Question de M. SAVARY René-Paul (Marne - Les Républicains) publiée le 04/08/2022

M. René-Paul Savary interroge M. le ministre de la santé et de la prévention au sujet de la thématique des erreurs médicamenteuses en lien avec l'évolution digital du stockage et de la distribution de médicaments en milieu hospitalier.

En effet, on estime le coût annuel des erreurs médicamenteuses à 350 millions d'euros par an.
À l'hôpital, ces erreurs sont souvent dues à une surcharge de travail et au stress engendré pour le personnel médical, en particulier pour le corps infirmier qui consacrent entre deux et trois heures par jour à la gestion et à la distribution des médicaments, ainsi qu'à diverses tâches administratives liées au stockage.

Ces dernières années, plusieurs logiciels ont été créés afin d'automatiser le stockage et la distribution des médicaments, permettant ainsi aux infirmiers de mieux se consacrer aux patients et d'éviter environ 40 % du nombre total d'erreurs médicamenteuses. Ces technologies sont présentes dans de nombreux pays mais la France connaît un retard en matière de diffusion de ces logiciels en milieu hospitalier.

Lors du récent Ségur de la santé, un financement de 1,4 milliard d'euros a été annoncé en faveur du rattrapage du retard numérique dans le secteur de la santé, sans que les modalités de répartition de ces financements soient précisées.

Aussi, il souhaite savoir si le Gouvernement entend préciser les différents fléchages des financements promis lors du Ségur de la santé et s'il prévoit de faire de l'autonomisation du stockage et de la distribution des médicaments en matière de digitalisation des hôpitaux, une priorité.

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Transmise au Ministère de la santé et de la prévention


Réponse du Ministère de la santé et de la prévention publiée le 24/08/2023

Deux enquêtes nationales sur les évènements indésirables liés aux soins (ENEIS) ont montré que près d'un tiers des évènements indésirables graves (EIG) liés aux soins étaient imputables aux médicaments et que plus de la moitié d'entre eux étaient évitables. Dans le cadre de l'objectif de modernisation des hôpitaux, l'automatisation des pharmacies à usage intérieur (PUI) et du circuit du médicament est un élément de sécurisation de la prise en charge médicamenteuse, de traçabilité et de gain d'efficience. L'automatisation concerne principalement deux aspects du circuit du médicament : d'une part le stockage des médicaments et leur dispensation globalisée, et d'autre part la production de doses unitaires et la préparation des doses à administrer sous la forme de piluliers nominatifs. La digitalisation est évidemment une part centrale de l'automatisation, que ce soit au niveau du pilotage des équipements ou, en amont, pour la gestion des flux de données qui alimentent ces processus, en particulier les prescriptions médicales et les informations de stock. Outre la réduction des EIG, la numérisation de l'ensemble de la chaîne permet effectivement au personnel soignant de se recentrer sur son coeur de métier. Conscient des apports de la numérisation des processus pour améliorer les conditions de travail des personnels soignants et la sécurité des soins, le ministère de la santé et de la prévention accompagne la transformation numérique des établissements de santé dans le cadre du programme Hop'EN, et en particulier dans l'informatisation de la prescription alimentant le plan de soin, préalable à la simplification et à l'automatisation de la dispensation. 135 projets ont été accompagnés dans ce cadre pour un total de 43 millions d'euros, en particulier dans le cadre du Ségur. À mi 2023, 94 projets sont achevés, 41 sont encore en cours. Bien que préconisée depuis de nombreuses années, l'automatisation de la chaîne de dispensation concerne encore un faible nombre de pharmacies à usage intérieur. Ainsi, en 2017, une étude estimait à 50 sur 3 000 le nombre de PUI équipées d'un automate de dispensation nominative, soit moins de 2 %. Le Gouvernement a lancé en 2020 un grand plan de relance des investissements hospitaliers, le « Ségur investissement », qui vise à la fois à soutenir les projets prioritaires des établissements, mais également leurs investissements dits « du quotidien » et notamment l'achat d'équipements. Ce sont ainsi en tout 1,5 milliards d'euros qui sont mis à disposition des établissements entre 2021 et 2025 pour les équipements, les installations techniques et les rénovations légères.

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