Question de M. GONTARD Guillaume (Isère - GEST) publiée le 11/11/2021

Question posée en séance publique le 10/11/2021

M. le président. La parole est à M. Guillaume Gontard, pour le groupe Écologiste – Solidarité et Territoires.

M. Guillaume Gontard. Monsieur le Premier ministre, le monde est face à son destin. La pandémie n'est pas terminée, faute d'avoir ouvert les brevets des vaccins et joué la solidarité mondiale ; le virus continue de circuler et de nous menacer.

L'avenir de l'humanité, notre capacité à préserver une planète habitable pour l'espèce humaine, se joue en ce moment même à Glasgow. Dans ce contexte, alors que nous devons plus que jamais imaginer le monde solidaire et coopératif d'après, la France s'apprête à prendre la présidence de l'Union européenne.

C'est le moment, légitime, que choisit le Président de la République pour s'adresser à la Nation : 27 minutes de discours ; 27 minutes pour dessiner non pas le monde de demain, mais le monde d'hier, voire d'avant-hier.

Le travail invoqué comme un mantra, son corollaire de stigmatisation de toutes celles et tous ceux qui en sont exclus, la croissance, le productivisme, le nucléaire : tous ces étendards des Trente Glorieuses sonnent si faux dans la bouche d'un homme qui n'a connu que la crise structurelle d'un capitalisme incompatible avec la préservation du vivant et la justice sociale. (M. Bruno Sido lève les bras au ciel.)

L'autosatisfecit du Président de la République est sidérant : sur l'investissement en faveur de la santé, quand l'hôpital a perdu 5 700 lits au milieu de la pandémie ; comme sur la pauvreté, alors que la misère s'intensifie toujours. (Protestations sur les travées du groupe Les Républicains.)

Face au concours Lépine des mesures ineptes et injustes proposées par les candidats LR lundi soir sur LCI (Exclamations sur les travées du groupe Les Républicains et sur des travées du groupe UC.), Emmanuel Macron est venu rappeler à tous ceux qui voudraient l'oublier que la droite, c'est lui !

Monsieur le Premier ministre, si le Président préfère être candidat plutôt que de mener le navire France dans la tempête, qu'il le dise et qu'il cesse d'utiliser les moyens de l'État et le prestige de la fonction pour faire campagne ! (Applaudissements sur les travées du groupe GEST et sur des travées du groupe SER.)


Réponse du Premier ministre publiée le 11/11/2021

Réponse apportée en séance publique le 10/11/2021

M. le président. La parole est à M. le Premier ministre.

M. Jean Castex, Premier ministre. Monsieur le président Gontard, j'ignore si vous me posez une question ou si vous abordez là un élément programmatique. Je vais tout de même tenter de vous répondre.

Le Président de la République n'avait pas fait d'allocution depuis le 12 juillet dernier. Il est intervenu hier soir, à un moment important, afin de fixer pour les semaines et les mois à venir la feuille de route du Gouvernement que je dirige, compte tenu de la situation du pays et du monde, ainsi que des préoccupations de nos concitoyens.

De toute évidence, vous n'en serez pas surpris, je ne partage ni votre diagnostic ni vos appréciations.

M. Marc-Philippe Daubresse. Vous n'êtes pas le seul.

M. Jean Castex, Premier ministre. Hier, le chef de l'État a appelé à notre mobilisation et à notre vigilance face à la reprise épidémique, laquelle ne concerne pas seulement la France, et a ainsi annoncé un certain nombre de dispositions. Je le rappelle, nous avons affaire à une pandémie planétaire : nous devons lutter contre elle dans toutes les parties du monde.

Au titre du mécanisme Covax, La France est le deuxième pays, après les États-Unis, à donner des doses de vaccins aux pays qui n'ont pas les moyens de se les procurer. Nous devrions collectivement en être fiers ! (M. Martin Lévrier applaudit.)

Le Président de la République a également abordé la question du pouvoir d'achat et de l'inflation. Vous le voyez toutes et tous dans vos départements : aujourd'hui, ce qui pose problème, c'est la difficulté à recruter. Là encore, nous devrions nous réjouir du fait que notre dynamique de créations d'emplois, grâce à la reprise, grâce au plan de relance et à la mobilisation de nos concitoyens, est l'une des plus fortes d'Europe. (M. Laurent Duplomb s'exclame.)

Alors qu'on nous annonçait son explosion il y a quelques mois, le taux de chômage est parmi les plus bas depuis quinze ans. Mais cela ne suffit pas ! Selon la Banque de France, plus de 300 000 emplois ne sont pas pourvus aujourd'hui. S'ils l'étaient, nous retrouverions le taux de chômage de 1982 – j'ai déjà eu l'occasion de le dire.

Oui, la mobilisation générale est nécessaire pour faire face à cette situation ; non, nous ne stigmatisons personne. On ne peut pas à la fois nous reprocher d'avoir suspendu la réforme de l'assurance chômage, alors même que le chômage montait, et de veiller à son entrée en vigueur le 1er décembre prochain.

Nous avons des emplois à proposer aux chômeurs, ce n'est en rien les stigmatiser ! Nous croyons en la valeur travail. Nous proposons à nos concitoyens de s'élever par le travail, d'obtenir un meilleur salaire et une meilleure place dans la société.

Oui, il faut faire entrer en vigueur la réforme de l'assurance chômage.

Oui, il faut que Pôle emploi multiplie les actions en direction des entreprises et des demandeurs d'emploi, y compris les contrôles – nous l'assumons –, de sorte que le travail et l'activité progressent dans notre société ! (Applaudissements sur les travées des groupes RDPI et INDEP, ainsi que sur des travées du groupe UC.)

M. le président. La parole est à M. Guillaume Gontard, pour la réplique.

M. Guillaume Gontard. Nous avons compris : monsieur le Premier ministre, vous êtes satisfait ! Pourtant, on ne construira pas l'avenir avec les lunettes du passé ; on ne luttera pas contre le dérèglement climatique sans changer de modèle ; on ne réduira pas les inégalités en s'acharnant sur les plus démunis.

Notre avenir sera écologique et solidaire ou ne sera pas ! (Applaudissements sur les travées du groupe GEST.)

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