Question de M. BENARROCHE Guy (Bouches-du-Rhône - GEST) publiée le 17/12/2020

Question posée en séance publique le 16/12/2020

M. le président. La parole est à M. Guy Benarroche, pour le groupe Écologiste – Solidarité et Territoires. (Applaudissements sur les travées du groupe GEST.)

M. Guy Benarroche. Ma question s'adresse à Mme la ministre de la culture et concerne le maintien de la fermeture des lieux culturels.

Madame la ministre, nous regrettons, d'abord, le manque de concertation avec les acteurs de la culture, y compris avec les collectivités locales, qui, comme nous, ont découvert ces mesures lors de l'allocution du Premier ministre, la semaine dernière.

De plus, la transparence du processus décisionnel est plus que légère : annonces du Premier ministre le jeudi 10, suivies des recommandations du conseil scientifique le 12, puis de nouvelles annonces par le Premier ministre le 14, fondées sur ces recommandations, concernant, notamment, la présence des élèves en classe et l'autoconfinement.

L'incertitude est ce qui pèse le plus sur les acteurs culturels. La CGT Spectacle appelle d'ailleurs à renforcer la commande publique culturelle dès maintenant, pour offrir aux professionnels une visibilité dont ils manquent cruellement aujourd'hui.

La justification sanitaire paraît incompréhensible pour beaucoup, comme l'ont montré les manifestations qui se sont déroulées hier, et le monde de la culture ressent comme une injustice ces fermetures. Comment accepter de maintenir fermées les petites salles quand on voit les foules dans les grands magasins ou dans les transports ? Voulons-nous une société qui garde la galerie marchande du Carrousel du Louvre ouverte, mais le musée fermé ?

M. François Patriat. Irresponsable !

M. Guy Benarroche. Pourquoi avoir fait le choix, dans le cadre de protocoles sanitaires nécessaires et stricts, d'une consommation uniquement matérielle, plutôt que de permettre une consommation culturelle, puisqu'il semble que seule la consommation puisse s'affranchir des fermetures sanitaires ? Le critère pertinent n'est-il que le montant des sommes dépensées ?

Théâtre, musée ou salles de concert favorisent pourtant un vivre ensemble qui resserre nos liens et répare les dégâts de l'isolement. La mise en balance des lieux pouvant ouvrir semble bien trop pencher vers les seuls commerces.

Aussi, si le besoin de restreindre le brassage et la circulation des populations s'entend, le groupe Écologiste – Solidarité et Territoires souhaite savoir pourquoi vous n'envisagez pas d'opérer un rééquilibrage dans les décisions d'ouverture en faveur des lieux culturels, avec des protocoles sanitaires adaptés. (Applaudissements sur les travées du groupe GEST et sur des travées du groupe SER.)


Réponse du Ministère de la culture publiée le 17/12/2020

Réponse apportée en séance publique le 16/12/2020

M. le président. La parole est à Mme la ministre de la culture.

Mme Roselyne Bachelot, ministre de la culture. Monsieur le sénateur, vous avez raison : il y a une aspiration à la visibilité dans cette pandémie. Toutefois, cette visibilité ne nous est pas acquise.

Il n'y a pas si longtemps, nous partions de 50 000 contaminations par jour et nous avions espéré atteindre 5 000 cas pour permettre la réouverture des lieux de culture. On l'a un peu oublié, mais le ministre de la santé, qui vient de démontrer qu'il est un homme de culture, vous l'expliquerait mieux que moi.

Or nous enregistrons aujourd'hui un plateau à 12 000 cas, après être restés une semaine à 15 000 cas. Raisonnablement, le ministre de la santé et le Premier ministre ont indiqué que la réouverture n'était pas encore possible…

M. François Bonhomme. Vous nous rassurez !

Mme Roselyne Bachelot, ministre. … et qu'elle devait donc être retardée.

Cette visibilité, que demande à juste titre le monde de la culture, nous allons l'atteindre, nous y travaillons, parce que nous devons bâtir, avec les professionnels de la culture, un modèle résilient qui puisse s'adapter aux à-coups de la pandémie. Ces rebonds se reproduiront, c'est inévitable : les conditions climatiques, l'influence des pays étrangers et la façon dont ceux-ci traitent cette pandémie sont en cause.

Nous bâtissons donc, avec les professionnels de la culture, ce modèle résilient qui nous permettra d'envisager une réouverture durable. (Applaudissements sur les travées du groupe RDPI.)

- page 11954

Page mise à jour le