Question de M. GILLÉ Hervé (Gironde - SER) publiée le 28/04/2022

M. Hervé Gillé attire l'attention de M. le ministre des solidarités et de la santé sur la précarité du milieu psychiatrique en France.

En France, les problèmes de santé mentale affectent douze millions de personnes et constituent la dépense la plus forte pour l'assurance-maladie, et les pathologies les plus fréquentes après le cancer et les maladies cardiovasculaires.

La pandémie a eu un impact fort sur le mental des français et a perturbé les services essentiels de santé mentale. Selon l'Institut français d'opinion publique (IFOP) 44 % des Français considèrent que la crise sanitaire a eu des conséquences négatives sur leur santé mentale. Plus inquiétant encore, une personne sur cinq a déjà pensé qu'il vaudrait mieux qu'elle soit morte ou a songé à se blesser.

Les établissements publics de santé mentale sont des lieux sous tension constante, le constat est dur : insuffisance de prise en charge, baisse de recrutement, baisse de moyen, cloisonnement de la médecine du corps et la médecine psy, manque de coopération, prise en charge trop hospitalo-centrée, manque de lits en services psychiatriques.

Pour répondre à cet encombrement et aux différentes urgences que connaît le milieu de la santé mentale, un dispositif de remboursement des séances en psychothérapie a été mis en place le 5 avril 2022. Les conditions de remboursement ne conviennent pas aux psychologues qui alertent depuis des mois sur son impossible réalisation.

Premièrement, ce dispositif précise que les remboursements seront limités à une portion congrue de la population (250 000 personnes en année 1, soit 0,5 % de la population). De fait, seuls « les troubles d'intensité légers à modérés » seront concernés, et les personnes prenant un traitement anxiolytique ou antidépresseur seront de facto exclus de cette prise en charge.

Deuxièmement, le patient doit être orienté par un médecin. Ce qui va à l'encontre de l'accès libre et direct à un psychologue.

Troisièmement, ce dispositif n'est remboursé que pour huit séances. C'est prendre le risque d'interrompre une thérapie en cours et laisser en errance un patient.

Pour finir, le montant des séances est remboursé à hauteur de trente euros. Ce montant risque de paupériser la profession qui doit compter dans ce montant sa rémunération, mais également payer un loyer, ses charges, ses formations et sa supervision. En moyenne, une séance est payée soixante euros, cette baisse de moitié condamne les psychologues à enchaîner les patients et donc baisser en qualité de prise en charge.

L'exécutif s'érige en gestionnaire face à des professionnels qui pratiquent au contraire un métier de lien et de confiance basé sur les rapports humains.

Ainsi, il lui demande comment il peut parfaire ce dispositif de remboursement des séances et, plus généralement, comment il compte répondre à la crise financière et matérielle que vit le milieu psychiatrique.

Il souhaite savoir ce qu'il compte faire pour améliorer la situation et adopter un dispositif de remboursement de séances de psychothérapie en discussion et accord avec les psychologues.

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Transmise au Ministère de la santé et de la prévention


La question est caduque

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