Question de M. HUGONET Jean-Raymond (Essonne - Les Républicains) publiée le 21/01/2021

M. Jean-Raymond Hugonet attire l'attention de M. le ministre de l'intérieur sur l'insécurité galopante dans l'Essonne, comme dans de nombreuses communes de France.
La nuit de dimanche à lundi 11 janvier 2020 a été agitée à Saintry-sur-Seine. Appelés vers minuit pour un feu de voiture près de la mairie, les pompiers ont dû éteindre un incendie ayant touché quatre véhicules, dont deux appartenant à des agents municipaux.
À l'occasion, ils ont également découvert de très nombreux tags sur les murs de la mairie et ceux de l'école du Parc. Les insultes taguées visent le maire, nouvellement élu en 2020.
Au Coudray-Montceaux, les véhicules de la maire ont été vandalisés à plusieurs reprises depuis la rentrée. Plus récemment, des insultes contre le maire ont été taguées sur des panneaux municipaux et arrêts de bus.
Ces faits de plus en plus fréquents ne sont pas des « incivilités », mais des crimes ou des délits graves pour lesquels la réponse de l'État est visiblement absente. La montée de la violence pourrait être endiguée par une réelle volonté politique, en donnant aux forces de l'ordre les moyens d'agir sans être obligées de se justifier, en faisant en sorte que la justice prononce des peines dissuasives et qu'elles soient appliquées.
Assurer la sécurité des citoyens est un des devoirs premiers de l'État. Pourtant, depuis de trop longues années, on constate le recul permanent des pouvoirs publics dans des zones de plus en plus nombreuses et vastes. La sécurité des Français n'est donc plus assurée dans de nombreux endroits.
Il lui demande donc de détailler les mesures qu'il compte prendre pour renforcer la sécurité en Île-de-France et plus particulièrement en Essonne.

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Réponse du Ministère auprès du ministre de l'intérieur - Citoyenneté publiée le 10/03/2021

Réponse apportée en séance publique le 09/03/2021

Mme le président. La parole est à M. Jean-Raymond Hugonet, auteur de la question n° 1467, adressée à M. le ministre de l'intérieur.

M. Jean-Raymond Hugonet. Madame la ministre, dans la nuit du 11 janvier 2021, les pompiers sont appelés à Saintry-sur-Seine pour éteindre un incendie ayant touché quatre véhicules, dont deux appartenant à des agents municipaux.

À cette occasion, ils découvrent de très nombreux tags sur les murs de la mairie et ceux de l'école du Parc. Les insultes et menaces de mort taguées visent directement le maire, Patrick Rauscher, nouvellement élu en 2020.

En novembre 2020, c'était Aurélie Gros, maire du Coudray-Montceaux, et Baptiste Ollivon, l'un de ses adjoints, qui étaient pris pour cibles avec, là encore, des tags d'insultes sur des panneaux municipaux et des arrêts de bus ainsi que des dégradations de véhicules. Bien d'autres encore, comme, dernièrement, les élus de Corbeil-Essonnes, ont été la cible de telles attaques.

L'autorité est contestée, voir combattue. La démocratie est remise en cause. Le Gouvernement, auquel vous appartenez, madame la ministre, emploie couramment, pour qualifier ces actes, le terme d'« incivilités ».

« Mal nommer les choses, c'est ajouter au malheur du monde », disait Albert Camus. Ce malheur pour nous en Essonne, aujourd'hui, c'est l'incroyable message de faiblesse que vous adressez aux fauteurs de troubles. Il est grand temps de prouver à ceux qui commettent ces actes qu'ils seront poursuivis sans relâche et qu'ils seront condamnés comme il se doit.

Avec le dernier avatar de Mme la Défenseure des droits, les « zones officielles de non-contrôles d'identité », nous touchons le fond ; une telle déconnexion de la réalité est criminelle.

Madame la ministre, à l'instar de ceux de la justice, les effectifs de police et de gendarmerie sont notoirement insuffisants en Essonne pour faire face à la montée de la violence.

Qu'envisagez-vous sérieusement de faire, au-delà de simples renforts ponctuels qui ne règlent les choses que jusqu'à ce que les caméras se détournent ?

Mme le président. La parole est à Mme la ministre déléguée.

Mme Marlène Schiappa, ministre déléguée auprès du ministre de l'intérieur, chargée de la citoyenneté. Monsieur le sénateur Hugonet, je tiens tout d'abord à rappeler que le Gouvernement est tout à fait opposé à la proposition de Mme la Défenseure des droits, qui n'a parlé qu'en son nom propre. Bien évidemment, aucun de nous ne soutient l'idée selon laquelle il y a des endroits dans lesquels il faudrait laisser faire et cesser tout contrôle. Je vous rejoins donc pleinement sur ce sujet.

Dans votre département, près de 3 000 policiers et gendarmes assurent la sécurité publique au quotidien. Leur mobilisation a permis de faire reculer, en 2020, les violences aux personnes de 3,7 % en zone police, les atteintes aux biens de 10,5 % en zone police et de 18,6 % en zone gendarmerie.

Certes, tout n'est pas parfait et ces chiffres ne sauraient traduire toute la réalité des problématiques auxquelles l'Essonne est confrontée. Je sais également que les attentes de la population et de ses élus sont fortes, mais je veux vous dire que l'État mobilise les moyens pour répondre à ces attentes et à ces violences.

Le phénomène des bandes et des rixes entre jeunes soulève des questions d'autorité, d'éducation et exige, vous avez tout à fait raison, une réponse ferme de l'État et du système judiciaire. Le ministère de l'intérieur a adressé, le 26 février dernier, des instructions précises en ce sens au préfet de police et aux préfets de département pour réactiver le plan de lutte contre les bandes et engager diverses initiatives avec tous les acteurs concernés, notamment le ministère de la justice.

La direction départementale de la sécurité publique et le groupement de gendarmerie de l'Essonne sont déjà très impliqués dans cette action, notamment avec des référents bandes dans chaque service. Le sujet est également pris en compte dans les groupes de partenariat opérationnel du département. La police nationale s'investit également dans la prévention et le contact avec les jeunes publics. La gendarmerie a, quant à elle, mis en œuvre une maison de protection des familles.

Face à la délinquance, nos efforts doivent s'intensifier, monsieur le sénateur. Le Beauvau de la sécurité, voulu par le Président de la République, récemment lancé et auxquels participent les sénateurs Leroy et Durain, nous permettra d'identifier de nouveaux moyens à donner, à très court terme, aux policiers et aux gendarmes pour agir efficacement. Dans les prochaines semaines, la généralisation des caméras-piétons annoncée par le Président de la République constituera une réelle plus-value au travail des forces de l'ordre.

La création, cette année, de sept nouveaux quartiers de reconquête républicaine disposant de moyens supplémentaires, permettra d'intensifier notre action contre les stupéfiants et contre les bandes dans l'ensemble de ces secteurs.

Mme le président. La parole est à M. Jean-Raymond Hugonet, pour la réplique.

M. Jean-Raymond Hugonet. Madame la ministre, je salue le fait que, à l'instar du Premier ministre devant ces mêmes travées, vous ayez dit votre opposition à la proposition de Mme la Défenseure des droits. Je vous remercie de saluer les résultats des forces de police et de gendarmerie en Essonne. Je leur rends hommage, elles qui travaillent dans des conditions difficiles.

Permettez-moi de vous dire, en responsabilité, sans contester votre action, que notre département est le parent pauvre de la région Île-de-France en termes d'effectifs rapportés à la population. C'est patent et, en 1989, sur ces mêmes travées, le sénateur Robert Vizet demandait déjà un tel renforcement !

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