Question de M. BASCHER Jérôme (Oise - Les Républicains) publiée le 13/01/2022

Question posée en séance publique le 12/01/2022

M. le président. La parole est à M. Jérôme Bascher, pour le groupe Les Républicains. (Applaudissements sur les travées du groupe Les Républicains.)

M. Jérôme Bascher. Ma question s'adressait à M. le ministre de l'économie, dont la présence au Sénat ne fait pas partie, nous le regrettons, de ses bonnes résolutions pour 2022… (Bravo ! et applaudissements sur les travées du groupe Les Républicains.) Il a tout de même trouvé le temps de déclarer dans la presse, en début de semaine : « Nous ne pouvons pas garder une balance commerciale déficitaire, car […] c'est le reflet de la faiblesse de notre économie intérieure. »

Lors de son arrivée au ministère de l'économie, il y a près de cinq ans, M. Bruno Le Maire avait justement fait du redressement de la balance commerciale une priorité. Or patatras ! le déficit extérieur de la France a été historique en 2021, alors même que la croissance – vous le claironnez suffisamment – n'aura jamais été aussi forte…

Ma question au Gouvernement est donc simple : comment expliquer votre échec ? (Applaudissements sur les travées du groupe Les Républicains.)


Réponse du Ministère auprès du ministre de l'Europe et des affaires étrangères - Commerce extérieur et attractivité publiée le 13/01/2022

Réponse apportée en séance publique le 12/01/2022

M. le président. La parole est à M. le ministre délégué chargé du commerce extérieur et de l'attractivité. (Marques d'amusement sur les travées du groupe Les Républicains.)

M. Franck Riester, ministre délégué auprès du ministre de l'Europe et des affaires étrangères, chargé du commerce extérieur et de l'attractivité. Mesdames les sénatrices, messieurs les sénateurs, la question du commerce extérieur est une question majeure.

Considérons la situation : les exportations, après la crise sanitaire, sont reparties d'une façon très dynamique grâce à l'engagement et à la résilience des chefs d'entreprise, qui ont l'esprit de conquête, sont tournés vers l'international et ont, malgré les difficultés du fret maritime et de la crise covid, repris le chemin de l'exportation.

Mme Sophie Primas. La preuve !

M. Marc-Philippe Daubresse. Quelle soupe !

M. Franck Riester, ministre délégué. Ainsi, il n'y a jamais eu en France, depuis vingt ans, autant d'entreprises exportatrices que cette année : plus de 136 000.

M. Marc-Philippe Daubresse. Et jamais un tel déficit… Ce n'est pas la question.

Mme Sophie Primas. Tout va bien !

M. Franck Riester, ministre délégué. Dans nombre de secteurs, les exportations sont largement en hausse par rapport à avant la crise. (Exclamations sur les travées du groupe Les Républicains.)

Toutefois, la France connaît une croissance économique forte – elle s'élève, vous le savez, à plus de 6,5 % en 2021 –, qui procède de la consommation issue, en partie, de l'extérieur de notre pays et qui crée des besoins pour notre industrie en matière de composants, ce qui augmente mécaniquement nos importations.

M. Cédric Perrin. Donc tout va bien…

M. Franck Riester, ministre délégué. À cela s'ajoute, cela a été rappelé par l'un de vos collègues, l'augmentation du coût de la facture énergétique liée à la hausse très sensible du prix des matières énergétiques, en particulier du pétrole.

Ainsi, la différence entre la hausse des exportations, dans un certain nombre de secteurs importants, et l'augmentation plus importante des importations creuse le déficit commercial des biens. (Applaudissements ironiques sur les travées du groupe Les Républicains.) C'est un élément conjoncturel. (« Alléluia ! » sur les mêmes travées.)

D'un point de vue structurel, le Gouvernement est à la tâche pour réduire ce déficit au travers de l'amélioration de la compétitivité du pays, de sa réindustrialisation, d'une politique commerciale moins naïve, plus offensive – ce sujet est d'ailleurs au cœur de la présidence française du Conseil de l'Union européenne –, et, enfin, de l'accompagnement des entreprises à l'international.

M. le président. Il faut conclure !

M. Franck Riester, ministre délégué. Or, comme je vous le disais, nous n'avons jamais eu, depuis vingt ans, autant d'entreprises exportatrices en France que cette année. (Applaudissements sur les travées du groupe RDPI. – Vives exclamations sur les travées du groupe Les Républicains.)

M. le président. La parole est à M. Jérôme Bascher, pour la réplique.

M. Jérôme Bascher. Merci de vos réponses, monsieur le ministre.

Vous avez évoqué le prix de l'énergie. Pour la première fois, la France va importer de l'électricité alors qu'elle était exportatrice nette. Vous l'avez dit, nous allons même importer du charbon pour alimenter nos centrales, afin de compenser les creux de production. Nous allons ainsi augmenter encore notre déficit commercial.

Or non seulement nous sommes les « premiers » en matière de déficit commercial en Europe, mais nous en sommes également les « premiers » du déficit public ! Voilà donc comment on dépense l'argent des Français, non à faire leur bien mais à affaiblir, comme l'a indiqué votre ministre de tutelle, l'économie intérieure du pays. En effet, même sur les biens manufacturés, les prix des biens importés augmentent de 19 % et ceux des produits que nous exportons, de 14 %. Cela signifie que, pour le Français, la facture est plus élevée.

Quand on est le roi des déficits jumeaux, on ne peut pas donner de leçons et, quand on prend la présidence du Conseil de l'Union européenne, pour pouvoir entraîner tout le monde, il ne faut pas être le dernier de la classe ! (Vifs applaudissements sur les travées du groupe Les Républicains. – Mme Valérie Létard applaudit également.)

M. Jean-François Husson. Ça, c'est un service-volée !

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