Question de Mme DINDAR Nassimah (La Réunion - UC) publiée le 15/10/2020

Mme Nassimah Dindar attire l'attention de M. le ministre de l'Europe et des affaires étrangères sur l'aide que peut apporter la France à Madagascar touchée par une importante famine.

Du fait d'une importante sécheresse, sans doute due pour partie aux effets du réchauffement climatique, les populations du sud de Madagascar sont confrontées à une importante famine. Ces derniers jours, huit enfants d'un même village seraient morts de faim. Faute de riz, les familles se nourrissent de cactus et d'argile mélangé à du jus de tamarin.

La situation n'est certes pas nouvelle, dans cette région régulièrement privée d'eau. Mais elle est pire encore cette année. Ainsi, une récente étude estime que 1,6 million de personnes dans le grand sud ont des difficultés d'accès à la nourriture à cause de la sécheresse. 500 000 d'entre elles sont confrontées à une insécurité alimentaire sévère et dans le besoin d'une assistance urgente. Les images, largement diffusées à La Réunion, sont insoutenables.

L'État malgache a annoncé l'ouverture de quatre centres nutritionnels. Et La Réunion, solidaire comme à son habitude, se mobilise pour venir en aide à ces populations voisines.

Mais la France a aussi un rôle à jouer, essentiel. Il s'agit d'une part de répondre à l'urgence vitale et d'autre part d'aider à la dotation de ces régions d'équipements, tels qu'un pipeline, permettant d'acheminer de l'eau de manière régulière. Ces équipements, onéreux mais indispensables, permettraient de résoudre définitivement le problème de sécheresse et la famine qu'elle provoque.

Elle lui demande quelle aide la France a prévu d'apporter à Madagascar, à la fois pour résoudre cette crise alimentaire à court terme et éviter à moyen et long terme que pareille situation ne se reproduise.

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Réponse du Ministère de l'Europe et des affaires étrangères publiée le 03/12/2020

Selon les dernières données disponibles, en juillet 2020, plus d'1,6 million de personnes étaient en situation de crise alimentaire dans cette région de Madagascar, parmi lesquelles 554 000 en situation d'insécurité alimentaire sévère. La malnutrition des nourrissons entraîne notamment des retards de développement et de croissance irréversibles, qui nuisent au développement physique et cognitif des enfants et provoquent des séquelles persistant à l'âge adulte. Bien que Madagascar ne figure pas à ce jour dans la liste des 23 pays à risque identifiés par le système d'alerte précoce du Programme alimentaire mondial (PAM), les partenaires techniques et financiers déploient des actions depuis le début de l'année et s'adaptent aux besoins pour répondre en priorité à l'urgence. Ainsi, en 2020, à travers son dispositif d'aide alimentaire programmée, le ministère de l'Europe et des affaires étrangères a contribué à hauteur de 650 000 euros à l'assistance alimentaire fournie par le PAM dans les régions concernées (lutte contre la malnutrition, alimentation scolaire, appui aux petits producteurs). La France appuie également les actions des ONG le Gret (200 000 euros) et Action contre la faim (150 000 euros) pour lutter contre la malnutrition mais également pour favoriser la résilience des populations vulnérables. L'expertise des instituts de recherche français est aussi fortement mobilisée. L'Institut de recherche pour le développement (IRD) évalue ainsi l'impact de l'aide et de l'amélioration des actions du PAM, tandis que le Centre de coopération internationale en recherche agronomique pour le développement (CIRAD) accompagne le PAM pour lutter durablement contre la vulnérabilité alimentaire et renforcer les capacités de production agricoles. L'Agence française de développement (AFD) soutient pour sa part plusieurs projets dans les deux régions les plus touchées, dont le projet « Talaky » de développement et de diversification agricole qui vise à mettre en place, à moyen terme, une agriculture plus résiliente aux changements climatiques (3,5 millions d'euros pour la période 2018-2021). L'AFD accompagne également les actions de plusieurs ONG actives en matière de sécurité alimentaire, pour un montant total de 3,65 millions d'euros (Action contre la faim, Secours islamique France, Agriculteurs français et développement international (AFDI), Interaide). En outre, dans le cadre de la coopération décentralisée régionale, les collectivités territoriales de la Réunion (200 000 euros pour le département et 130 000 euros pour la région) et de Mayotte (200 000 euros pour le département) participent également à cet effort. Enfin, il appartient au gouvernement malgache de mobiliser, s'il le souhaite, le prêt de contingence pour la gestion des risques de catastrophes, octroyé par l'AFD pour un montant total de 11,5 millions d'euros.

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