Question de Mme LIENEMANN Marie-Noëlle (Paris - CRCE-R) publiée le 29/04/2021

Mme Marie-Noëlle Lienemann attire l'attention de M. le ministre des solidarités et de la santé, sur les graves problèmes d'accès aux services d'urgence de nos concitoyens dans le canton de Clamecy (Nièvre).
En effet, le canton de Clamecy a été confronté à plusieurs drames subis dans le Haut-Nivernais et le Val d'Yonne, malgré les premiers secours apportés localement aux victimes par l'ensemble des acteurs d'intervention disponibles.
Trois affaires récentes, dans le courant du mois de mars, illustrent les défaillances structurelles du système d'évacuation sanitaire piloté par la régulation du Service d'aide médicale urgente (SAMU) depuis Dijon.
La première, le 9 mars 2021, une mère de famille de 44 ans, résidant à Ouagne (58), victime d'un anévrisme cérébral, alerte vers 20 heures les secours locaux (sapeurs-pompiers volontaires, médecins urgentistes de la structure mobile d'urgence et de réanimation (SMUR), soignants de l'hôpital de proximité de Clamecy) qui ont fait diligence. Une évacuation aérienne en urgence vers le centre hospitalier universitaire (CHU) de Dijon était indispensable ; elle a été demandée mais les trois hélicoptères couvrant la région durant la nuit ont successivement été déclarés indisponibles, sans plus d'explications. Plusieurs heures après son arrivée à Clamecy, c'est –faute d'autre solution– finalement un transport routier qui est organisé et cette patiente arrivera à 5 heures du matin le 10 mars 2021 au bloc opératoire de Dijon où elle est décédée.
À peu près à la même date, un homme ayant décidé de mettre fin à ses jours a été pris en charge aussi rapidement que possible par les secours locaux ; mais ils ont été contraints d'attendre, en journée cette fois-ci, trop longtemps –plus d'une heure trente– l'hélicoptère ; cette personne est décédée…
Seule une personne est rescapée de cette série. Autour du 16 mars 2021, un homme ayant fait un accident vasculaire cérébral (AVC), qui avait été acheminé aux urgences de Clamecy n'a pu bénéficier lui non plus d'un hélicoptère pourtant nécessaire. Une fois cette annonce faire par la « régulation », il a été transporté par la route dans un véhicule roulant « à tombeau ouvert » jusqu'à l'hôpital d'Auxerre…
Les habitants du canton de Clamecy et du département ne peuvent accepter une telle situation et de tels dysfonctionnements aux conséquences si graves. Tous sont conscients des risques qu'il y a à vivre en milieu rural (espérance de vie moindre pour les ruraux doublée de l'éloignement des centres hospitaliers), mais ils refusent de subir l'incapacité de l'administration à fournir les moyens de transfert dans les meilleurs délais pour les patients lorsque ceux-ci sont déclarés nécessaires au regard des diagnostics, suspectés ou avérés.
Seule une enquête avec expertise médicale permettrait désormais d'établir, de façon claire et lisible pour tous, les dispositions à prendre et les moyens garantissant dans ce département, et en toute circonstance, 24h/24, la meilleure chance de survie à la population. Cette étude devrait évidemment tenir compte de la diversité des territoires. Il devient indispensable d'assurer les élus et les professionnels de l'efficacité de ces prises en charge lourdes et vitales.
Chacun sait que la Nièvre n'est pas un cas isolé et que des situations similaires adviennent dans d'autres territoires ruraux.
Elle lui demande donc quelles dispositions compte prendre le Gouvernement pour faire toute la vérité sur les dysfonctionnements ainsi signalés dans la Nièvre, comment il compte prévenir des situations similaires et éviter qu'elles se reproduisent. Elle demande au Gouvernement de diligenter un bilan-évaluation concernant la qualité des dessertes pour évacuer les patients qui le nécessitent au plus vite vers les structures hospitalières compétentes afin de garantir au mieux leurs conditions de survie, pour tous et partout.

- page 2782

Transmise au Ministère de la santé et de la prévention


La question est caduque

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