Question de M. ALLIZARD Pascal (Calvados - Les Républicains) publiée le 24/12/2020

M. Pascal Allizard attire l'attention de M. le ministre des solidarités et de la santé à propos des effets psychologiques et mentaux de la crise sanitaire.
Il rappelle que l'impact de la pandémie et du confinement sur la santé mentale inquiète médecins et scientifiques.
En novembre 2020, la dépression touchait presque 21 % de la population, deux fois plus que fin septembre selon une enquête nationale. La proportion est encore plus grande parmi les plus fragilisées par la crise sanitaire, à cause d'une situation financière difficile, de la promiscuité, de l'inactivité ou d'antécédents de troubles psychologiques.
Une autre étude récemment publiée par l'agence du médicament et l'assurance maladie indiquait une augmentation de la consommation de tranquillisants et de somnifères. Il y a quelques semaines, des professionnels ont alerté sur une augmentation du nombre de tentatives de suicides des adolescents.
Par conséquent, face à la multiplication des risques psychologiques et mentaux, il souhaite savoir comment le Gouvernement entend prendre en compte cette situation exceptionnelle et quels moyens seront mis en œuvre.

- page 6180


Réponse du Ministère des solidarités et de la santé publiée le 15/07/2021

La crise sanitaire et ses vagues successives sont particulièrement éprouvantes pour la santé mentale de la population. Leur impact est notamment plus marqué chez certains professionnels, chômeurs et personnes isolées, ainsi que chez les jeunes, dont les étudiants. Le Gouvernement suit de près l'état de santé mentale de la population : par des études régulières menées par Santé publique France (CoviPrev), la direction de la recherche, des études, de l'évaluation et des statistiques (EpiCov) et de nombreux chercheurs ; par un tableau de bord hebdomadaire transmis par Santé publique France analysant des indicateurs de santé mentale (ciblant notamment les plus jeunes) issus des services d'urgence ; par le lancement de la première enquête pérenne sur la santé mentale des enfants de 3 à 11 ans, pour lesquels il n'existe pas de donnée jusqu'à maintenant. Un dispositif national d'écoute médico-psychologique a été déployé dès le mois de mars 2020, via un numéro vert, disponible 24h/24 et 7j/7. Ce dispositif d'écoute et de prise en charge des appelants présentant des signes de souffrance psychique a été mis en place en collaboration avec quatre associations nationales (Croix Rouge écoute, Sida Info Service, SOS Amitiés et SOS Crise) et le réseau national des cellules d'urgence médico-psychologique. Par ailleurs, de nombreuses autres plateformes d'écoute ont été recensées dans les régions. Outre ces lignes d'écoute téléphonique, de multiples ressources sont disponibles en ligne, comme la page « Santé mentale et COVID » du site Internet de Santé publique France, ou encore le site du Psycom, organisme public d'information en santé mentale. Une campagne nationale d'information grand public a été lancée en avril 2021 afin de favoriser le repérage des principaux symptômes anxieux et dépressifs, ainsi que des problèmes de sommeil, et rappeler à chacun qu'il n'est pas besoin d'être malade de la Covid-19 pour se sentir mal, et qu'il est important de pouvoir en parler, notamment avec des professionnels. La campagne comprend des spots radio et TV, ainsi qu'un volet digital afin de toucher les plus jeunes. Afin de piloter l'offre de soins en psychiatrie, une cellule de crise dédiée « Covid-Psychiatrie » s'est mise en place dès le 16 mars 2020, avec une attention particulière apportée au maintien de l'offre en santé mentale, incluant les patients souffrant d'addictions. Cette cellule est toujours active et suit de près l'évolution des capacités des services, ainsi que la vaccination des personnes vivant avec des troubles psychiques, qui sont plus à risque de développer des formes graves de Covid-19. Le Ségur de la santé a permis l'adoption de mesures fortes en faveur des personnes ayant des troubles psychiques, telles que le renforcement des équipes mobiles psychiatrie précarité (EMPP), des cellules d'urgence médicopsychologiques et de l'offre de soutien psychologique des centres médico-psychologiques avec le recrutement de 160 psychologues supplémentaires. L'accès à des consultations de psychologues en ambulatoire dans les maisons de santé pluri-professionnelles (avec prise en charge par l'assurance maladie) est en cours d'organisation et des travaux ont commencé pour la création d'un numéro national de prévention du suicide, disponible 24h/24 et 7j/7, qui sera mis en place prochainement. Des mesures spécifiques sont prévues pour améliorer la santé mentale des enfants et des jeunes : le président de la République a ainsi annoncé le 15 avril 2021 le lancement d'un « forfait 100% psychologues pour les enfant » à partir de la fin du mois de mai pendant six mois, pour permettre aux mineurs en souffrance psychique de bénéficier sans frais de dix séances chez un psychologue, sur prescription médicale. Le ministère chargé de l'enseignement supérieur a déjà mis en place le « chèque psy » pour les étudiants. Enfin, des Assises de la santé mentale et de la psychiatrie sont prévues à la rentrée, avec un volet dédié à l'enfance et à la pédopsychiatrie et l'objectif de permettre à l'ensemble des acteurs, dont la société civile, d'exprimer leurs préoccupations et leurs attentes dans ces champs et de pouvoir y apporter des réponses structurelles.

- page 4439

Page mise à jour le