Question de M. OUZOULIAS Pierre (Hauts-de-Seine - CRCE) publiée le 16/09/2021

M. Pierre Ouzoulias attire l'attention de M. le ministre des solidarités et de la santé sur le fait que, dans de nombreuses communes, les municipalités, souvent en plus de la gestion d'un centre de vaccination, ont mis en œuvre, en relation avec des associations d'aide humanitaire, des moyens techniques et humains pour offrir, au plus près des populations, la vaccination contre la covid-19 aux personnes qui en sont toujours éloignées.
Il l'interroge sur les mesures que le Gouvernement pourrait prendre pour aider les politiques de ces communes en faveur des personnes qui restent encore à l'écart de la vaccination.

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Réponse du Ministère auprès du ministre des solidarités et de la santé - Autonomie publiée le 29/09/2021

Réponse apportée en séance publique le 28/09/2021

Mme le président. La parole est à M. Pierre Ouzoulias, auteur de la question n° 1801, adressée à M. le ministre des solidarités et de la santé.

M. Pierre Ouzoulias. Madame la ministre, c'est dans les communes populaires que le taux de vaccination est le plus faible. La carte de la vaccination est aussi celle de la précarité sociale. Pour tenter de résoudre ce problème du moindre recours à la vaccination, des villes ont mobilisé des moyens très importants. Je pense à la ville de Bagneux, dont je suis l'élu, qui a consacré près de 400 000 euros à son centre de vaccination. Le Gouvernement ne lui a apporté qu'une aide symbolique de 76 000 euros…

Malgré ces efforts importants, de nombreuses populations demeurent rétives à la vaccination. Ce ne sont pas les mesures coercitives, comme le passe sanitaire, qui les inciteront à se faire vacciner, car ces personnes n'ont souvent qu'une vie sociale réduite, simplement destinée à assurer leur subsistance.

Depuis trois mois, la Croix-Rouge de Bagneux, avec l'aide de la ville, a mis en œuvre des centres de vaccination ambulatoires au plus près des populations. J'ai visité samedi 11 septembre celui qui est installé place Dampierre. Ouvert de huit heures à dix-huit heures, il a permis de vacciner 111 personnes, dont 39 ont reçu une première dose. J'ai apprécié la qualité et l'efficacité de ce centre et de ses bénévoles. Ils arrivent à vaincre les réticences de ceux qui ne souhaitent pas être vaccinés grâce à un travail de proximité et à leur connaissance intime du terrain. Il est toujours plus facile d'accepter la vaccination quand c'est votre voisin qui vous la propose.

Ce centre va s'installer dans d'autres quartiers de Bagneux. Il n'a reçu jusqu'à présent qu'une aide très faible de l'État. Madame la ministre, quelles mesures le Gouvernement entend-il mettre en œuvre pour faciliter la vaccination de proximité ?

Mme le président. La parole est à Mme la ministre déléguée.

Mme Brigitte Bourguignon, ministre déléguée auprès du ministre des solidarités et de la santé, chargée de l'autonomie. Monsieur le sénateur Pierre Ouzoulias, j'ai moi-même aussi sillonné tous les centres de vaccination à travers la France, que ce soit en milieu rural ou en milieu urbain. J'ai vu toutes les initiatives intéressantes prises partout sur le territoire français.

Les collectivités territoriales ont été au rendez-vous. Elles ont répondu présentes. Leur mobilisation, tout comme celle des professionnels de santé, des pompiers et des réseaux associatifs, doit être saluée et nous le faisons.

Cette mobilisation était au cœur de notre dispositif de déploiement d'une offre de vaccination de proximité. Votre question est posée dans un contexte d'évolution de cette campagne vaccinale puisque nous devons, d'une part, assurer les rappels pour les personnes éligibles et, d'autre part, accroître davantage le taux de primo-vaccination.

Pour y parvenir, nous devons atteindre des publics assez hétérogènes, vous en conviendrez. Il s'agit souvent de jeunes résidant en périphérie de grandes métropoles, de personnes âgées isolées, ou encore de personnes en situation de grande précarité financière.

Les premières actions que nous avons menées sont encourageantes. Sur la seule période estivale, le taux de vaccination des plus précaires, notamment, a pratiquement doublé, passant de 22 % à 40 %. Ce résultat est le fruit de la diversification de notre campagne vaccinale. Les actions « d'aller vers » furent cruciales pour vacciner les personnes les moins sensibilisées au système de soins. Nous avons produit des supports de communication pédagogiques spécifiques, traduits en 23 langues. Nous avons ouvert des créneaux de vaccination sans rendez-vous, pour les personnes qui ne sont pas à l'aise avec le numérique. Nous nous sommes assurés que tous les centres d'hébergement d'urgence avaient reçu la visite d'au moins une équipe pour proposer la vaccination à leurs résidents. Des navettes ont été mises en place pour conduire les personnes dans les centres de vaccination, des « vaccibus » et « vaccicars » ont été déployés pour informer la population et amener la vaccination au plus près des personnes.

Près de 3 millions de SMS contenant un numéro coupe-file ont été envoyés aux personnes bénéficiaires de la complémentaire santé solidaire. La plateforme téléphonique reste ouverte et leur permet s'obtenir des rendez-vous de vaccination sur des créneaux réservés.

Il faut maintenant poursuivre ces efforts. Les agences régionales de santé travaillent avec chaque collectivité afin d'identifier les personnes non vaccinées par tous les moyens disponibles : registres communaux, associations, bailleurs, professionnels de santé, etc. C'est un travail de dentelle qui nous occupe à présent. Nous sommes passés, si j'ose dire, d'un flux massif à un flux dentelé. Il nous faut maintenant adapter cette réponse. Ce travail nous a permis à ce jour d'assurer une couverture vaccinale complète à plus de sept Français sur dix.

Mme le président. La parole est à M. Pierre Ouzoulias, pour la réplique.

M. Pierre Ouzoulias. J'entends bien votre discours. Vous dites « nous » ; en l'occurrence, le « nous », c'est la mairie de Bagneux et la Croix-Rouge. Ce que je souhaite savoir, c'est comment vous soutenez en pratique les actions déjà engagées sur le terrain.

Vous annoncez un programme. J'aurais préféré que vous nous disiez que le Gouvernement va apporter une aide concrète à la mairie de Bagneux et à la Croix-Rouge, cette dernière menant une action totalement bénévole, sans aucune aide de l'État, car, nous en sommes d'accord, la vaccination de proximité est essentielle.

Vous avez encore le temps de traduire votre soutien de façon concrète…

Mme Brigitte Bourguignon, ministre déléguée. La ville de Bagneux sera aidée comme les autres.

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