Question de M. MASSON Jean Louis (Moselle - NI) publiée le 11/08/2022

Sa question écrite du 5 mars 2020 n'ayant pas obtenu de réponse sous la précédente législature, M. Jean Louis Masson attire à nouveau l'attention de Mme la Première ministre, sur le fait que le rapport de la Cour des comptes stigmatise l'École polytechnique au motif qu'elle ne recrute qu'environ 17 % de femmes dans chaque promotion. Il attire son attention sur le fait que les épreuves du concours sont anonymes, à la différence de beaucoup d'écoles qui procèdent à un recrutement sur dossier. Dans ces conditions, on ne peut donc absolument pas mettre en cause les modalités du recrutement, sauf à vouloir imposer un système discriminatoire d'épreuves permettant de favoriser les femmes. Il lui demande donc si, au lieu de critiquer l'École polytechnique, la Cour des comptes n'aurait pas plutôt dû cibler l'orientation dans les classes secondaires et dans les classes préparatoires. Dans ces dernières et pour les filières scientifiques, il y a en effet beaucoup moins de femmes que d'hommes et c'est la raison pour laquelle ce déséquilibre se répercute au niveau du résultat du concours. Il souhaite donc savoir si elle partage l'analyse de la Cour des comptes qui semble mettre en cause le concours de recrutement de l'École polytechnique.

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Transmise au Ministère de l'enseignement supérieur et de la recherche


Réponse du Ministère de l'enseignement supérieur et de la recherche publiée le 06/10/2022

Dans son rapport de février 2020 consacré à l'Ecole polytechnique, la Cour des comptes fait le constat d'un « recrutement très peu diversifié des élèves français du cycle ingénieur [de l'X] tant en termes de genre que d'origine sociale ». Elle précise que « la proportion de jeunes filles françaises entrantes stagne depuis dix ans » et ajoute qu'elle « est comparable à celle constatée à Centrale supélec (19 %) mais reste encore bien inférieure à la moyenne constatée dans les écoles d'ingénieurs (27,2 % en 2017-2018) ». L'examen de l'évolution du taux des « jeunes femmes françaises » entrant dans le cycle ingénieur de l'école polytechnique depuis 2012 (en %) permet de nuancer le constat de stagnation fait par la Cour des Comptes, puisque le taux moyen des cinq dernières années de la décennie est de 18,5 %, contre 15,4 % pour les cinq premières années :


2012

2013

2014

2015

2016

2017

2018

2019

2020

2021

14,7

14

16,7

14,5

17

18,6

21,9

17,9

17,9

16,3
Source : Bases documentaires – Gargantua de l'X Cette relative faiblesse du pourcentage des femmes entrant à l'X reflète l'historique prépondérance des hommes dans les classes préparatoires scientifiques (69 % d'hommes contre 31 % de femmes), tandis que les classes littéraires sont très majoritairement féminines (71,5 % de femmes contre 28,5 % d'hommes), la filière économique présentant quant à elle une répartition équilibrée entre effectifs masculins (49,4 %) et effectifs féminins (50,6 %). L'attractivité des études scientifiques moins forte pour les filles que pour les garçons semble avoir une origine essentiellement culturelle, de nombreuses familles les incitant à s'orienter vers les métiers de la santé plutôt que vers le métier d'ingénieur. On notera cependant, en 2021, l'augmentation de la part des filles qui ont choisi une orientation scientifique après le bac, et en particulier la hausse du nombre de celles qui se sont orientées en maths sup (classes préparatoires MPSI, MP2I, PCSI ou PTSI). En 2021-2022, sur 100 étudiantes de CPGE, 47 étaient en filière scientifique, 27 en filière économique et 26 en filière littéraire (1). Souhaitant accompagner et favoriser cette évolution, le ministère de l'enseignement supérieur et de la recherche apporte quant à lui son soutien aux institutions et aux associations qui font la promotion des sciences et des métiers techniques auprès des jeunes filles, comme les associations Femmes ingénieures et Femmes et sciences, partenaires, par exemple, de la diffusion, auprès des collégiennes et des lycéennes, du documentaire de la fondation Mines ParisTech IngenieurEs. (1) Cf. Note Flash du SIES n° 04, février 2022.

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