Question de M. FÉRAUD Rémi (Paris - SER) publiée le 19/11/2020

M. Rémi Féraud appelle l'attention de M. le ministre de l'éducation nationale, de la jeunesse et des sports sur le projet de réforme du certificat d'aptitude au professorat de l'enseignement du second degré (CAPES) de lettres qui supprimerait toute vérification des acquis des candidats en matière d'histoire de la langue.

À l'écrit comme à l'oral, la refonte évince la langue française du Moyen Âge, amputant le concours de l'approche historique de la langue et la faisant disparaitre, par conséquent, des enseignements préparatoires dans les instituts nationaux supérieurs du professorat et de l'éducation (INSPE).
Les syndicats d'enseignants alertent des conséquences de la disparition à l'oral de l'épreuve d'explication de texte associée à une question de grammaire, au profit d'un entretien de motivation : les méthodes et les savoirs disciplinaires, en langue et littérature françaises à l'écrit comme à l'oral, semblent ainsi sacrifiés.

Ces évolutions sont surprenantes, à l'heure où le ministère de l'éducation nationale affiche une volonté de recentrage des programmes scolaires sur les apprentissages fondamentaux et où il réintroduit la grammaire dans le programme des lycées comme dans les épreuves écrites du baccalauréat de français.

Il aimerait, sur ce point, avoir plus de précisions sur l'avancée de cette réforme et connaître les possibilités de la faire évoluer pour préserver l'histoire de la langue française et de la littérature médiévale dans les connaissances requises pour le concours de CAPES de lettres.

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Réponse du Ministère de l'éducation nationale, de la jeunesse et des sports publiée le 22/07/2021

La connaissance de la langue et de son histoire constitue naturellement le bagage fondamental de tout professeur de lettres. Cette connaissance indispensable qui trouve sa place dans la formation dispensée par l'université aux futurs enseignants est sanctionnée par le diplôme du master exigé dans le cadre du recrutement des futurs professeurs. Il est attendu que les candidats qui se présentent aux concours de recrutement maîtrisent bien tous les aspects de la discipline qu'ils s'apprêtent à enseigner. Pour s'en assurer, le CAPES de lettres défini dans l'arrêté du 25 janvier 2021 fixant les modalités d'organisation des concours du certificat d'aptitude au professorat du second degré se compose de deux épreuves écrites d'admissibilité et de deux épreuves orales d'admission. La première épreuve écrite consiste en une dissertation ; la seconde propose l'étude de deux textes littéraires appartenant à deux siècles différents, de la Renaissance à nos jours. Sur la base de ce corpus sont traitées une ou plusieurs notions grammaticales préalablement à une étude stylistique qui donne ensuite lieu à un traitement didactique dans le cadre d'une séquence pédagogique ; cette épreuve garantit donc la solidité des connaissances disciplinaires du candidat en ce qui concerne l'histoire de la langue mais également son aptitude à les transmettre. Les deux épreuves orales proposent une leçon qui doit permettre d'apprécier la maîtrise disciplinaire et pédagogique du candidat puis une épreuve d'entretien qui n'est pas un simple entretien de motivation. En effet, si le concours de recrutement a pour objectif de sélectionner les candidats disposant des connaissances et compétences les plus solides, il doit également identifier des professeurs qui connaissent le système éducatif dans lequel ils s'engagent, adhèrent à ses valeurs et sont prêts à les défendre. Cette seconde épreuve vise donc à apprécier la capacité du candidat à se projeter dans le métier de professeur, à développer une réflexion personnelle et à s'intégrer dans le collectif de l'établissement. Elle doit également permettre d'apprécier l'aptitude du candidat à se situer dans le système éducatif dans ses différentes dimensions, par rapport aux valeurs et exigences du service public et de la République (droits et obligations des fonctionnaires, laïcité, neutralité, lutte contre les discriminations et les stéréotypes de tout ordre, promotion de l'égalité entre les filles et les garçons, les femmes et les hommes…). Le métier d'enseignant est exigeant, les compétences attendues sont toujours plus nombreuses et ambitieuses. Si la maîtrise des disciplines constitue bien une condition nécessaire à l'enseignement, elle ne saurait, à l'heure de l'école inclusive, du numérique et de la défense des valeurs de la République, demeurer la condition suffisante.

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