Question de Mme VÉRIEN Dominique (Yonne - UC) publiée le 14/07/2022

Mme Dominique Vérien attire l'attention de Mme la ministre déléguée auprès du ministre de la santé et de la prévention, chargée de l'organisation territoriale et des professions de santé concernant l'avenir des instituts en formation de soins infirmiers (IFSI).
Comme le rappelle le rapport de la Commission d'enquête du Sénat « Hôpital : sortir des urgences », le Gouvernement a décidé d'augmenter de 15 % en deux ans le nombre de places ouvertes en première année en IFSI, représentant donc une augmentation de 5 000 places en première année entre 2020 et la rentrée 2022. L'arrêté du 13 juillet 2022 prévoyait l'ouverture de 34 037 places pour les étudiants entrant en première année de diplôme d'État (DE) infirmier à la rentrée 2021–2022, représentant alors 2.575 places de plus qu'en 2020–2021. Une seconde vague d'augmentation est d'ores et déjà indiquée pour la rentrée 2022–2023 qui devrait voir les capacités d'accueil des IFSI s'élever à 36 104 places. Au total, 4 672 nouvelles places vont être créées d'ici 2022, c'est donc bien 15 % de plus qu'en 2020.
Les 365 instituts de formation en soins infirmiers (IFSI) ont reçu plus de 689 000 dossiers de candidatures sur parcoursup en 2021, selon le ministère de l'enseignement supérieur, alors que quatre ans auparavant, le nombre de candidature ne dépassaient pas les 180 000. Pour rappel, depuis 2019, l'accès aux IFSI s'effectue après le baccalauréat par une simple sélection de dossier passant par parcoursup et non plus par deux ans de prépa.
Toutefois, malgré un record de candidatures, les études d'infirmiers font face à un nombre d'abandons sans précédent, ne faisant finalement qu'aggraver la pénurie de soignants. Deux mois après la rentrée de 2021, en IFSI, 12,9 % des étudiants avaient jeté l'éponge. Cette situation pourrait révéler l'inadaptation de la sélection par l'algorithme parcoursup, puisqu'à partir d'une demande surabondante, elle dirige vers les IFSI trop de profils paraissant insuffisamment motivés ou préparés aux réalités souvent très dures de la formation.
C'est pourquoi, elle lui demande de laisser plus de libertés et de possibilités d'action aux écoles dans le choix de leurs futurs élèves en instaurant, par exemple, un oral en plus de l'étude du dossier.

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Réponse du Ministère auprès du ministre de la santé et de la prévention, chargé de l'organisation territoriale et des professions de santé publiée le 10/11/2022

Le recrutement des professionnels de santé non médicaux est un enjeu crucial pour les établissements sanitaires, sociaux et médico-sociaux : à titre d'illustration, près de 70 % des professionnels de la fonction publique hospitalière exercent un métier paramédical ou médico-technique. Pour répondre à cet enjeu, environ 156 000 étudiants paramédicaux sont formés chaque année. Diverses mesures ont été mises en œuvre ces dernières années pour augmenter le nombre de professionnels formés, en premier lieu desquelles l'augmentation des places en formation via la politique d'augmentation des quotas et plus récemment via le plan de relance pour les instituts de formation en soins infirmiers et d'aides-soignants. En outre, la refonte des modalités d'accès aux formations sanitaires, via Parcoursup, avec la suppression des concours d'entrée, a permis de réduire considérablement les coûts pour les candidats, de renforcer l'égalité des chances, la visibilité des formations, leur intégration dans l'enseignement supérieur et leur attractivité. Les instituts de formation en soins infirmiers établissent les critères de sélection en lien avec les attendus et critères nationaux définis qui seront appliqués par l'algorithme de la plateforme, dans le respect de la règlementation relative à la sélection de la formation en soins infirmiers et à Parcoursup. Ils ont ainsi un rôle actif dans le choix des candidats sélectionnés. Cependant, le taux de décrochage des étudiants en cours de formation reste effectivement significatif. En effet, si la formation en soins infirmiers apparaît dans le trio de tête des vœux sur Parcoursup, les abandons en cours de formation existent. Au-delà des erreurs d'orientations qui existent dans l'ensemble des formations post-baccalauréat, ces abandons peuvent, dans certains cas, s'expliquer par les conditions d'accueil et d'intégration en stage des étudiants, les professionnels ayant été fortement mobilisés tout au long de la crise de la Covid-19 et depuis lors. L'accueil en stage des étudiants et la valorisation du tutorat fait ainsi l'objet d'une attention forte du ministère, au-delà de l'instruction interministérielle n° DGOS/RH1/DGESIP/2020/155 du 9 septembre 2020 relative à la mise à disposition des étudiants et élèves en santé non médicaux, de tenues professionnelles gérées et entretenues par les structures d'accueil en stage. Améliorer l'accueil et l'intégration des étudiants en stage pour éviter leur décrochage constitue une priorité, sur lequel le ministère de la santé et de la prévention est engagé. A cet effet, cette thématique sera au coeur du volet santé du Conseil national de la refondation (CNR) dans le cadre du chantier attractivité des métiers de la santé.

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