Question de M. MOGA Jean-Pierre (Lot-et-Garonne - UC) publiée le 11/11/2021

M. Jean-Pierre Moga attire l'attention de Mme la ministre de l'enseignement supérieur, de la recherche et de l'innovation concernant les règles prudentielles de trésorerie des opérateurs de recherche.

Qu'il s'agisse de la loi n° 2020-1674 du 24 décembre 2020 de programmation de la recherche pour les années 2021 à 2030 et portant diverses dispositions relatives à la recherche et à l'enseignement supérieur, des crédits de la mission « enseignement supérieur et recherche » du budget de l'État ou des crédits du plan de relance, preuve est de constater l'absence de choc budgétaire en faveur de la recherche, malgré des hausses bienvenues des crédits de l'agence nationale de la recherche ou des crédits affectés aux aides à l'innovation.

Par ailleurs, la commission des affaires économiques du Sénat, depuis deux ans, attire l'attention sur des règles prudentielles excessives provenant de la comptabilité publique et pesant sur la trésorerie des opérateurs de recherche.

De telles règles privent en effet la recherche française de centaines de millions d'euros de financements, qui seraient pourtant bienvenus eux aussi.

C'est en particulier le cas d'une norme obligeant à provisionner une somme correspondant à la totalité des comptes épargne-temps et des congés payés, comme s'ils étaient demandés en même temps par tous les collaborateurs.

Cette norme n'est pas adaptée aux organismes de recherche, pour des sommes ne bénéficiant aucunement à la recherche ! Il conviendrait donc de l'ajuster pour financer des dépenses de pré-maturation, des recherches interdisciplinaires et des doctorats, actuellement refusés.

Il souhaiterait ainsi qu'une information précise soit communiquée par le Gouvernement aux parlementaires sur le niveau de trésorerie détenu par les grands opérateurs de recherche, afin d'évaluer le « manque à gagner » de la recherche française.

Il l'interroge ainsi sur d'éventuels assouplissements des normes prudentielles en question comme elle s'y était engagée lors d'une audition devant la commission de la culture en 2020, évolutions qui seraient autant de perspectives d'investissements supplémentaires.

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Réponse du Ministère de l'enseignement supérieur, de la recherche et de l'innovation publiée le 19/01/2022

Réponse apportée en séance publique le 18/01/2022

Mme le président. La parole est à M. Jean-Pierre Moga, auteur de la question n° 1921, adressée à Mme la ministre de l'enseignement supérieur, de la recherche et de l'innovation.

M. Jean-Pierre Moga. Ma question a trait aux règles prudentielles de trésorerie des opérateurs de recherche.

Qu'il s'agisse des dispositions de la loi du 24 décembre 2020 de programmation de la recherche pour les années 2021 à 2030 et portant diverses dispositions relatives à la recherche et à l'enseignement supérieur, des crédits de la mission « Recherche et enseignement supérieur » du budget de l'État ou des crédits du plan de relance, force est de constater que, si elles n'ont pas produit de choc budgétaire en faveur de la recherche, ces mesures étaient attendues et sont bienvenues.

Par ailleurs, depuis deux ans, j'attire l'attention, avec mes collègues de la commission des affaires économiques du Sénat, sur les règles prudentielles excessives de la comptabilité publique pesant sur la trésorerie des opérateurs de recherche. De telles règles privent en effet la recherche française de centaines de millions d'euros de financements, qui seraient pourtant, eux aussi, les bienvenus.

C'est, en particulier, le cas d'une norme obligeant à provisionner une somme correspondant à la totalité des comptes épargne temps et des congés payés, comme s'ils allaient être demandés en même temps par tous les collaborateurs. Cette norme n'est pas adaptée aux organismes de recherche, ces sommes ne bénéficiant aucunement à la recherche ! Il conviendrait donc de l'ajuster pour financer des dépenses de pré-maturation, des recherches interdisciplinaires et davantage de postes de doctorants.

Ainsi, je souhaiterais qu'une information précise soit communiquée par le Gouvernement aux parlementaires sur le niveau de trésorerie détenu par les grands opérateurs de recherche, afin d'évaluer le manque à gagner de la recherche française.

Madame la ministre, pouvez-vous également me donner des informations relatives à des assouplissements des normes prudentielles en question, comme vous vous y êtes engagée lors d'une audition devant la commission de la culture en 2020 ?

Mme le président. La parole est à Mme la ministre.

Mme Frédérique Vidal, ministre de l'enseignement supérieur, de la recherche et de l'innovation. Monsieur le sénateur Jean-Pierre Moga, je partage votre analyse selon laquelle les règles prudentielles sont parfois très contraignantes. Un décret financier est d'ailleurs en cours de préparation pour accompagner la modernisation de la gestion des opérateurs de mon ministère. La question de la comptabilité des normes de provision sur les différents dispositifs relatifs aux ressources humaines que vous mentionnez pourra être envisagée dans ce cadre. Les travaux d'instruction à ce sujet sont déjà en cours.

Vous le savez, la masse salariale des établissements publics à caractère scientifique et technologique (EPST) est comptabilisée hors titre 2, à l'instar de l'ensemble des opérateurs de l'État, ce qui nécessite un cadre rigoureux, afin que ces organismes disposent de tous les leviers nécessaires pour piloter les dépenses de ressources humaines.

En ce qui concerne la trésorerie des organismes de recherche et des EPST, mes services vous transmettront, si vous le souhaitez, les données demandées. En tant que rapporteur pour avis des crédits de la mission « Recherche et enseignement supérieur » pour la commission des affaires économiques du Sénat, vous auriez pu les demander dans le cadre du traditionnel questionnaire budgétaire annuel adressé par le Sénat à mes services, mais, le débat budgétaire n'ayant pas pu avoir lieu en séance publique devant la Haute Assemblée, nous n'avons pas été saisis de cette requête.

Vous avez eu raison de rappeler ce qu'a apporté la loi de programmation de la recherche ; ce fut un véritable choc budgétaire et, pour la première fois, une garantie de financement, après plus d'une dizaine d'années de gel de l'effort de l'État en matière de recherche. Quelque 19 milliards d'euros devaient être engagés, en application de la loi du 18 avril 2006 de programme pour la recherche, dite Goulard, mais cela n'a pas été fait par le gouvernement Fillon…

Néanmoins, plutôt que de vous renvoyer à ce qui n'a pas été fait voilà dix ans, je vous remercie, ainsi que la Haute Assemblée, d'avoir permis, en adoptant ce projet de loi, de réarmer notre recherche.

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