Question de M. FERNIQUE Jacques (Bas-Rhin - GEST) publiée le 01/07/2021

Question posée en séance publique le 30/06/2021

M. le président. La parole est à M. Jacques Fernique, pour le groupe Écologiste – Solidarité et Territoires.

M. Jacques Fernique. Madame la ministre, y aura-t-il un avenir, dans notre pays, pour l'industrie automobile ?

Avec autant de destructions d'emplois depuis vingt ans, la question est sérieuse. Dans ma région, je suis particulièrement sollicité par ceux qui en sont victimes ou craignent de l'être demain. Dans le Grand Est, déjà 40 % des emplois offerts chez les constructeurs automobiles et les équipementiers ont disparu depuis 2007. Ce chiffre pourrait encore s'aggraver, puisque l'Observatoire de la métallurgie estime que 100 000 emplois pourraient encore être détruits dans les quinze prochaines années.

Le moteur thermique, à terme, c'est fini ! Des secteurs vont décliner rapidement, sans compensation simultanée par le développement de l'électromobilité.

Ce déclin industriel est-il irrémédiable ? L'emploi doit-il être sacrifié pour l'écologie, pour le climat ? (Exclamations ironiques sur les travées du groupe Les Républicains.) Eh bien, non ! C'est ce que répondent ensemble la CFDT Métallurgie et la Fondation Nicolas Hulot, qui viennent de publier un rapport essentiel sur ce sujet.

M. François Bonhomme. C'est du sérieux !

M. Jacques Fernique. Cette contribution majeure au débat indique un chemin viable sur notre sol national pour une industrie automobile combinant emploi et écologie. Quatre scénarios sont comparés : il en ressort que seule la transition écologique accélérée du secteur automobile permettra de maintenir durablement en France la production et le savoir-faire. Ils en appellent pour cela à des états généraux de l'automobile, afin que le dialogue social, industriel et sociétal puisse converger sur les conditions d'un scénario positif pour l'emploi et le climat : en clair, une stratégie industrielle partagée.

Madame la ministre, j'ai donc deux questions à vous poser. Le Gouvernement est-il résolu à engager cette démarche ? Est-il prêt à défendre l'accélération européenne nécessaire, avec la fin de la vente des véhicules diesel et essence en 2030 et des hybrides en 2035 ? (Applaudissements sur les travées du groupe GEST.)

M. Marc-Philippe Daubresse. Non !


Réponse du Ministère auprès du ministre de l'économie, des finances et de la relance - Industrie publiée le 01/07/2021

Réponse apportée en séance publique le 30/06/2021

M. le président. La parole est à Mme la ministre déléguée chargée de l'industrie.

Mme Agnès Pannier-Runacher, ministre déléguée auprès du ministre de l'économie, des finances et de la relance, chargée de l'industrie. Merci, monsieur le sénateur Fernique, pour ce plaidoyer en faveur de l'industrie automobile, de l'emploi et de la transformation de ce secteur !

Vous avez raison : nous nous trouvons aujourd'hui face à des défis majeurs. Il va falloir mettre nos paroles, nos plaidoyers pour cette industrie, en conformité avec nos actes, avec les décisions que nous prenons à tous les niveaux pour faciliter l'implantation de nouveaux sites industriels et favoriser l'emploi industriel. C'est de cela aussi qu'il est question aujourd'hui ; nous devons tous nous réunir autour de cet objectif. C'est d'ailleurs le sens de certaines simplifications qui ont été votées ici ; je veux à ce propos remercier la représentation nationale d'avoir adopté la loi d'accélération et de simplification de l'action publique (ASAP), qui prévoit des mesures très précises en la matière.

Pour en revenir à votre question, deux enjeux se présentent à nous. Le premier, c'est la transition écologique, que le Gouvernement soutient depuis trois ans maintenant, au travers notamment de mesures d'accompagnement de l'innovation : il faut construire des batteries électriques, inventer de nouveaux dispositifs de voitures décarbonées. Cela passe par des investissements dans la recherche et le développement, mais aussi dans la diversification et la transformation des entreprises. Pour illustrer mon propos de quelques chiffres, plus de 300 entreprises sont aujourd'hui accompagnées dans cette démarche et plus de 170 millions d'euros sont consacrés à la recherche et au développement.

Le second enjeu, c'est l'accompagnement des entreprises qui doivent se réinventer. Je me permets à ce propos de signaler qu'il faut un peu de temps pour que ces emplois et ces sites puissent se transformer. Adopter des normes strictes et dures peut à certains égards bloquer cette transformation et, en fin de compte, nous amener à une écologie qui s'oppose à l'économie.

Pour notre part, nous avons pour objectif une écologie qui soit ambitieuse, mais repose sur une économie solide, avec des produits fabriqués en France, une économie où l'on réimplante des usines dans notre pays. C'est tout le sens du plan de relance que nous défendons, mais aussi du projet de vallée électrique européenne que nous soutenons dans les Hauts-de-France et grâce auquel nous avons pu annoncer, pas plus tard que lundi dernier, la création de plusieurs milliers d'emplois autour de la batterie électrique. (Applaudissements sur les travées du groupe RDPI.)

M. le président. La parole est à M. Jacques Fernique, pour la réplique.

M. Jacques Fernique. Votre réponse, madame la ministre, décrit des efforts sans doute positifs : deux, voire trois gigafactories – l'Allemagne en a huit – et un plan de relance malheureusement court-termiste et sans conditionnalités. La France, qui présidera l'Union européenne au premier semestre 2022, doit afficher une ambition climatique et industrielle ! (Applaudissements sur les travées du groupe GEST.)

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