Question de M. REDON-SARRAZY Christian (Haute-Vienne - SER) publiée le 13/11/2020

Question posée en séance publique le 12/11/2020

M. Christian Redon-Sarrazy. Nous venons d'apprendre la fermeture du site Bridgestone de Béthune. Permettez-moi, avant toute chose, d'exprimer, au nom du groupe Socialiste, Écologiste et Républicain, notre soutien et notre solidarité envers les 863 salariés qui vont être durement frappés par cette mesure. (Applaudissements sur les travées du groupe SER.)

Ma question s'adresse à monsieur le ministre de l'éducation nationale, de la jeunesse et des sports.

Monsieur le ministre, comme les petits commerçants ou les libraires, les personnels éducatifs, en plus de devoir faire face à la menace terroriste, payent eux aussi le manque de cohérence et l'impréparation du Gouvernement dans sa réponse à cette seconde vague. Il était indispensable d'assurer la continuité pédagogique durant le confinement, afin de n'aggraver ou de ne créer aucune inégalité.

Malheureusement, les récents appels à la grève, provenant pour beaucoup des collèges, et les nombreux témoignages d'enseignants désemparés traduisent bien un ratage de plus dans votre méthode. Le monde éducatif déplore des directives inadaptées, et surtout un total manque de temps pour les mettre en œuvre. Les chefs d'établissements comme les collectivités n'ont eu parfois que vingt-quatre heures avant la rentrée des vacances de la Toussaint pour se conformer aux nouveaux protocoles sanitaires. Les mesures de distanciation ou le suivi des règles d'hygiène sont difficiles, voire impossibles à appliquer. La présence en alternance des élèves, évoquée pour le lycée, n'est pas envisagée au collège, où pourtant le brassage des élèves est tout aussi important, et les enfants tout aussi contagieux.

Le risque de devoir fermer des classes et de devoir renvoyer les élèves chez eux est réel. In fine, ce sont eux, et particulièrement les plus défavorisés, qui pâtissent de vos décisions. Dans les quartiers et les zones rurales qui n'offrent pas d'activités périscolaires ou qui manquent de moyens numériques, cela ne fera que creuser les inégalités.

À l'impossible nul n'est tenu, monsieur le ministre. Pour assurer cette continuité pédagogique, le recrutement de personnels supplémentaires et de remplacement apparaît comme une évidence, afin de restaurer la confiance entre votre gouvernement et la communauté éducative, et d'éviter ainsi à celle-ci l'épuisement que connaissent actuellement nos équipes soignantes. Pourtant, vous ne l'avez pas envisagé, contrairement à ce qu'ont décidé les collectivités locales, qui une fois de plus sont le dernier rempart face aux défaillances de l'État. Monsieur le ministre, faudra-t-il une troisième vague pour que ce Gouvernement mette enfin en œuvre la concertation que la communauté éducative et les élus attendent ? (Applaudissements sur les travées du groupe SER.)


Réponse du Ministère de l'éducation nationale, de la jeunesse et des sports publiée le 13/11/2020

Réponse apportée en séance publique le 12/11/2020

M. le président. La parole est à M. le ministre de l'éducation nationale, de la jeunesse et des sports.

M. Jean-Michel Blanquer, ministre de l'éducation nationale, de la jeunesse et des sports. Monsieur le sénateur, dans toute la traversée de cette crise sanitaire, il est assez aisé d'insister sur les inconvénients, alors même que, par définition, les inconvénients font partie de nos vies quotidiennes. A contrario, comparer les faits à l'échelle européenne, ou même à l'échelle mondiale, me semble une démarche plus intéressante.

Je le répète : nous avons réussi à rescolariser tous les élèves. (Protestations sur les travées des groupes SER et CRCE.) Les statistiques sur le décrochage en 2020 sont même positives et présentent une amélioration par rapport à 2019. Le service public de l'éducation nationale a tenu. Avec de telles critiques, vous pensez attaquer le ministre ; en réalité, c'est la maison dans son ensemble qui doit être remerciée de ce qui a été accompli depuis six mois. (Protestations sur les travées du groupe SER.) Oui ! Comparez avec les autres pays, voyez ce qui se passe ! On me cite parfois des pays qui recrutent ; je ne les nommerai pas pour des raisons diplomatiques, mais la situation y est bien plus mauvaise qu'en France ! Comparez donc ! Au-delà des deux minutes dont je dispose, nous pourrons en discuter. (Exclamations sur les travées du groupe SER.)

Vous prenez la grève comme un signe de désapprobation. J'ai déjà cité le chiffre de la participation : 8,38 %. En aucun cas vous ne pouvez dire que cette désapprobation est massive, parce que les professeurs de notre pays comprennent bien la situation, et je veux les en remercier. Ils sont dévoués, ils sont engagés et ils comprennent que la scolarisation est vitale pour le pays et pour les enfants. C'est bien ce qui se passe actuellement.

Nous avons réalisé les assouplissements nécessaires, comme au lycée. Au collège, nous sommes capables, parfois au cas par cas, d'appliquer une approche différenciée. Nous accordons beaucoup d'autonomie aux établissements, pour leur permettre de tenir compte de la situation. La coopération avec les collectivités locales est complète. Il ne sert à rien de dire que, d'un côté, les collectivités locales agiraient parfaitement et, d'un autre côté, que l'éducation nationale serait défaillante. Les choses sont plus complexes, et heureusement plus positives et plus constructives.

L'éducation nationale recrute. Nous avons ouvert tout récemment des recrutements d'assistants d'éducation. Comme des personnes vulnérables ne peuvent se rendre à l'école, de nouveaux supports seront créés. Nous avons créé 1 800 postes en cette rentrée, à l'école primaire, alors même qu'il y a moins d'élèves. Oui, nous engageons des moyens supplémentaires, cela se voit aussi dans le budget pour l'année prochaine. Puisque vous avez soutenu d'autres gouvernements dans le passé, je vous rappelle un chiffre : 6 milliards d'euros d'augmentation budgétaire pour l'éducation sous ce quinquennat, contre 2 milliards d'euros sous le quinquennat précédent. Faites la comparaison ! (Applaudissements sur les travées du groupe RDPI.)

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