Question de M. GILLÉ Hervé (Gironde - SER) publiée le 11/08/2022

M. Hervé Gillé attire l'attention de M. le ministre de la santé et de la prévention sur l'avenir de la profession infirmière et les évolutions de ce métier.

Le fracture entre les professionnels de santé et leur secteur ne cesse de croitre. D'après une enquête menée par les organisations représentatives, quatre infirmiers sur dix envisagent de quitter leur métier depuis la crise du covid.

Ce constat alarmant met en lumière la souffrance d'une profession depuis des décennies. La dévalorisation de la profession et le faible salaire des infirmiers ne sont pas les seules entraves à cet emploi. Le Ségur de la santé a amélioré les salaires, mais ne résout pas la crise profonde. En effet, il s'ajoute à la précarité de cet emploi des règles encadrant la profession qui complexifient le travail des infirmiers et font perdre le sens profond de ce métier : le soin.

Les incohérences dans le parcours d'infirmier commencent dès la formation. Les infirmiers effectuent 4 200 heures d'apprentissage sur une durée de trois ans pour obtenir un diplôme d'État grade licence. À titre de comparaison, les étudiants qui poursuivent une formation bac +5 effectuent entre 3 000 et 5 000 heures de cours, mais avec un diplôme master à la clé.

Autre incohérence à relever, cette fois dans la pratique : les infirmiers ne peuvent pas prescrire ou donner de médicaments et ce même s'ils sont en vente libre à la pharmacie.
Les infirmiers souhaitent voir leurs compétences élargies, notamment dans l'éducation et la prévention thérapeutique. En effet, une étude montre que 97 % d'entre eux aimeraient y avoir un rôle renforcé.

Les infirmiers sont épuisés par la crise sanitaire qu'ils continuent de vivre, ils ne se sentent pas assez préparés pour en vivre d'autres, cumulant à cet état de crise un désaveu global de leur profession.
Pour répondre à ces attentes fortes et aux grands enjeux sanitaires de demain, des acteurs de terrain mènent des réflexions collectives et prospectives. Il s'agit de repositionner à sa juste place une profession essentielle dans le système de santé.

Ainsi, il lui demande ce qu'il envisage pour accompagner ces professionnels dans l'évolution de leur profession et quelles mesures il propose pour compléter le Ségur et valoriser leur formation et améliorer leurs conditions de travail.

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Réponse du Ministère de la santé et de la prévention publiée le 03/11/2022

L'évolution de la profession infirmière a fait l'objet d'un processus long et progressif de reconnaissance. Les évènements structurels comme la réforme de la formation en 2009, le développement des protocoles de coopération et la création de la pratique avancée infirmière en 2018 notamment, ont accompagné le changement de positionnement de ce groupe professionnel au sein de l'écosystème des professions de santé. Le ministère de la santé est sensibilisé aux problématiques rencontrées par les professionnels infirmiers depuis plusieurs années. A travers la mise en œuvre de la stratégie « Ma Santé 2022 », puis de la déclinaison des accords du Ségur de la santé, des actions fortes ont été menées pour engager une vision à long terme du rôle des professions paramédicales dans la transformation de notre système de santé et en particulier des infirmiers. En tant qu'acteurs majeurs de nos organisations en raison de leur effectif et de leur polyvalence d'exercice, les infirmiers représentent un groupe professionnel sur lequel le ministère entend s'appuyer pour poursuivre ces transformations en profondeur. Dans cette perspective, la révision de la pratique infirmière et sa construction juridique sont à reconsidérer pour lui apporter l'agilité indispensable au contexte sanitaire mouvant et exigeant actuel. Alors que la question de l'attractivité des carrières a été posée de manière centrale avec plusieurs mesures visant à améliorer les perspectives de carrière et les rémunérations, notamment des personnels infirmiers, et que plus de 6 000 nouvelles places en formation ont été créées, il convient de prendre en compte la question de l'exercice et des compétences qui est également centrale dans l'attractivité du métier.     Publié en novembre 2021, le rapport IGAS intitulé « Trajectoires pour de nouveaux partages de compétences entre professionnels de santé » a traité la question des infirmiers en pratique avancée et des protocoles de coopération mais également initié l'examen de la question de la profession infirmière dans son articulation globale, notamment avec les autres professionnels de santé. Les enjeux de ce sujet nécessitent une réflexion en amont pour structurer l'ouverture des travaux de réforme pour le champ de la formation et de l'exercice infirmier. Le projet de refonte du métier infirmier doit répondre aux exigences actuelles de la profession, aux besoins de santé de la population, d'accès aux soins et d'assurer un regain d'attractivité de la profession. La pratique infirmière en soins généraux doit être reconnue et valorisée. Un tel projet de refonte est également un levier pour renforcer l'attractivité de la profession. Eu égard à l'ambition de refonte du métier infirmier, le ministère de la santé a confié à l'inspection générale des affaires sociales et l'inspection générale de l'enseignement supérieur et de la recherche une mission conjointe afin d'apporter un appui prospectif et technique à travers des recommandations. Les conclusions de cette mission permettront ainsi d'appuyer les réflexions sur le métier infirmier et de potentiels travaux.

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