Question de M. DÉTRAIGNE Yves (Marne - UC) publiée le 16/12/2021

M. Yves Détraigne souhaite appeler l'attention de M. le Premier ministre sur le boycott diplomatique des jeux olympiques d'hiver 2022 qui se dérouleront en février 2022.

Lundi 6 décembre 2021, les États-Unis ont entériné leur choix de n'envoyer aucun officiel américain en Chine cet hiver pour les cérémonies officielles, en raison de « violations graves des droits humains » à l'encontre de la minorité musulmane ouïghoure dans la région du Xinjiang (nord-ouest).

Si cette décision a été rapidement suivie par les proches alliés des américains (Nouvelle-Zélande, Australie, Canada et Royaume-Uni), la France n'a pour l'heure pas pris clairement position sur le sujet. Toutefois, pour avoir un réel impact, ce boycott doit être suivie par plus d'États : il y a plus de 200 comités olympiques dans le monde. Ne voulant pas réagir « à chaud », le Président de la République a insisté sur le fait que ce ne devait pas être une décision franco-française mais une décision discutée dans une enceinte plus large, qui est l'Union européenne.

En juin 2021, à sa question écrite n° 18117 traitant de l'éradication de la minorité ouïghoure en Chine, le ministre de l'Europe et des affaires étrangères répondait que la France continuerait de soutenir avec constance le dialogue exigeant mené au niveau européen avec la Chine sur le respect des droits de l'homme, notamment au Xinjiang, en l'appelant à ratifier le pacte international relatif aux droits civils et politiques des nations unies.

Par conséquent, il lui demande de quelle manière la France, nation des droits de l'homme, entend se positionner sur cette question.

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Transmise au Ministère de l'Europe et des affaires étrangères


Réponse du Ministère de l'Europe et des affaires étrangères publiée le 24/03/2022

S'agissant de la situation au Xinjiang, la France a dénoncé à de multiples reprises les pratiques injustifiables abondamment documentées par les rapports académiques et la société civile. Nous soulevons cette question à chaque occasion et à tous les niveaux, tant dans nos contacts bilatéraux auprès des autorités chinoises qu'au sein des enceintes multilatérales telles que le Conseil des droits de l'Homme et l'Assemblée générale des Nations unies (AGNU). Le 21 octobre 2021 en Troisième Commission de l'AGNU, la France a ainsi prononcé, au nom de 43 pays, une déclaration conjointe transrégionale faisant mention du caractère généralisé et systémique des violations des droits de l'Homme au Xinjiang. Par ailleurs, la France se coordonne étroitement avec ses partenaires européens en vue d'assurer une réponse européenne à la mesure de la gravité des violations des droits de l'Homme commises à l'encontre des personnes appartenant aux minorités ethniques et religieuses de cette région. C'est ainsi que, pour la première fois depuis 1989, l'Union européenne (UE) a sanctionné, le 22 mars dernier, une entité et quatre personnes impliquées dans les graves violations des droits de l'Homme perpétrées au Xinjiang. Concernant la représentation de la France aux Jeux olympiques d'hiver 2022, la ministre déléguée aux Sports a annulé son déplacement à Pékin après avoir été testée positive à la Covid-19. Ce déplacement avait été envisagé à l'issue et en tenant compte des consultations entreprises avec nos partenaires européens. Sa visite visait à soutenir les athlètes français, sans que cela n'affecte d'aucune manière notre position constante sur la situation des droits de l'Homme en Chine. Notre méthode est en effet de poursuivre le dialogue exigeant avec la Chine sur le respect des droits de l'Homme, notamment dans le cadre de la présidence du Conseil de l'UE et des prochaines échéances UE-Chine, mais aussi de se doter de mesures concrètes telles que l'adoption dans les meilleurs délais d'un cadre juridique européen pour éliminer le travail forcé et renforcer la conduite responsable des entreprises.

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