Question de M. BRISSON Max (Pyrénées-Atlantiques - Les Républicains) publiée le 20/05/2021

Question posée en séance publique le 19/05/2021

M. le président. La parole est à M. Max Brisson, pour le groupe Les Républicains. (Applaudissements sur les travées du groupe Les Républicains. – M. Jean Hingray applaudit également.)

M. Max Brisson. Madame la ministre de l'enseignement supérieur, Sciences Po Paris, après avoir revendiqué pendant vingt ans une politique de discrimination positive avec des succès d'ailleurs mitigés, assume désormais la disparition du concours.

Cette année, les candidats ont donc postulé via Parcoursup et ont dû joindre des « écrits personnels » à leur candidature. Les centres d'intérêt et l'opinion personnelle des candidats semblent désormais devenus aussi importants que la maîtrise des savoirs académiques, que le concours anonyme permettait de vérifier de manière objective.

Madame la ministre, ma question est simple et courte : que pensez-vous de ce mode de sélection où le subjectif l'emporte sur l'analyse raisonnée des résultats des candidats ? (Applaudissements sur les travées du groupe Les Républicains, ainsi que sur des travées du groupe CRCE. – MM. Alain Richard et François Bonneau applaudissent également.)


Réponse du Ministère de l'enseignement supérieur, de la recherche et de l'innovation publiée le 20/05/2021

Réponse apportée en séance publique le 19/05/2021

M. le président. La parole est à Mme la ministre de l'enseignement supérieur, de la recherche et de l'innovation.

Mme Frédérique Vidal, ministre de l'enseignement supérieur, de la recherche et de l'innovation. Monsieur le sénateur Brisson, vous l'avez rappelé, Sciences Po a choisi depuis des années de recruter de manière extrêmement sélective et qualitative. Ce recrutement permet à tous les jeunes de notre pays qui en ont les capacités de rejoindre cette école. C'est le principe même de la sélection.

Les nouvelles règles d'admission à Sciences Po se déclinent autour de quatre blocs.

Le premier bloc est celui des performances académiques ; le deuxième est celui de la durée des performances, si je puis dire, puisque c'est la trajectoire complète de l'élève qui est examinée ; le troisième repose sur trois épreuves écrites, qui comptent pour un tiers de cette première évaluation, à l'issue de laquelle les jurys d'admission convoquent les étudiants pour des oraux – c'est le quatrième bloc –, au cours desquels ils sont évalués.

Cette année, ce sont plus de 15 000 candidatures que Sciences Po a reçues. C'est deux fois plus qu'avant l'intégration de l'école dans Parcoursup. C'est donc le signe que beaucoup plus de jeunes osent et essaient d'intégrer Sciences Po. De ce point de vue, nous pouvons nous en réjouir.

Enfin, il y a la question du jury, car il existe un jury souverain. Je suis sûre que, comme moi, vous avez vu que plusieurs élèves avaient pu contester les décisions prises par celui-ci. Je me dis que nous vivons dans une drôle de société où certains jeunes veulent, au travers des réseaux sociaux, jeter la suspicion sur une école qu'ils espèrent intégrer.

Je veux réaffirmer devant vous – et je suis certaine que vous serez d'accord avec moi – ma confiance dans l'institution. (Mme Patricia Schillinger applaudit.)

M. le président. La parole est à M. Max Brisson, pour la réplique.

M. Max Brisson. Madame la ministre, j'aurais tellement voulu que vous répondiez à ma question !

Depuis la création de Polytechnique, la République a choisi des concours pour départager les meilleurs. Anonymes, organisés pour tous et dans les mêmes conditions, les concours sont l'essence de la méritocratie républicaine. Pourtant, les voilà contestés : ils pénaliseraient les candidats qui ne sont pas assez scolaires !

Cette petite musique bien-pensante fait dire à Pascal Perrineau que « Sciences Po est en proie à une fascination américano-centrée oublieuse de l'histoire intellectuelle de la maison ». Pour répondre à cette pensée militante, les candidats devront-ils se conformer aux lubies d'une direction plus obnubilée par son image et plus soucieuse de singer un pseudo-modèle américain que de former les élites de la Nation ?

Plus généralement, devront-ils chercher à s'épanouir dans les engagements à la mode pour répondre aux canons d'éphémères pensées dominantes ? Bref, le fait d'être un excellent élève qui passe son temps à étudier les disciplines académiques serait-il devenu un handicap dans notre République ?

Bien entendu, je partage la quête de diversité. Mais je constate que, plus l'on s'éloigne des concours républicains, plus la diversité recule, y compris dans les institutions qui la portent en bandoulière de leur bonne conscience ! (Applaudissements sur les travées des groupes Les Républicains et UC. – M. Alain Richard applaudit également.)

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