Question de Mme GOSSELIN Béatrice (Manche - Les Républicains-A) publiée le 21/10/2021

Question posée en séance publique le 20/10/2021

M. le président. La parole est à Mme Béatrice Gosselin, pour le groupe Les Républicains. (Applaudissements sur les travées du groupe Les Républicains.)

Mme Béatrice Gosselin. Je tiens à associer notre collègue Sophie Primas à cette question.

Début d'année particulièrement rocambolesque à Guerville, dans les Yvelines, pour une classe de CM1-CM2 ! En effet, les vingt-huit élèves de cette classe ont connu pas moins de cinq enseignants différents en un mois et demi, sans compter la semaine de cours à distance, pour cause de covid-19. Ils auront ainsi connu trois remplacements en quinze jours et un enseignant titulaire arrivé le 20 septembre et quittant la profession le 7 octobre…

Dans le même établissement, une enseignante de maternelle est en arrêt maladie depuis la rentrée ; sa remplaçante est elle-même tombée malade et, du 20 septembre au 4 octobre, les enfants ont été répartis dans deux autres classes, perturbant sérieusement le travail scolaire.

S'agit-il d'une malchance, comme le prétend l'éducation nationale ? Nous le savons tous, l'absence d'un professeur des écoles donne parfois lieu à un non-remplacement, ce qui dégrade temporairement le fonctionnement optimal de l'école.

Dans le Sud-Manche, au collège d'Avranches, où le professeur de technologie est absent depuis le début de l'année, des élèves n'ont pas cours, ce qui représente deux heures hebdomadaires passées en salle d'étude !

Les postes vacants faute de professeurs se multiplient depuis la rentrée dans de nombreux autres départements, et les parents d'élèves dénoncent une gestion administrative hasardeuse.

Le code de l'éducation prévoit, aux articles L. 131-1 et suivants, le principe de l'obligation scolaire. Il incombe donc à l'État d'assurer la mise en application de cette obligation pour les enfants de 3 à 16 ans. Or force est de constater que le ministère de l'éducation nationale ne tient pas ses engagements d'égalité dans l'éducation de nos enfants.

Cette situation oblige certains parents à se tourner vers des cours particuliers pour compenser les carences de l'État. Ce sont, évidemment, les familles les plus aisées qui ont la possibilité de prendre en charge ces cours, ce qui fragilise les enfants des foyers les plus précaires.

Quelles mesures comptez-vous prendre, madame la secrétaire d'État, pour que notre pays tienne enfin sa promesse d'égalité dans l'éducation de nos enfants ?


Réponse du Secrétariat d'État auprès du ministre de l'éducation nationale, de la jeunesse et des sports, chargé de la jeunesse et de l'engagement publiée le 21/10/2021

Réponse apportée en séance publique le 20/10/2021

M. le président. La parole est à Mme la secrétaire d'État chargée de la jeunesse et de l'engagement.

Mme Sarah El Haïry, secrétaire d'État auprès du ministre de l'éducation nationale, de la jeunesse et des sports, chargée de la jeunesse et de l'engagement. Madame la sénatrice, l'égalité des chances et la réussite de chacun de nos enfants, ainsi que des transformations en profondeur, constituent évidemment la priorité du ministère de l'éducation nationale, de la jeunesse et des sports (Exclamations sur les travées du groupe Les Républicains.).

Au-delà, cela rejoint la volonté de tous – familles, élus locaux, avec le périscolaire et l'extrascolaire, et associations –, car personne n'a la volonté de ne pas aider ou de ne pas accompagner ces enfants : c'est le projet d'une nation.

De manière très concrète, justice sociale, élévation du niveau scolaire, retour à l'essentiel – lire, écrire, compter, respecter autrui –, dédoublement des classes en CP et en CE1 en réseaux d'éducation prioritaire (REP) et en REP+, plafonnement à 24 élèves des classes de grande section, de CP et de CE1, cela concerne plus de 300 000 enfants, soit plus de 20 % d'une classe d'âge d'ici à 2022.

Mme Éliane Assassi. Ce n'est pas la question !

Mme Sarah El Haïry, secrétaire d'État. J'en viens au cœur de votre question, qui portait sur le remplacement des professeurs, madame la sénatrice. (Ah ! sur les travées des groupes Les Républicains et CRCE.)

Évidemment, il y a un objectif de continuité d'un service public de qualité ; c'est la préoccupation majeure de tous. Notre pays, nous pouvons le reconnaître, a tenu durant cette crise parce que les enseignants sont restés mobilisés et parce que nous avons gardé les écoles ouvertes. Cela fait notre fierté. Cela procédait de la volonté du Premier ministre, mise en œuvre par le ministre de l'éducation nationale.

Depuis 2020, les moyens alloués au remplacement ont été exceptionnels, mais, il faut le dire, il y a eu des autorisations spéciales d'absence,… (Exclamations ironiques sur les travées du groupe Les Républicains.)

M. Laurent Duplomb. Un peu de laxisme, en somme !

Mme Sarah El Haïry, secrétaire d'État. … des congés maladie ordinaires, des cours à distance et des absences de longue durée, couvertes par des enseignants titulaires.

Oui, madame la sénatrice, il y a, dans toutes les académies, des tensions, y compris en technologie ; c'est réel.

M. Laurent Duplomb. C'est le ministère du laxisme !

Mme Sarah El Haïry, secrétaire d'État. Toutefois, depuis la dernière rentrée scolaire, des solutions existent pour les absences de courte durée, qui sont déployées afin de répondre à la priorité, c'est-à-dire aux besoins des enfants : cours en ligne ou travaux en autonomie encadrés par des assistants d'éducation. Dans l'académie de Normandie, tous les leviers sont mobilisés au maximum.

M. Alain Houpert. Oui, sans doute… (Sourires sur les travées du groupe Les Républicains.)

Mme Sarah El Haïry, secrétaire d'État. Enfin, la mobilisation du chef d'établissement – vous le connaissez, madame la sénatrice – du collège de la Chaussonnière, à Avranches, que vous avez cité, a fait beaucoup. Évidemment, on ne s'y habituera pas, et il faut améliorer l'attractivité de nos métiers.

M. le président. Il faut conclure !

Mme Sarah El Haïry, secrétaire d'État. Pour conclure, je dirais que tout le Grenelle de l'éducation a vocation à créer de l'attractivité, pour qu'il y ait encore plus de professeurs dans notre pays. (M. Martin Lévrier applaudit.)

M. le président. La parole est à Mme Béatrice Gosselin, pour la réplique.

Mme Béatrice Gosselin. Je connais l'implication des enseignants dans leur métier, madame la secrétaire d'État, notamment pendant la crise de la covid-19.

Néanmoins, une anticipation et une organisation structurées et pragmatiques permettraient aux enseignants de faire leur travail, afin qu'il y ait une continuité dans l'éducation de nos enfants. (Applaudissements sur les travées du groupe Les Républicains, ainsi que sur des travées du groupe UC.)

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