Question de Mme FÉRAT Françoise (Marne - UC) publiée le 22/10/2020

Mme Françoise Férat demande à M. le ministre de l'agriculture et de l'alimentation la création d'une journée nationale de l'agriculture.
En 2018, la ferme France a conservé son statut de première puissance agricole européenne, avec une production, tous secteurs confondus, estimée à 73 milliards d'euros. La France a stabilisé sa part de marché sur l'échiquier communautaire (16,9 % en 2018). En termes de surfaces agricoles, la France est également au premier rang européen avec près de 30 millions d'hectares. La contribution de la branche agricole au produit intérieur brut français (PIB) se place à 6,7 % du produit intérieur brut (PIB). En 2018, les exportations de produits agricoles et produits agroalimentaires ont représenté 6,6 milliards d'euros d'excédent commercial. Ces chiffres démontrent la compétitivité de l'agriculture française qui réussit cette performance tout en étant la meilleure du monde, en termes qualitatifs, nutritionnels ou environnementaux.
Aujourd'hui, les consommateurs souhaitent de plus en plus connaître l'origine et la façon dont a été produite leur alimentation. Leur préférence va pour le « manger local » et le développement des circuits courts.
L'agriculture française, grâce à la compétence de ses agriculteurs, grâce à la richesse agronomique, à la diversité de ses territoires, à l'organisation de toute la chaîne de transformation comme de distribution est en capacité de répondre à cette demande et d'offrir une palette de produits de qualité.
Pour que cette forme d'agriculture, qui renforce le lien entre le consommateur et le producteur et permet une augmentation des marges grâce à une rémunération directe du producteur, perdure, il faut qu'elle soit visible et soutenue !
Elle lui demande la création d'une journée nationale de l'agriculture.

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Réponse du Ministère de l'agriculture et de l'alimentation publiée le 14/04/2021

Réponse apportée en séance publique le 13/04/2021

M. le président. La parole est à Mme Françoise Férat, auteur de la question n° 1318, adressée à M. le ministre de l'agriculture et de l'alimentation.

Mme Françoise Férat. Monsieur le ministre, parlons de la journée nationale de l'agriculture. Vous pensez peut-être « entêtement ». Je pense « ténacité ».

Pour les raisons que nous connaissons, le salon de l'agriculture ne s'est pas tenu cette année. Je salue la promesse de différentes journées dédiées à l'agriculture en compensation. Entre parenthèses, je n'ai connaissance d'aucune communication à ce jour…

Ma démarche est relayée par les agriculteurs, et un certain nombre de mes collègues ont cosigné une proposition de résolution en ce sens. La demande est simple et symbolique : la création d'une journée nationale de l'agriculture.

Une telle journée favorisera la mise en valeur par les acteurs de la filière de la spécificité des territoires et des nouvelles techniques plus durables. Elle doit permettre aux citoyens de connaître les femmes et les hommes passionnés qui nourrissent la population. Il s'agira d'un geste fort, qui sortira le secteur agricole de son sentiment de découragement et marquera la considération que l'ensemble du pays doit apporter à ses paysans.

Je le rappelle, en 2018, la ferme France a conservé son statut de première puissance agricole européenne, avec une production estimée à 73 milliards d'euros et une contribution au PIB de 6,7 %. Notre agriculture est bien la meilleure du monde !

M. le président. La parole est à M. le ministre.

M. Julien Denormandie, ministre de l'agriculture et de l'alimentation. Madame la sénatrice Férat, je souhaite tout d'abord vous remercier du rapport Suicides en agriculture : mieux prévenir, identifier et accompagner les situations de détresse, que vous m'avez remis voilà quelques jours avec votre collègue Henri Cabanel. Vous y avez dressé un état des lieux du mal-être dans le monde agricole et répertorié l'ensemble des dispositifs de lutte contre les facteurs – nous savons qu'ils existent malheureusement – pouvant conduire à des drames humains. C'est un rapport de très grande qualité, de même d'ailleurs que celui du député Olivier Damaisin. Ainsi que je m'y étais engagé, j'ai attendu la fin de vos travaux pour que le Gouvernement puisse en tenir compte dans la mise en place de cette feuille de route si importante pour le monde agricole.

Vous m'interrogez sur les moyens d'honorer le monde agricole, en suggérant l'instauration d'une journée nationale de l'agriculture. Je n'ai pas d'idée préconçue à cet égard. Il existe énormément de journées nationales dans notre pays. À titre personnel, je ne suis pas certain qu'elles permettent un véritable changement. Ce dont je suis en revanche absolument convaincu, c'est la nécessité d'honorer notre agriculture.

C'est la raison pour laquelle nous organisons des journées nationales de l'agriculture, dont les prochaines se tiendront au mois de juin. Nous lancerons également une grande campagne de communication sur les métiers des entrepreneurs du vivant. Nous avons aussi développé un certain nombre d'initiatives – vous l'avez vu – pour permettre à nos concitoyens d'aller directement à la ferme, auprès des producteurs, afin d'accéder aux circuits courts et, en même temps, de pouvoir y faire des rencontres souvent incroyablement utiles, fertiles, avec le monde agricole.

Je connais votre attachement à cette journée nationale de l'agriculture. Encore une fois, je n'ai pas d'idée préconçue en la matière. Je ne suis pas certain que ce soit cela qui change la donne. Mais j'aurais évidemment plaisir à en discuter avec vous.

En tout cas, dans l'immédiat, nous organisons ces journées nationales en juin, et nous mettons en place une communication et des plateformes pour aller directement chez l'agriculteur. Le concours général, qui devait se tenir, n'aura malheureusement pas lieu du fait de la pandémie.

Comme vous, je me bats tous les jours pour honorer notre agriculture. Je crois que c'est très important.

M. le président. La parole est à Mme Françoise Férat, pour la réplique.

Mme Françoise Férat. Monsieur le ministre, je ne doute ni de votre engagement ni de votre sincérité, que j'ai pu mesurer au fil du temps.

Vous l'avez souligné, tout est affaire de communication. Vos propos de ce matin me donnent un peu d'espoir.

J'ai d'ailleurs noté que vous aviez tweeté le 27 mars dernier sur la journée du fromage. (M. le ministre sourit.) Je me dis que nous avons franchi un pas avec ce tweet. Je ne vous le cache pas, par ce geste tout à fait symbolique, vous aviez illuminé ma journée !

C'est la troisième fois que je formule une telle demande ; vous comprenez pourquoi je parle de « ténacité ». Peut-être que, avec une communication suffisamment appuyée et le concours de nos agriculteurs – ils souhaitent cette journée de l'agriculture et sont prêts à collaborer –, nous pourrions toucher au but. Vous connaissez leur engagement et leur capacité à être force de propositions. Je vous remercie de considérer cette demande.

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