Question de Mme GOULET Nathalie (Orne - UC) publiée le 03/02/2022

Question posée en séance publique le 02/02/2022

M. le président. La parole est à Mme Nathalie Goulet, pour le groupe Union Centriste. (Applaudissements sur les travées du groupe UC.)

Mme Nathalie Goulet. Monsieur le président, notre groupe tient évidemment à s'associer à l'hommage que vous avez rendu à notre collègue Olivier Léonhardt.

Ma question s'adresse à Mme Schiappa, puisque M. le ministre de l'intérieur est absent.

La diffusion d'un documentaire sur les dérives de l'islam radical à Roubaix a déchaîné les haines et les menaces contre la journaliste Ophélie Meunier, désormais placée sous surveillance policière.

Cette situation nous rappelle l'assassinat de Samuel Paty, le cas de la jeune Mila, sans parler des journalistes de Charlie Hebdo, qui sont toujours sous surveillance policière sept ans après les faits.

Dans ce pays, les journalistes, les enseignants et les autres citoyens devraient être libres d'exprimer des opinions sur l'islam sans crainte de représailles. Sinon, nous tombons dans la soumission…

La réponse faite hier à l'Assemblée nationale par Mme la ministre des sports sur la question du respect de la laïcité et du port des signes religieux dans les manifestations sportives n'a rien eu de véritablement rassurant.

Madame la ministre, ma question est simple : que comptez-vous faire – enfin – pour que la peur change de camp ? (Bravo ! et applaudissements sur les travées du groupe UC et sur des travées du groupe Les Républicains.)


Réponse du Ministère auprès du ministre de l'intérieur - Citoyenneté publiée le 03/02/2022

Réponse apportée en séance publique le 02/02/2022

M. le président. La parole est à Mme la ministre déléguée chargée de la citoyenneté.

Mme Marlène Schiappa, ministre déléguée auprès du ministre de l'intérieur, chargée de la citoyenneté. Madame la sénatrice, je veux d'abord réaffirmer le soutien du Gouvernement à Mme Ophélie Meunier, menacée parce qu'elle a présenté un reportage télévisé ne montrant ni plus ni moins que la réalité de l'action des islamistes en France, ainsi que les réponses des services de l'État.

À elle comme à tous les journalistes, je veux dire que nous sommes totalement mobilisés pour leur liberté. Pour cette raison, M. le ministre de l'intérieur a décidé de placer Mme Ophélie Meunier, ainsi que certaines personnes qui ont témoigné dans ce documentaire, sous protection policière.

Sur le plan de l'action, vous savez à quel point le Gouvernement est résolu à mieux lutter contre l'islamisme. Nous sommes venus devant vous défendre un projet de loi, qui a été enrichi par nos débats, et que vous avez voté. Ce texte, devenu la loi confortant le respect des principes de la République, est aujourd'hui appliqué.

Ma collègue Sarah El Haïry et moi-même avons ainsi présenté à Beauvais le contrat d'engagement républicain, selon lequel pas un euro d'argent public ne doit aller aux ennemis de la République. Nous l'avons voté, il est dans la loi et permet désormais de mieux lutter contre les associations qui sont les faux-nez de l'islamisme.

Par ailleurs, nous avons renforcé nos moyens de lutte contre le terrorisme. Je salue d'ailleurs l'action de nos services, qui ont permis de déjouer 37 attentats islamistes depuis le début de 2017.

Nous avons doublé le budget de la direction générale de la sécurité intérieure (DGSI).

Nous avons ouvert près de 2 000 emplois supplémentaires en rapport avec ces sujets.

Nous avons expulsé plus de 700 étrangers radicalisés, qui étaient inscrits au fichier de traitement des signalements pour la prévention de la radicalisation à caractère terroriste (FSPRT).

Nous avons mené plus de 24 000 opérations de contrôle sur des établissements soupçonnés de radicalisation. (Protestations sur les travées du groupe Les Républicains.)

Voix sur les travées du groupe Les Républicains. C'est du vent !

Mme Marlène Schiappa, ministre déléguée. Dans chaque département se trouvent maintenant les cellules locales de lutte contre l'islamisme et le repli communautaire (CLIR), qui permettent de mener ces actions.

Madame la sénatrice, je partage pleinement votre constat. Le Gouvernement est entièrement mobilisé pour agir concrètement contre la menace islamiste, qui pèse face à notre pays.

M. le président. La parole est à Mme Nathalie Goulet, pour la réplique.

Mme Nathalie Goulet. Madame la ministre, je ne trouve pas que le bilan du Gouvernement soit aussi positif.

Vous traitez les effets, mais n'attaquez jamais les causes. Je vous rappelle que des associations, en particulier à Roubaix, ont perçu des subventions publiques alors qu'elles sont proches des Frères musulmans.

Il y a quelques semaines, j'avais posé au Gouvernement une question au sujet des subventions accordées par l'Union européenne à des organisations islamistes, qui réagissait également à cette scandaleuse campagne du Conseil de l'Europe en faveur du hijab, menée avec des fonds européens.

Aujourd'hui, la France préside l'Union européenne. Allez-vous interdire les Frères musulmans, et les mettre sur la liste des organisations terroristes ? Allez-vous passer au crible les financements des associations, contrôler les rescrits fiscaux de celles qui perçoivent des subventions publiques et des dons ?

Les dispositions dont vous avez parlé ne sont absolument pas efficaces, alors que ces dérives doivent être sérieusement dénoncées. Je le dis encore une fois : des démarches doivent être menées à l'échelon européen. Je compte sur la présidence française du Conseil de l'Union européenne pour mettre un terme à ces dérives, notamment en matière de financements. Et surtout, madame la ministre, faisons interdire les Frères musulmans : inscrivons ce groupe sur la liste des organisations terroristes. (Applaudissements sur les travées du groupe UC et sur des travées du groupe Les Républicains.)

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