Question de M. ROJOUAN Bruno (Allier - Les Républicains-R) publiée le 08/07/2021

M. Bruno Rojouan attire l'attention de M. le ministre de l'éducation nationale, de la jeunesse et des sports sur la baisse de l'habitude de lecture chez les jeunes Français et des moyens de leur redonner le goût de lire.

En 2020, Ipsos a conduit une étude, en lien avec le centre national du livre, intitulée « Les jeunes et la lecture » sur les habitudes de lecture des Français. Les résultats révèlent une baisse de l'habitude de lecture chez les jeunes, un recul que l'on constate en réalité depuis maintenant plus de dix ans. L'étude montre que les 15-24 ans sont 80 % à se considérer comme lecteurs, alors qu'ils étaient 92 % en 2019. De même, ils sont de moins en moins nombreux à affirmer avoir envie de lire davantage de livres, 62 % des 15-24 ans en 2020 pour 80 % en 2019. Les 15-24 ans reconnaissent surtout, pour 42 % d'entre eux, n'avoir qu'une lecture utilitaire et non de loisir, indiquant comme premier choix de lecture les livres pratiques et notamment les lectures imposées dans le cadre du cursus scolaire.

Parmi les causes probables de cette baisse de lecture chez les jeunes, deux facteurs majeurs sont identifiés : la difficulté ou le manque d'exposition aux livres (foyer familial sans livres disponibles, impossibilité d'accès à une bibliothèque, etc.) et la concurrence des écrans. Pour ce dernier, l'étude constate que les jeunes lisent en moyenne 3 h par semaine contre 7 h 30 consacrées à la télévision et 8 h à internet.

Ce constat est bien dommage quand l'on considère toutes les vertus de la lecture. Elle permet entre autres de forts progrès en orthographe par la visualisation régulière de mots et de conjugaisons. Elle fait également travailler l'imagination du lecteur et permet d'agrandir sa culture, son ouverture sur le monde, sur l'art, etc. Finalement, plusieurs études ont démontré qu'une stimulation mentale par la lecture peut participer au ralentissement ou à la prévention de la maladie d'Alzheimer ou de la démence.

Il faut redonner le goût de la lecture pour le plaisir aux jeunes, notamment en dehors du cursus scolaire. Certains s'en sont éloignés peut-être en raison du décalage entre l'époque des nombreux livres qui leur sont proposés à l'école et la réalité de leur temps, leur culture contemporaine. Il existe pourtant de nombreux ouvrages qui s'inscrivent dans le monde contemporain et mettent en scène le quotidien du 21ème siècle. Certains jeunes n'y sont malheureusement que très peu exposés et ne savent donc pas qu'ils peuvent trouver des livres auxquels ils s'identifieront davantage que ceux choisis pour les cours de français.

Si certaines écoles prennent l'initiative de donner des devoirs de vacances et parmi ceux-ci des lectures d'été à leurs élèves, cela reste rare et n'est jamais obligatoire. L'idée est pourtant très intéressante.

Une généralisation de cette pratique pourrait être mise en place par le Gouvernement. Il pourrait être proposé aux jeunes Français des listes de livres, sensibilisant à différents thèmes et genres, pour faciliter et inciter à la sélection de lectures annuelles et d'été. Par ailleurs, des aides financières à l'achat de livres ou un programme plus global d'« accès au livre » recensant les lieux de prêt, incitant à l'entraide et au prêt de livres entre particuliers, etc. pourrait également être mis en place. Contrairement au Pass Culture qui ne s'adresse qu'aux jeunes de plus de 18 ans et qui peut malheureusement être utilisé pour acheter des produits numériques (écrans, jeux vidéo, etc.), les jeunes lecteurs de tous les âges pourraient bénéficier de ces aides, pour l'achat exclusif de livres.

Aussi, il souhaite savoir si le Gouvernement compte mettre en place des dispositifs afin d'inciter les jeunes Français à reprendre goût à la lecture, surtout la lecture de loisir.

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Réponse du Ministère de l'éducation nationale, de la jeunesse et des sports publiée le 10/03/2022

Former de bons lecteurs fait partie des missions fondamentales de l'école et du collège. La maîtrise de la lecture, dans toutes ses dimensions, conditionne en effet la réussite aux apprentissages tout au long de la scolarité ; elle joue un rôle primordial dans la prévention de l'illettrisme et de l'échec scolaire, et dans l'insertion professionnelle et sociale. Le ministre de l'éducation nationale, de la jeunesse et des sports a, dès 2017, fait de la lecture l'une de ses priorités en fixant l'objectif de 100 % de réussite à l'école primaire, grâce à un enseignement renforcé des savoirs fondamentaux que sont notamment le français et les mathématiques. Inscrite et réaffirmée dans la feuille de route commune 2020-2021 du ministre de l'éducation nationale, de la jeunesse et des sports et de la ministre de la culture, la lecture relève de l'un des cinq champs prioritaires pour réussir l'objectif du 100 % d'élèves concernés à la fin du quinquennat par l'éducation artistique et culturelle. Les programmes de français de l'école élémentaire précisent que le travail de lecture est constamment mené en lien avec le vocabulaire, la grammaire et l'orthographe et que les activités afférentes sont quotidiennes. La dictée y tient une place particulière. Dès le CP, son caractère quotidien a été réintroduit jusqu'au cycle 3 (CM1-CM2-6e), et sa pratique est poursuivie au collège pour consolider les compétences des élèves dans l'analyse et la réflexion sur l'orthographe lexicale et grammaticale. Proposé dans le cadre des évaluations de 6e, un test de fluence en lecture a été généralisé à la rentréer scolaire 2021. Il permet aux équipes pédagogiques d'identifier dès le début de l'année les élèves pour lesquels des aides ciblées sont proposés dans le cadre notamment des temps d'accompagnement personnalisé ou dans le cadre de devoirs faits. Ils peuvent le cas échéant mobiliser des heures dédiées pour aider les plus fragiles d'entre eux. Ainsi, outre la prescription des programmes et des horaires, les professeurs disposent de nombreuses ressources pour enseigner à leurs élèves, telles que des listes de référence d'œuvres de littérature de jeunesse pour les aider à choisir des lectures à proposer à leurs élèves. Les enseignants donnent régulièrement aux élèves des lectures personnelles ou guidées dans le cadre des devoirs à la maison. Dans le cadre de l'opération annuelle « un livre pour les vacances », chaque élève de CM2 reçoit un ouvrage de littérature. Cette action encourage la lecture durant les vacances d'été et favorise la continuité autour de cet ouvrage entre l'école et le début de 6e. Parallèlement, en collaboration avec la ministre de la culture, le ministre s'est mobilisé en faveur du livre et de la lecture afin qu'enfants et adolescents acquièrent et conservent durablement le goût de lire. Il a encouragé l'implantation ou la redynamisation d'espaces dédiés spécifiquement à la lecture dans les écoles, particulièrement dans les zones lacunaires en lieux et équipements de lecture publique, dans les écoles éloignées d'une bibliothèque dont les élèves ne peuvent avoir accès quotidiennement aux livres. Pour ces dernières, le ministre de l'éducation nationale, de la jeunesse et des sports a lancé un plan d'équipement pluriannuel en faveur des bibliothèques d'école, doté de 8,5 M€ sur 4 ans (2018-2021). Un vadémécum spécifique, élaboré par la direction générale de l'enseignement scolaire, a été mis à disposition des professeurs. Les partenariats entre bibliothèques publiques et établissements scolaires ont été systématisés et formalisés, particulièrement dans le second degré, pour enrichir l'offre en ressources et en livres accessibles aux élèves, assurer des complémentarités entre les centres de documentation et d'information (CDI) et les bibliothèques, et encourager les élèves à fréquenter régulièrement les lieux du livre. Collèges et lycées ont dû élaborer des conventions avec les bibliothèques publiques locales ou, le cas échéant, avec la bibliothèque départementale. L'élaboration de ces conventions est une occasion de réfléchir aux modalités d'accueil des élèves dans les bibliothèques, de prêts d'ouvrages entre établissements et bibliothèques, à la mise en place d'actions communes de promotion du livre, des auteurs et de la lecture. Le livre et la lecture jouent aujourd'hui un rôle majeur dans l'éducation artistique et culturelle. Ainsi, depuis 2017, avec l'objectif du 100 % EAC, le ministère se mobilise en soutenant les associations complémentaires de l'école, pour favoriser le développement de la lecture, la rencontre avec des œuvres et artistes, et l'acquisition d'une culture littéraire. L'opération « lecture grande cause nationale » est l'occasion de développer trois grandes actions : la généralisation du « quart d'heure lecture », la valorisation de la lecture à voix haute, et la multiplication des rencontres d'auteurs et illustrateurs. La 6e édition des nuits de la lecture, du 20 au 23 janvier 2022, a mis en lumière, dans toutes les académies, cet engagement en faveur du goût de la lecture. A partir de janvier 2022, le pass culture, qui permet notamment d'acheter des livres, est étendu aux collégiens à partir de la quatrième, et aux lycéens. Les collégiens à partir de la quatrième reçoivent  25 € par élève en quatrième, 25 € par élève en troisième pour des projets collectifs avec la classe. Les lycéens reçoivent 50 € par élève par an pour des sorties collectives et/ou des achats individuels - afin de créer un parcours d'accompagnement, à l'instar de la conduite accompagnée avant le permis. Ce nouveau volet du pass culture a d'abord été testé dans les académies de Rennes et Versailles en septembre 2021 avant le lancement national en janvier 2022. Enfin, le plan de relance 2021-2022 prévoit 7 M€ pour l'opération jeunes en librairie, programme de sensibilisation à la chaine du livre et à ses enjeux, complémentaire du pass culture. Ce dispositif met en relation les élèves du secondaire avec les librairies indépendantes et leur fait découvrir l'ensemble des métiers du livre.

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