Question de M. ROJOUAN Bruno (Allier - Les Républicains-R) publiée le 14/01/2021

Question posée en séance publique le 13/01/2021

M. le président. La parole est à M. Bruno Rojouan, pour le groupe Les Républicains. (Applaudissements sur les travées du groupe Les Républicains et sur des travées du groupe UC.)

M. Bruno Rojouan. Ma question s'adresse à M. le ministre de l'intérieur.

Nos campagnes sont de moins en moins paisibles. La ruralité n'est pas moins touchée que les zones urbaines par la violence. Lors de l'année écoulée, selon les propres chiffres du ministère de l'intérieur, les violences ont augmenté de 8 % dans les zones rurales et périurbaines quand elles diminuaient de 5 % dans les zones urbaines dans le même temps.

Le constat est sans appel. Coups et blessures : +10 % ; séquestrations : +15 % ; règlements de comptes et homicides : +15 % ; viols : +18 %. On assiste dans les zones rurales ou semi-rurales à une véritable radicalisation des comportements, que l'on voyait auparavant le plus souvent en zone urbaine.

Illustration dramatique de cette dégradation, le 23 décembre dernier, trois gendarmes venus porter secours à une femme victime de violences conjugales ont été abattus dans un petit hameau du Puy-de-Dôme, département voisin du mien. Je tiens ici à rendre hommage à leur courage et à leur dévouement.

Monsieur le ministre, votre majorité ne peut ignorer cette nouvelle géographie de la délinquance, extrêmement inquiétante. Cet échec n'est pas seulement celui de l'ancien monde ; c'est aussi le vôtre ! Vous êtes en responsabilité. Vous avez le devoir d'entendre la détresse de nos concitoyens et des élus des territoires ruraux.

Il y a urgence ! L'heure n'est plus aux discours ou à d'hypothétiques expérimentations. Les Français attendent des actes concrets, et rapidement.

Quelle analyse faites-vous de cette nouvelle délinquance qui gangrène nos territoires ruraux ? Et que comptez-vous faire pour la combattre ? (Applaudissements sur les travées du groupe Les Républicains et sur des travées du groupe UC.)


Réponse du Ministère de l'intérieur publiée le 14/01/2021

Réponse apportée en séance publique le 13/01/2021

M. le président. La parole est à M. le ministre.

M. Gérald Darmanin, ministre de l'intérieur. Monsieur le sénateur, je partage évidemment votre émotion à l'évocation des trois gendarmes morts pendant ces fêtes de Noël. J'ai bien entendu exprimé, au nom du Gouvernement et de la Nation, ma tristesse devant un tel drame et devant les grandes difficultés que connaissent les policiers et les gendarmes, qui ont perdu onze des leurs l'année dernière.

Toutefois, votre lecture n'est pas tout à fait celle du ministère de l'intérieur. Tout d'abord, zone de gendarmerie ne veut pas nécessairement dire zone rurale. La gendarmerie protège 51 % de la population française, certes sur 95 % du territoire, mais 70 % des statistiques que vous évoquez relèvent de zones urbaines. Les chiffres du ministère de l'intérieur, qui seront publiés le 20 janvier prochain, le montreront.

La délinquance croît certes de façon très importante, et plus en zone de gendarmerie qu'en zone de police, comme vous l'avez souligné, mais cela ne signifie pas pour autant qu'elle a plus augmenté dans les zones rurales que dans les zones urbaines. Les violences conjugales et intrafamiliales expliquent pour une large part ces augmentations, quelles que soient les zones, ainsi que les refus d'obtempérer et les délits routiers.

On relève un refus d'obtempérer toutes les vingt minutes en zone de gendarmerie, un toutes les trente minutes en zone de police. Plus de la moitié des morts en service l'an dernier parmi les forces du ministère de l'intérieur sont dues à des refus d'obtempérer. Quant aux séquestrations que vous avez mentionnées, elles sont souvent liées au premier point que j'ai évoqué.

On relève en revanche, notamment en zone de gendarmerie, de très bons chiffres concernant les cambriolages, qui diminuent de 40 % alors qu'il s'agissait des délits les plus importants il y a encore deux ans. À cet égard, je remercie les gendarmes, qui font un travail courageux. De même, les faits attentatoires au monde agricole diminuent sur une grande partie du territoire national, même si leur nombre reste élevé.

Bien sûr, nous devons continuer de travailler, et vous avez raison de souligner la particularité de l'année 2020, le confinement et le couvre-feu ayant contribué à diluer les statistiques, en zone urbaine comme en zone rurale.

Mais n'ayez aucun doute, monsieur le sénateur : le travail continu de lutte contre la délinquance que nous menons et l'activité de l'autorité judiciaire, sous l'autorité du garde des sceaux, permettront d'apporter des réponses à vos questions. (Applaudissements sur des travées du groupe RDPI.)

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