Question de M. SOMON Laurent (Somme - Les Républicains) publiée le 04/02/2021

Question posée en séance publique le 03/02/2021

M. le président. La parole est à M. Laurent Somon, pour le groupe Les Républicains. (Applaudissements sur les travées du groupe Les Républicains.)

M. Laurent Somon. Madame la secrétaire d'État, répétition est source de pédagogie !

Chaque année ordinaire revient l'annonce des moyens en postes dont disposera chaque académie pour l'enseignement primaire et secondaire, à l'appréciation des inspecteurs d'académie, qui proposent, avant même la réunion des instances départementales, projets d'ouvertures et de fermetures qui alors mobilisent parents et élus mis devant le fait accompli. Mais la rentrée que nous venons de vivre et celle que nous allons connaître ne sont pas ordinaires, avec la crise pandémique qui se prolonge.

Pensez-vous qu'il soit opportun, dans cette période où élus et personnels de l'éducation mettent en place des protocoles sanitaires exigeants en termes d'organisation et de soutien, de fermer des classes à disposition des élèves, tant dans le primaire que dans le secondaire ?

Comment interpréter l'absence de concertation entre l'éducation nationale et les élus locaux, pourtant organisée dans certains cas dans des conventions de ruralité qui ne remplissent aucune de leurs clauses ? Dans la Somme, les instances prévues par cette convention ne se sont jamais réunies depuis la signature de celle-ci en novembre 2018.

Le 27 mars 2020, le ministre annonçait au journal télévisé de 13 heures : « On ne fera pas une seule fermeture de classe en zone rurale sans l'accord du maire. » Les manifestations des élus locaux dans la Somme, comme dans le Puy-de-Dôme aujourd'hui, confirment la déception des élus quant à la considération réelle qui leur est accordée, réduite à la responsabilité de l'organisation matérielle, en oubliant projets de territoire et éducatifs.

En novembre 2018, j'ai proposé au Président de la République venu à Amiens, sa ville, dans le département de la Somme, qui enregistre un taux d'illettrisme de 11 %, soit 4 points au-dessus de la moyenne nationale, d'étendre à l'ensemble des classes du primaire un dédoublement à titre expérimental – cette proposition n'a reçu aucune réponse. La réponse que vous apportez aujourd'hui ne marque pas la volonté d'écouter les élus ou d'apporter les moyens aux territoires les plus en difficulté ; elle risque même de creuser davantage les écarts. Allez-vous écouter la voix des territoires ? (Applaudissements sur les travées du groupe Les Républicains, ainsi que sur des travées du groupe UC.)


Réponse du Secrétariat d'État auprès du ministre de l'éducation nationale, de la jeunesse et des sports, chargé de l'éducation prioritaire publiée le 04/02/2021

Réponse apportée en séance publique le 03/02/2021

M. le président. La parole est à Mme la secrétaire d'État chargée de l'éducation prioritaire.

Mme Nathalie Elimas, secrétaire d'État auprès du ministre de l'éducation nationale, de la jeunesse et des sports, chargée de l'éducation prioritaire. Monsieur le sénateur Laurent Somon, les choix qui ont été faits depuis le début du quinquennat sont clairs : nous menons une action résolue pour la réussite de l'ensemble de nos élèves. La priorité a été accordée à l'école primaire, en particulier à l'école élémentaire, pour assurer à tous les enfants de France les savoirs fondamentaux que sont lire, écrire, compter et respecter autrui.

Vous m'interpellez sur notre relation avec les élus, notamment en ce qui concerne la fermeture de classes. Je voudrais vous dire que le ministère de l'éducation nationale travaille intensément avec l'ensemble des élus sur tous les territoires. Pour cela, nous avons développé une boucle d'information, et nous organisons régulièrement des visioconférences avec les présidents des différentes associations d'élus – elles sont justement destinées à les tenir informés en amont de ce que nous envisageons et à prendre les décisions ensemble.

En ce qui concerne la ruralité et les moyens que nous lui avons dédiés, je l'ai dit, face à la baisse démographique importante – 65 000 élèves en moins –, 2 600 emplois ont été créés pour un coût de 32,6 millions d'euros. Nous poursuivons nos efforts en termes de dédoublement et de limitation à vingt-quatre élèves par classe, en particulier en grande section.

Des efforts sans précédent nous permettent d'améliorer pour la quatrième année consécutive les taux d'encadrement dans tous les départements et de les renforcer encore plus dans les territoires ruraux. Ces taux sont inédits : il s'agit de déployer d'importants efforts pour une école rurale de qualité.

Rappelons aussi que, dans le cadre du plan de relance, 4 milliards d'euros sont destinés à la rénovation thermique des bâtiments publics. Je pourrais également citer nos efforts pour les internats d'excellence, les cordées de la réussite, le numérique ou encore les territoires numériques éducatifs.

M. le président. Il faut conclure !

Mme Nathalie Elimas, secrétaire d'État. Enfin, Jean-Michel Blanquer et moi-même portons le projet des territoires éducatifs ruraux pour créer sur l'ensemble de nos territoires des alliances éducatives.

M. le président. La parole est à M. Laurent Somon, pour la réplique.

M. Laurent Somon. La formation de base reste l'élément fondamental d'un plan de relance et d'avenir. Sur les 2 500 postes annoncés, 2 300 sont ciblés sur le dédoublement des classes de grande section en zone REP+, oubliant les zones rurales, qui concentrent 70 % des difficultés.

M. Jérôme Bascher. Exactement !

M. Laurent Somon. Comme pour nos entreprises qui sont soutenues à coup de PGE,…

M. le président. Il faut conclure !

M. Laurent Somon. … donnez aux écoles de nos territoires une égalité de chance et suffisamment de PGE, des professeurs garants d'une éducation soutenue, quoiqu'il en coûte, sans réduire les moyens du secondaire au profit du primaire et en tenant compte des circonstances sanitaires et des résultats obtenus. Comme le disait Alain, « c'est presque tout que de savoir lire » ! (Applaudissements sur des travées du groupe Les Républicains.)

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