Question de M. GUERRIAU Joël (Loire-Atlantique - Les Indépendants) publiée le 04/11/2021

Question posée en séance publique le 03/11/2021

M. le président. La parole est à M. Joël Guerriau, pour le groupe Les Indépendants – République et Territoires. (Applaudissements sur les travées du groupe INDEP. – Mme Sylvie Vermeillet et M. Michel Laugier applaudissent également.)

M. Joël Guerriau. Madame la ministre des armées, nous sommes le 3 novembre. Il y a très exactement un mois, le 3 octobre 2021, le gouvernement algérien annonçait qu'il interdisait désormais à l'aviation militaire française de survoler son territoire. Ces vols étant à destination du Sahel, vous comprenez à quel point ils sont importants dans le cadre de notre lutte contre le terrorisme.

Il se trouve que nous avons 5 000 soldats qui, au quotidien, interviennent pour lutter contre le terrorisme au Sahel. Évidemment, cette décision a un impact : puisqu'il faut faire un détour, le trajet est plus long, la consommation de carburant beaucoup plus forte, nous sommes contraints de faire des escales à Dakar.

Mes questions sont extrêmement simples, madame la ministre : quel est le coût additionnel de cette mesure algérienne à l'encontre de notre Nation ? Peut-on espérer revenir à une situation normale ? Qu'en est-il des négociations en cours ? (Applaudissements sur les travées du groupe INDEP, ainsi que sur des travées des groupes UC et Les Républicains.)


Réponse du Ministère des armées publiée le 04/11/2021

Réponse apportée en séance publique le 03/11/2021

M. le président. La parole est à Mme la ministre des armées.

Mme Florence Parly, ministre des armées. Monsieur le sénateur, en tant que ministre des armées, je voudrais tout d'abord souligner l'essentiel : cette suspension n'a pas d'effets directs sur nos opérations. Les avions de chasse, les avions de transport tactique, les drones qui opèrent au Sahel décollent tous, pour l'essentiel, du Niger.

En ce qui concerne les vols militaires qui décollent depuis le territoire national pour rejoindre l'opération Barkhane, je vous confirme qu'ils survolent, en général, le territoire algérien. Il s'agit majoritairement de vols de relève militaire et il se trouve que nous sommes en mesure, lorsque cela est nécessaire – et c'est nécessaire en ce moment –, d'emprunter d'autres routes aériennes.

Vous l'avez souligné vous-même, monsieur le sénateur, ces itinéraires de contournement ont nécessairement un coût. Ils ont un coût humain, ils ont un coût matériel, ils ont un coût en carburant. Ce coût, nous le suivons évidemment avec la plus grande attention.

Je voudrais insister devant la représentation nationale sur l'absence d'impact opérationnel de cette situation sur nos opérations de lutte contre le terrorisme.

Pour autant, je ne sous-estime pas, évidemment, la portée symbolique de cette décision et, j'insiste devant vous, je la regrette. L'Algérie est en effet un voisin de notre espace méditerranéen, c'est aussi un partenaire crucial dans la lutte contre le terrorisme au Sahel ; sa connaissance approfondie de la région, ainsi que des dynamiques locales, est particulièrement précieuse.

Comme vous, j'espère que cette situation prendra fin rapidement et que nous pourrons reprendre un dialogue plus apaisé sur ces enjeux de sécurité majeurs pour nos deux pays. (Applaudissements sur les travées du groupe RDPI.)

M. le président. La parole est à M. Joël Guerriau, pour la réplique.

M. Joël Guerriau. Madame la ministre, je vous ai posé la question du coût additionnel, vous n'y avez pas répondu. Il semble que ce coût s'élève à plusieurs millions d'euros, ce qui n'est pas rien, eu égard au fait que le terrorisme continue à être très actif.

Je voudrais ici rendre hommage aux sept soldats maliens qui ont été tués le week-end dernier dans un affrontement avec des djihadistes, et vous dire combien je pense qu'il y a une sorte d'incohérence.

Finalement, l'intervention française protège les frontières des pays les plus proches, y compris l'Algérie. Que nos avions civils puissent continuer à traverser le territoire algérien, mais que, en revanche, nos avions militaires, qui interviennent dans le cadre d'un partenariat de lutte contre le terrorisme entre nos deux pays, soient interdits de passage au-dessus de l'Algérie, est complètement incohérent et inacceptable.

J'espère, madame la ministre, que vous arriverez à convaincre nos interlocuteurs algériens de revenir sur cette décision. J'aimerais honnêtement que l'on sache très exactement quel est son coût, car je pense que ce dernier s'élève à plusieurs millions d'euros, au-delà même, me semble-t-il, de la dizaine de millions d'euros. (Applaudissements sur les travées du groupe INDEP et sur des travées du groupe Les Républicains. – MM. Alain Cazabonne et Olivier Cadic applaudissent également.)

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