Question de M. DÉTRAIGNE Yves (Marne - UC) publiée le 05/11/2020

M. Yves Détraigne souhaite appeler l'attention de M. le ministre des solidarités et de la santé sur la position officielle du collège national des gynécologues et obstétriciens (CNGOF) quant au port du masque « souhaitable » pendant l'accouchement et les efforts expulsifs, prise le 1er octobre 2020.

Alors que quelques jours auparavant, les spécialistes indiquaient qu'il ne fallait pas recommander le port du masque pour les patientes n'étant pas Covid+ ou ne présentant pas de symptômes évocateurs, celui-ci serait désormais « souhaitable » mais ne pourrait pas être imposé à la femme qui accouche. Pourtant la plupart des maternités demandent le port du masque pour accoucher afin de limiter la propagation du virus.

Si la priorité est de protéger le personnel, les témoignages de femmes ayant mal supporté leur accouchement masqué se multiplient. Le collectif « stop aux violences obstétricales et gynécologiques » indique en avoir recueilli plus d'un millier après un appel lancé sur les réseaux sociaux et considère que ce sont des violences obstétricales faites aux femmes.

Selon le collectif et les témoignages réunis, porter le masque peut être source de complications médicales ou psychologiques : problème de respiration, d'essoufflement, gêne pour pousser ou sentiment d'un moment gâché voire de dépression post-partum.

L'organisation mondiale de la santé précisant qu'il ne faut pas porter le masque quand on fait son footing ou alors pendant les cours d'éducation physique et sportive, il semblerait que ce soit bien un non-sens de l'imposer pendant un accouchement alors que l'effort physique est comparable à celui d'un marathon.

Par conséquent, il lui demande de bien vouloir, une fois pour toutes, bannir les masques lors de l'accouchement et le travail chez les patientes et de s'assurer de l'application de cette règle sur l'ensemble du territoire.

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Réponse du Ministère des solidarités et de la santé publiée le 03/12/2020

La circulation active du virus sur le territoire national est associée à une augmentation du nombre de porteurs symptomatiques et asymptomatiques. Dans ce contexte, le Haut conseil de la santé Publique (HCSP) a émis des recommandations concernant les mesures de prévention de la transmission du SARS-CoV2 durant l'accouchement en période de forte circulation virale. Dans son avis du 12 novembre 2020, qui prend notamment en compte la position du Collège national des gynécologues et obstétriciens français (CNGOF) ainsi qu'une synthèse des recommandations internationales, le HCSP a établi que lors de l'accouchement, et notamment lors de la phase d'expulsion, le risque d'émission d'aérosols n'est pas clairement tranché par la littérature scientifique et ne fait pas consensus. Il reste néanmoins possible. Aussi, en période de forte circulation virale, le HCSP considère, par précaution, que lors des efforts expulsifs avec hyperventilation, un double masquage avec le port d'un masque à usage médical (par le (s) professionnel (s) et la femme qui accouche, présentant ou non des symptômes du Covid-19) est recommandé. Cependant, sur la base des témoignages de femmes recueillis, il apparaît que le port du masque pendant l'accouchement peut être vécu différemment voire mal toléré par la femme enceinte. C'est pourquoi le HCSP recommande que le port du masque par la femme qui accouche ne doit pas être rendu obligatoire et doit tenir compte du souhait de la femme enceinte et de sa tolérance au port du masque. De plus, il n'est pas recommandé de porter un masque de type FFP2 pour une femme qui accouche. La réalisation d'un test par RT-PCR, RT-LAMP ou encore antigénique est vivement recommandé pour faciliter la connaissance du statut infectieux de la femme parturiente et permettre d'adapter les mesures de protection. Afin que ces recommandations soient mises en œuvre dans les établissements hospitaliers, une instruction ministérielle leur a été adressée dès la réception de cet avis, le 12 novembre 2020.

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