Question de M. PELLEVAT Cyril (Haute-Savoie - Les Républicains-R) publiée le 16/12/2021

M. Cyril Pellevat attire l'attention de M. le ministre de l'agriculture et de l'alimentation sur la définition de l'agriculteur actif.
Lors du comité état-régions du 10 novembre 2021 portant sur le plan national stratégique de la politique agricole commune (PAC) 2023-2027, le ministère de l'agriculture et régions de France sont parvenus à se mettre d'accord sur la définition de l'agriculteur actif. Selon ces arbitrages, cette définition, qui permettra de déterminer si un agriculteur peut bénéficier des aides de la PAC, devrait être basée sur deux critères : avoir un âge inférieur ou égal à l'âge légal de départ à la retraite en taux plein, soit 67 ans, et être adhérent à une assurance contre les accidents du travail.
Si le second critère est tout à fait acceptable, celui de l'âge de départ à la retraite suscite l'opposition de plusieurs syndicats d'agriculteurs. En effet, il crée une distorsion entre les agriculteurs français et les agriculteurs d'autres pays membres de l'Union européenne. À titre d'exemple, il n'existe pas de critère d'âge maximal en Allemagne. De surcroît, les aides de la PAC étant une part très importante des revenus des agriculteurs, appliquer ce critère reviendrait donc à obliger un agriculteur ayant atteint l'âge légal à prendre sa retraite, puisqu'il ne parviendrait plus à subvenir à ses besoins avec les seuls revenus tirés de l'agriculture.
La mise en œuvre de ce critère risque d'accentuer inutilement la chute du nombre d'actifs agricoles alors que le nombre de candidats à l'installation en agriculture est insuffisant pour assurer un renouvellement des générations, mais également de mener en conséquence à un agrandissement des exploitations restantes.
Il lui demande donc, d'une part, quelles sont les motivations de cette décision. D'autre part, il lui demande si le nombre d'agriculteurs qui vont être impactés sur la période de la PAC 2023-2027 a été évalué. Enfin, il lui demande s'il ne serait pas plus opportun de retenir uniquement le critère de l'adhésion à une assurance contre les accidents du travail, tout en s'assurant que seuls les agriculteurs n'ayant pas pris leur retraite puissent y adhérer.

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Réponse du Ministère de l'agriculture et de l'alimentation publiée le 17/02/2022

La législation européenne adoptée début décembre 2021 qui fixe le cadre de la future politique agricole commune (PAC) et qui entrera en vigueur à partir de 2023 impose aux États membres de définir une notion d'agriculteur actif. Les demandeurs de certaines aides de la PAC, en particulier les aides découplées, les aides couplées et l'indemnité compensatrice de handicaps naturels (ICHN), devront répondre à cette définition pour bénéficier de ces aides. Cette notion doit garantir que les aides seront versées uniquement à des demandeurs dont l'activité agricole dépasse un niveau minimal, sans pour autant que ce critère ait l'objectif d'écarter les pluriactifs. La définition retenue doit se baser sur des critères objectifs et non discriminatoires. Lors du comité État-région (CER) du 10 novembre 2021, une définition a fait l'objet d'un accord entre l'État et les régions. Cette définition, en ce qui concerne la métropole, était basée sur deux critères cumulatifs : avoir au plus l'âge légal pour une retraite à taux plein quel que soit le régime de retraite (c'est-à-dire 67 ans) et être assuré pour son propre compte contre les accidents du travail et les maladies professionnelles sous un régime de protection sociale des personnes non salariées des professions agricoles [assurance accident du travail des exploitants agricoles (ATEXA) ou régime spécial en vigueur dans le Haut-Rhin, le Bas-Rhin et la Moselle]. La définition issue du CER prévoyait néanmoins que des dérogations pourraient être appliquées au critère d'âge dans des cas prédéfinis afin d'éviter les effets sur certains exploitants qui ont besoin de continuer à travailler et de toucher les aides de la PAC, après 67 ans. À la suite du CER, les services du ministère chargé de l'agriculture ont continué à travailler sur ces dérogations et une définition plus précise a été proposée lors du conseil supérieur d'orientation et de coordination de l'économie agricole et alimentaire (CSO) du 20 décembre 2021. Dans le cas où le bénéficiaire a dépassé l'âge légal limite pour une retraite à taux plein, il pourra toujours être considéré comme agriculteur actif (s'il est par ailleurs affilié à l'ATEXA ou au régime spécial en vigueur en Alsace-Moselle) s'il n'a pas fait valoir ses droits à la retraite. Cette définition doit permettre d'éviter qu'après 67 ans, un exploitant cumule les aides de la PAC et les droits à la retraite, particulièrement en cas de retraite d'un régime non agricole. Lors du CSO du 20 décembre 2021, le ministre chargé de l'agriculture a précisé que les travaux sur les conditions de non cumul des aides de la PAC et de la retraite après l'âge de 67 ans se poursuivraient avec les parties prenantes dans l'objectif d'aboutir à une définition d'agriculteur actif qui permette non seulement un accès juste et équitable aux aides de la PAC aux agriculteurs qui continuent une réelle activité agricole, mais aussi un départ en retraite digne. Il convient de rappeler que le souhait d'interdire le cumul entre une pension de retraite et les aides de la PAC est très largement partagé, y compris dans d'autres États membres, car un tel cumul constitue un frein à la transmission des exploitations, qui doit au contraire être favorisée, tout en assurant bien entendu de bonnes conditions de départ à l'exploitant cédant. La définition de l'agriculteur actif pourra ainsi être le cas échéant amendée à l'issue de ces travaux et pendant le processus d'échanges avec la Commission européenne sur plan stratégique national en vue de son approbation.

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