Question de M. SOMON Laurent (Somme - Les Républicains) publiée le 30/09/2021

M. Laurent Somon attire l'attention de M. le ministre de l'économie, des finances et de la relance sur l'approvisionnement de la filière des vélos. La situation des vendeurs et des réparateurs de vélos est ubuesque : d'un coté, l'explosion des ventes, ce qui est une bonne nouvelle pour la filière et l'écoresponsabilité. Cet engouement continue sa croissance : l'augmentation des ventes de vélos à assistance électrique a grimpé dès la fin du premier confinement de juin 2020. De l'autre côté, le revers de la médaille, avec une demande désormais impossible à satisfaire dans les délais et à des prix raisonnables, et aujourd'hui impossible à satisfaire tout court. La demande a dépassé l'offre.
Un constat : 95 % des composants d'un vélo viennent d'Asie.
Contrairement aux Américains qui ont senti la vague en remplissant les carnets de commandes, non seulement la France n'a pas anticipé les besoins, mais elle a amplifié la demande avec la subvention « coup de pouce vélo » et plus de 1,5 million de cycles réparés. Les fabricants français ne trouvent plus de pièces détachées, les vendeurs ne peuvent honorer les commandes.
Les fabricants français, comme les vendeurs, ont cherché des alternatives, ils ont dû les homologuer et passer des commandes jusqu'à 2024 pour sécuriser les approvisionnements.
Hélas, le constat ne concerne pas uniquement les délais ahurissants ; aujourd'hui, on compte les banqueroutes des petites entreprises qui ne peuvent pas lutter contre les grandes marques. Les commandes sont le nerf de la guerre ; les usines chinoises ne peuvent faire face à la demande même en tournant à temps complet, et prennent en priorité les commandes en très grosse quantité. La conséquence logique de la pénurie est la flambée des prix entre 40 et 250 % de hausse selon les matériaux.
L'exemple du vendeur de vélo Gebleux à Doullens dans le département de la Somme n'est pas un cas isolé, les 20 mois de pandémie planétaire ont impacté tous les réseaux de production et de distribution des pays.
Il lui demande les mesures que le Gouvernement compte mettre en place pour soutenir les commerces de nos territoires, victimes d'une économie rongée par la pénurie de pièces dans les chaines mondialisées de production.
Plus largement, il lui demande comment l'État français engage sa réindustrialisation tandis que les États-Unis et la Chine ont relancé leur activité avant l'Europe désormais privée de ses stocks sur un marché mondial en forte demande en ce qui concerne le bois, l'aluminium, l'acier, le cuivre, certains plastiques ou semi-conducteurs. Il lui demande quel est le soutien au-delà du plan de relance, pour les composants touchés par ces pénuries d'approvisionnement.

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Réponse du Secrétariat d'État auprès des ministres de l'économie, des finances et de la relance, et de la cohésion des territoires et des relations avec les collectivités territoriales, chargé de la transition numérique et des communications électroniques publiée le 20/10/2021

Réponse apportée en séance publique le 19/10/2021

M. le président. La parole est à M. Laurent Somon, auteur de la question n° 1821, adressée à M. le ministre de l'économie, des finances et de la relance.

M. Laurent Somon. Des entrepreneurs nous interrogent : « Mon entreprise a tout pour réussir : une demande qui explose, des salariés formés et pourtant je vais mettre la clé sous la porte » ; ou encore : « Où sont passés les stocks nécessaires à l'activité économique des territoires ? »

La situation des vendeurs et des réparateurs de vélos est ubuesque et illustre, hélas ! le quotidien de nos petites entreprises françaises, celles de nos territoires. D'un côté, les ventes explosent : celles de vélos à assistance électrique ont augmenté de plus de 117 % depuis juin 2020, ce qui est une bonne nouvelle pour la filière et l'écoresponsabilité. De l'autre – c'est le revers de la médaille –, la demande est désormais impossible à satisfaire dans des délais et à des prix raisonnables ; elle est même aujourd'hui impossible à satisfaire tout court : la demande a dépassé l'offre.

Force est de constater que 95 % des composants d'un vélo proviennent d'Asie. Contrairement aux Américains, qui ont senti venir la vague et ont rempli leurs carnets de commandes, la France n'a pas anticipé les besoins, amplifiés par l'instauration de la subvention « Coup de pouce vélo », qui a entraîné la réparation de plus de 1,5 million de cycles.

Les fabricants français ne trouvent plus de pièces détachées, les vendeurs ne peuvent honorer leurs commandes, les délais de livraison de certains composants peuvent désormais dépasser 500 jours. Cependant, nos fabricants ont cherché des solutions, ils les ont homologuées et ont passé des commandes jusqu'en 2024 pour sécuriser les approvisionnements.

Hélas ! en plus des délais ahurissants, on constate désormais les banqueroutes des petites entreprises, qui ne peuvent lutter contre les grandes marques. Les usines chinoises ne pouvant faire face à la demande, elles honorent en priorité les commandes en très grosses quantités. Conséquence logique de la pénurie : les prix flambent. La hausse varie de 40 % à 250 %, selon les matériaux.

Les exemples des vendeurs de vélos JP Cycle à Villedieu-les-Poêles et Gebleux à Doullens dans mon département, la Somme, ne sont pas des cas isolés. Les vingt mois de pandémie planétaire ont des effets sur tous les réseaux de production et de distribution, particulièrement les petits magasins de cycles indépendants.

Monsieur le secrétaire d'État, quelles mesures le Gouvernement compte-t-il mettre en place pour soutenir les commerces de nos territoires, victimes d'une économie rongée par la pénurie de pièces dans les chaînes de production mondialisées ? Plus largement, comment l'État français engage-t-il sa réindustrialisation ?

M. le président. La parole est à M. le secrétaire d'État.

M. Cédric O, secrétaire d'État auprès du ministre de l'économie, des finances et de la relance et de la ministre de la cohésion des territoires et des relations avec les collectivités territoriales, chargé de la transition numérique et des communications électroniques. Monsieur le sénateur Laurent Somon, la désindustrialisation survenue dans notre pays au cours des trente dernières années fait l'objet d'une attention et d'un engagement constants du Gouvernement depuis mai 2017.

Le Président de la République a fait de la réindustrialisation l'un des objectifs prioritaires de sa politique publique, qu'il a confiée à Agnès Pannier-Runacher, ministre déléguée chargée de l'industrie.

Les réformes fiscales et du marché du travail, ainsi que les différentes mesures de soutien aux investissements, ont permis à la France de redevenir le pays le plus attractif d'Europe pour les investissements étrangers, particulièrement dans le domaine industriel. Pour la première fois depuis dix ans, la France a recréé des emplois industriels en 2017, en 2018 et en 2019.

Nous poursuivons nos efforts, particulièrement dans cette période de tensions sur les approvisionnements, lesquelles touchent, comme vous l'avez souligné, la filière vélo, mais aussi beaucoup d'autres, comme l'automobile ou le bâtiment. Ces tensions sont dues à la reprise de l'activité industrielle, l'arrêt brutal des lignes de production empêchant une reprise normale dans des pays producteurs en raison de la crise sanitaire et d'une circulation toujours élevée du virus.

Face à cette situation, les ministres ont mobilisé fortement leurs services sur des actions de court terme afin de pallier dès à présent les tensions de long terme et rebâtir notre indépendance sur des biens stratégiques. Ils ont d'abord demandé à France Industrie de coordonner une task force en lien avec les services du ministère, qui examine de manière hebdomadaire le tableau de bord des tensions et toutes les pistes pour réduire à court terme les conséquences immédiates. Des instructions ministérielles ont en outre été adressées à tous les responsables des achats publics de l'État.

Ces tensions démontrent la pertinence de l'action que nous menons à moyen et long termes. Le plan France Relance soutient à ce jour 550 projets de relocalisation dans nos territoires. Le plan France 2030 doit nous permettre de poursuivre la réindustrialisation à long terme de notre pays.

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