Question de M. SAURY Hugues (Loiret - Les Républicains) publiée le 11/02/2021

Question posée en séance publique le 10/02/2021

M. le président. La parole est à M. Hugues Saury, pour le groupe Les Républicains. (Applaudissements sur les travées du groupe Les Républicains.)

M. Hugues Saury. Ma question s'adresse à Mme la ministre déléguée auprès du ministre de l'économie, des finances et de la relance, chargée de l'industrie.

L'Agence nationale de la sécurité des systèmes d'information, l'Anssi, a recensé une explosion du nombre de cyberattaques en 2020, puisque celles-ci ont été multipliées par quatre par rapport à 2019.

Dans la majorité des cas, les cybercriminels utilisent des logiciels, afin de crypter les données de leurs victimes, rendant inutilisable tout ou partie de leur architecture informatique. Les pirates monnaient ensuite les données volées contre le paiement d'une rançon.

Particuliers, entreprises, services publics : personne n'est épargné, et les dégâts sont parfois immenses.

Fait remarquable, en 2020, les attaques contre les services publics et les collectivités ont sensiblement augmenté. Les petites et moyennes communes sont particulièrement vulnérables. Toutefois, les grandes le sont aussi, puisque, en mars dernier, le système informatique de la métropole d'Aix-Marseille était infecté par un rançongiciel, qui a crypté près de 90 % de ses données.

Plus inquiétant encore au vu de la situation sanitaire, cette vulnérabilité n'épargne pas nos structures hospitalières, à Albertville, à Narbonne ou encore au CHU de Rouen, qui a été entièrement paralysé pendant plusieurs jours en novembre 2019.

Si, fort heureusement, la santé des patients n'a pas été mise en péril, à l'avenir, des cybercriminels, plus malveillants encore, pourraient tout à fait modifier des données d'analyse médicale ou des dosages, bloquer le fonctionnement d'appareils médicaux ou chirurgicaux, ce qui entraînerait des conséquences dramatiques pour les patients hospitalisés. À l'heure où nos hôpitaux sont surchargés par l'épidémie de covid-19, un tel risque est effrayant.

Madame la ministre, la vulnérabilité cyber de notre pays en fait une proie facile pour les hackers. C'est une menace de tout premier ordre. Que comptez-vous faire pour que nos entreprises et nos services publics puissent se prémunir contre ce risque ?

Au-delà des actions pédagogiques, quels fonds comptez-vous mobiliser pour financer la nécessaire mise à niveau des systèmes de protection informatiques, notamment des services de santé et des collectivités territoriales ? (Applaudissements sur les travées du groupe Les Républicains.)


Réponse du Ministère auprès du ministre de l'économie, des finances et de la relance - Industrie publiée le 11/02/2021

Réponse apportée en séance publique le 10/02/2021

M. le président. La parole est à Mme la ministre déléguée chargée de l'industrie.

Mme Agnès Pannier-Runacher, ministre déléguée auprès du ministre de l'économie, des finances et de la relance, chargée de l'industrie. Monsieur le sénateur, vous avez raison de souligner l'augmentation de la menace cyber, puisque le nombre d'incidents de sécurité déclarés à l'Anssi, notre agence de protection en la matière, extrêmement compétente et réputée au plan international, a été multiplié par quatre.

Comme vous le savez, il existe trois types de menaces : la cybercriminalité, qui consiste à mettre la main sur des données et à demander une rançon, l'espionnage et le sabotage. Ces trois menaces doivent être prises très au sérieux, l'espionnage et le sabotage concernant plutôt les entreprises ou les structures de recherche et développement et les universités.

Avec le ministre de l'intérieur et le secrétaire d'État chargé de la transition numérique, Cédric O, j'ai signé, en 2018, un contrat stratégique de filière avec les industries de sécurité et élaboré, en 2019, un contrat stratégique de filière, notamment pour faire en sorte que notre offre en matière de sécurité cyber soit augmentée.

Nous avons un écosystème de start-up, de grands groupes et d'universités, qui possèdent des briques de réponse face à cette menace. Elles doivent être mises ensemble pour être portées à un niveau mondial.

C'est à la fois un enjeu pour les services numériques, un enjeu industriel et un enjeu pour le ministre de l'intérieur, qui est comptable du suivi de la fraude et des cybercriminels et qui s'investit de plus en plus fortement sur ces sujets. Appuyé par les services du Premier ministre et l'Anssi, il apporte un appui aux collectivités locales et aux structures hospitalières, pour les aider à passer un cap en termes de compétences et de matériel.

Je veux donc vous rassurer : ce sujet est pris très au sérieux. Nous annoncerons la semaine prochaine une feuille de route sur notre stratégie cyber, qui sera financée de manière très importante par le PIA 4, le quatrième programme d'investissements d'avenir.

Je vous laisserai en découvrir les projets principaux la semaine prochaine. C'est un enjeu interministériel sur lequel nous sommes tous mobilisés.

M. le président. La parole est à M. Hugues Saury, pour la réplique.

M. Hugues Saury. Il s'agit effectivement d'un sujet de premier ordre, qui nécessite une réponse rapide et efficace.

Les éléments que vous avez donnés, madame la ministre, ne me rassurent pas complètement. J'espère en obtenir d'autres dans les semaines qui viennent. (Applaudissements sur les travées du groupe Les Républicains.)

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