Question de M. LEVI Pierre-Antoine (Tarn-et-Garonne - UC) publiée le 14/10/2021

Question posée en séance publique le 13/10/2021

M. le président. La parole est à M. Pierre-Antoine Levi, pour le groupe Union Centriste. (Applaudissements sur les travées du groupe UC.)

M. Pierre-Antoine Levi. Ma question s'adresse à M. le ministre de l'éducation nationale, de la jeunesse et des sports.

Ce samedi 16 octobre, cela fera très exactement un an que Samuel Paty a été assassiné, victime d'un attentat islamiste.

Depuis, de très nombreux hommages lui ont été rendus. Le groupe Union Centriste s'y joint encore aujourd'hui.

Son image est devenue un symbole de la défense de la liberté d'expression et de la lutte contre la poussée islamiste dans l'éducation nationale.

À l'approche du triste anniversaire de sa mort, monsieur le ministre, votre ministère a proposé aux établissements qui le souhaitent d'organiser un nouvel hommage ce vendredi. Vous avez par ailleurs annoncé que, dans chaque rectorat de France, une salle porterait le nom de Samuel Paty.

Nous ne pouvons que souscrire à ces initiatives, mais le mal est bien plus profond et ne se réglera pas par la seule commémoration.

Un an après, le docteur en sciences politiques et romancier David di Nota, dans son livre-enquête J'ai exécuté un chien de l'enfer, dénonce l'attitude de la hiérarchie de Samuel Paty, qui lui aurait demandé dans un premier temps de s'excuser, avant de lui reprocher de ne pas suffisamment maîtriser le concept de laïcité.

En entendant cela, c'est un sentiment de colère qui m'envahit.

L'éducation nationale aurait-elle déjà cédé face à la pression islamiste pour ne pas faire de vagues ? Si tel n'est pas le cas, monsieur le ministre, quelles mesures concrètes ont été prises depuis l'assassinat de Samuel Paty pour y faire face, en particulier pour soutenir les enseignants menacés et les protéger ? (Applaudissements sur les travées du groupe UC, ainsi que sur des travées du groupe Les Républicains.)


Réponse du Ministère de l'éducation nationale, de la jeunesse et des sports publiée le 14/10/2021

Réponse apportée en séance publique le 13/10/2021

M. le président. La parole est à M. le ministre de l'éducation nationale, de la jeunesse et des sports.

M. Jean-Michel Blanquer, ministre de l'éducation nationale, de la jeunesse et des sports. Monsieur le sénateur, je vous remercie d'abord d'avoir rappelé les mesures que nous avons prises pour la commémoration en tant que telle. C'est très important.

Vendredi prochain, notamment lors de la dernière heure de cours, des minutes de silence, des moments dédiés à l'enjeu de la liberté, à la place de l'éducation et du professeur dans notre société, auront lieu dans nos écoles, collèges et lycées.

Samedi, jour de ce triste anniversaire, il y aura une série de commémorations. Je serai au collège de Conflans-Sainte-Honorine et nous inaugurerons une plaque commémorative en présence de la famille de Samuel Paty.

Il est très important que tout cela se passe dans l'unité nationale, dans la dignité, dans le recueillement, parce que, comme vous l'avez dit, Samuel Paty est devenu maintenant un symbole, l'emblème de la République et de la liberté.

Je suis d'accord avec vous, la commémoration ne suffit pas. Il y a bien d'autres problèmes sous-jacents sur lesquels il faut agir. C'est d'ailleurs ce que nous avons fait.

Je n'entrerai pas dans le détail des commentaires qui sont faits sur ce qui s'est passé avant et après l'assassinat. N'oubliez pas qu'il y a une procédure judiciaire et que les faits font encore l'objet d'investigations. En revanche, je puis vous dire qu'aussi bien la principale du collège que les instances de l'académie de Versailles ont été aux côtés de Samuel Paty avant le drame.

Il importe d'éviter de rapporter des éléments parcellaires ou de se mettre à condamner très facilement des gens qui, au contraire, ont fait leur travail. Malheureusement, la tragédie a eu lieu. Aujourd'hui, elle nous conduit à agir sur toutes les dimensions du problème.

Vous le savez, et je l'ai dit dès 2017, la doctrine du ministère de l'éducation nationale n'est pas ou n'est plus, si vous préférez, de mettre les problèmes sous le tapis. Tous les signalements remontent, et je veux adresser ce message à tous les professeurs : quand il y a un problème, l'institution est là pour vous soutenir. Des équipes ont ainsi été créées dans les rectorats pour venir dans les établissements lorsqu'il y a des problèmes de ce type.

Certes, il y a encore des incidents et la situation n'est pas parfaite. Je le reconnais bien volontiers. Cependant, nous avons tout mis en place pour que la doctrine soit claire et se concrétise dans l'organisation : soutien à tous les professeurs et à tous les personnels ; visites des équipes dédiées dans les établissements. Une autre traduction de cette doctrine est la mise en œuvre d'un plan de formation sur la laïcité, les enjeux et les valeurs de la République, à destination de l'ensemble des professeurs de France. (Applaudissements sur les travées du groupe RDPI.)

M. le président. La parole est à M. Pierre-Antoine Levi, pour la réplique.

M. Pierre-Antoine Levi. Je vous remercie de votre réponse, monsieur le ministre. Tout cela est très bien, mais, ce que veulent les enseignants, c'est exercer leur métier en toute sécurité. Il y a encore eu des agressions d'enseignants ces derniers jours, à Combs-la-Ville et à Boulogne-sur-Mer. Tous les enseignants de France attendent fermement des mesures concrètes de votre part. Ne les décevez pas ! (Applaudissements sur les travées du groupe UC. – M. Jérôme Bascher applaudit également.)

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