Question de M. DUPLOMB Laurent (Haute-Loire - Les Républicains) publiée le 05/11/2020

Question posée en séance publique le 04/11/2020

M. le président. La parole est à M. Laurent Duplomb, pour le groupe Les Républicains. (Applaudissements sur les travées du groupe Les Républicains.)

M. Laurent Duplomb. « Quoi qu'il en coûte », monsieur le Premier ministre, vous avez fondé la totalité de la gestion de cette crise sur un seul critère : éviter la saturation des hôpitaux. (M. le Premier ministre le conteste.)

En mars 2020, la France disposait de 5 000 lits de réanimation que je qualifierai de « standards », car, au plus fort de la première vague, ce sont, au total, 7 800 lits de réanimation qui ont été ouverts, grâce à l'ajout de lieux supplémentaires.

Dès lors que vous avez choisi comme seul paramètre de gestion de cette épidémie l'engorgement des hôpitaux, pourquoi les leçons de la première vague ne vous ont-elles pas servi ? Pourquoi des lits de réanimation n'ont-ils pas été ouverts en nombre suffisant depuis le premier confinement ?

Durant l'été, lors de son audition au Sénat, le ministre de la santé annonçait plus de 12 000 lits opérationnels pour une éventuelle deuxième vague. Aussi, quelle a été ma surprise – et sûrement celle des Français –, lorsque vous avez annoncé, voilà quelques jours, monsieur le Premier ministre, que le nombre de lits avait certes augmenté, mais pour atteindre seulement 5 800 !

Monsieur le Premier ministre, où sont les 6 200 lits manquants pour parvenir au total de 12 000 lits ? (Applaudissements sur les travées du groupe Les Républicains. – M. le Premier ministre manifeste son agacement.)


Réponse du Secrétariat d'État auprès du ministre des solidarités et de la santé, chargé de l'enfance et des familles publiée le 05/11/2020

Réponse apportée en séance publique le 04/11/2020

M. le président. La parole est à M. le secrétaire d'État chargé de l'enfance et des familles.

M. Adrien Taquet, secrétaire d'État auprès du ministre des solidarités et de la santé, chargé de l'enfance et des familles. Monsieur le sénateur Duplomb, votre question m'offre l'occasion de clarifier certains éléments que, semble-t-il, vous n'auriez pas perçus ou, peut-être, que vous auriez fait semblant de ne pas percevoir…

Elle est en tout cas l'occasion de faire le point sur la situation des services de réanimation, qui sont fortement mobilisés dans la gestion de cette crise. À cet égard, je me permets de saluer, moi aussi, l'engagement de ces équipes.

M. Laurent Duplomb. Cela n'a rien à voir !

M. Adrien Taquet, secrétaire d'État. Hier, le nombre de nos concitoyens patients covid pris en charge en réanimation atteignait 3 878. Cela représente d'ores et déjà 76,5 % de nos capacités initiales de prise en charge en réanimation, soit les 5 100 lits que vous évoquiez au début de votre intervention. À titre de comparaison, sachez que ce niveau équivaut à celui de la dernière semaine de mars.

Il est donc impératif, vous le comprenez bien, que nous puissions continuer à prendre en charge les besoins en réanimation, qu'ils soient covid ou non. Pour ce faire, nous agissons sur deux leviers : la déprogrammation, qui a été évoquée à l'occasion de la question de la sénatrice Catherine Deroche, et la mobilisation d'autres lits.

À ce titre, je ne puis que m'élever en faux contre les propos que vous avez tenus. Dès l'été, nous avons effectivement porté à 5 800 – c'est le chiffre que vous avez donn頖 le nombre de lits en réanimation. Mais, la semaine dernière, nous avons atteint un niveau de 6 400 lits et visons, pour la fin de semaine prochaine, un palier à 7 700 lits.

M. Max Brisson. Il en manque encore !

M. Adrien Taquet, secrétaire d'État. Le prochain palier que nous sommes en mesure d'atteindre, monsieur le sénateur Duplomb, est fixé à 10 500 lits en réanimation.

Sachez par ailleurs que les ARS soutiennent les coopérations entre établissements et les transferts vers d'autres régions – on le sait, la situation sera plus difficile à gérer au cours de cette seconde vague, l'ensemble du territoire national étant touché de la même façon –, mais aussi vers des pays étrangers.

Enfin, comme vous le savez, les lits ou le matériel ne suffisent pas ; il faut aussi des hommes !

M. Roger Karoutchi. Et alors ?

M. Adrien Taquet, secrétaire d'État. Depuis le début de la crise, nous avons formé 7 000 professionnels de santé pour qu'ils puissent agir dans les services de réanimation, et je veux ici saluer leur engagement. (Applaudissements sur les travées du groupe RDPI.)

M. le président. La parole est à M. Laurent Duplomb, pour la réplique.

M. Laurent Duplomb. La vérité, c'est que le Gouvernement a échoué !

Vous avez échoué à créer ces lits, préférant vous réfugier derrière une administration française engluée dans ses certitudes et sa technocratie et pour laquelle tout est impossible !

Où sont les 10 000 respirateurs commandés, qui, pour moitié, se sont d'ailleurs révélés inopérants ? Où sont les 7 000 personnels soignants supplémentaires que vous venez de mentionner et qui ont également été annoncés par le Président de la République, mercredi dernier ? Pourquoi aucun lien n'est noué entre les hôpitaux publics et les cliniques privées ? (M. le Premier ministre proteste.)

La vérité, monsieur le Premier ministre, c'est que, si vous aviez bien géré l'après-première vague, nous n'aurions pas à connaître un deuxième confinement ! Et je ne peux accepter que, à cause de votre entêtement, nous en connaissions, croyez-moi, un troisième, un quatrième et, peut-être, un cinquième ! (Bravo ! et applaudissements sur les travées du groupe Les Républicains.)

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