'actes racistes au cours de leur formation.

- page 3447

Transmise au Ministère de l'intérieur


La question est caduque

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