Question de Mme APOURCEAU-POLY Cathy (Pas-de-Calais - CRCE) publiée le 08/09/2022

Mme Cathy Apourceau-Poly attire l'attention de Mme la ministre de la transition énergétique sur la pénurie et la hausse des prix du pellet. En un an, le prix de la tonne de granulé a doublé, et la menace d'une pénurie pour cet hiver s'installe. L'interdiction d'installation de chaudières au fioul ou au charbon, à compter du 1er juillet 2022, et les aides distribuées pour accompagner les gens dans une reconversion au chauffage au bois, ont fait grimper de près de moitié la vente de poêles à granulé.
Si on peut s'en réjouir d'un point de vue environnemental, force est de constater que la production française de pellets, pourtant en plein essor, ne réussit pas à couvrir la demande. Ajoutez à cela l'arrêt des importations de bois de Russie, de Biélorussie et d'Ukraine, et la pénurie menace pour cet hiver. Enfin, on ne peut écarter un phénomène « d'aubaine », pour ne pas dire de spéculation, qui amènerait certains producteurs à profiter de cette situation pour accentuer l'augmentation des prix.
Le Gouvernement a pris un certain nombre de mesures pour limiter la hausse des prix du gaz et des carburants. Ne serait-il pas judicieux d'encadrer également le prix des pellets ? Ce d'autant que, face au risque de pénurie de gaz, beaucoup de familles ont décidé de faire du chauffage au bois leur seul chauffage, quand il ne servait auparavant que d'appoint.
Il serait d'autant plus juste que les utilisateurs de ce type de chauffage ont fait confiance aux pouvoirs publics qui les incitaient à y recourir.

Elle souhaiterait donc connaître les mesures que le ministère entend prendre pour assurer l'approvisionnement en pellets, et pour en faire baisser les prix. Dans la conjoncture que nous connaissons, il ne peut pas y avoir de place pour « les profiteurs de crise ».

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Réponse du Ministère de la transition énergétique publiée le 22/09/2022

Nous faisons actuellement face à la plus grave crise énergétique depuis les chocs pétroliers de 1970 en raison du conflit ukrainien. Elle a des conséquences directes sur nos approvisionnements énergétiques et sur les coûts de l'énergie. Les prix de l'énergie expliquent à eux seuls 60 % de l'inflation actuelle. Le Gouvernement mesure bien les effets sur le portefeuille des Français, sur les finances des collectivités locales et sur la compétitivité des entreprises. La hausse des prix de l'électricité, du gaz et du fioul entraine un report des consommateurs qui disposent de plusieurs types d'énergies vers les granulés de bois. De plus, on assiste également à la constitution de stocks prudentiels qui accroit la pression sur la demande. Cette hausse de la demande de granulés est par ailleurs renforcée par le nombre croissant d'installations d'appareils à granulés qui a progressé de 43 % pour les poêles et de 120 % pour les chaudières en 2021. Pour toutes ces raisons, des distributeurs ont ainsi pu faire face à des ruptures de stocks temporaires. D'autres facteurs exogènes stimulent cette hausse. Le coût des matières premières et du transport a également renchéri le prix des granulés dont le coût de la tonne est passé en moyenne à 600 €TTC en juillet contre 400 €TTC en janvier dernier. Face à cette situation, le Gouvernement agit pour répondre à la disponibilité des granulés à court et long terme et pour soutenir financièrement les Français qui subissent la hausse des prix. Le cabinet de la ministre de la transition énergétique et ses services suivent avec vigilance la situation en lien étroit avec la filière de granulés. Il ressort des échanges avec cette dernière qu'il n'y a à ce jour pas de risque de tensions d'approvisionnement à court terme. Les producteurs et distributeurs de granulés travaillent actuellement à assurer l'approvisionnement en granulés des consommateurs français cet hiver, dans un contexte où le marché européen ne peut plus compter sur les importations de granulés en provenance de Russie, de Biélorussie et d'Ukraine. Il est par ailleurs primordial que les consommateurs ne stockent pas plus de granulés que nécessaire pour leurs besoins de chauffage cet hiver et fassent preuve de sobriété énergétique. Le ministère de la transition énergétique a par ailleurs mis en place, dans le cadre du plan d'investissement France 2030, des mesures qui permettront d'augmenter les capacités de séchage des produits bois et donc de production de granulés. Dans le cadre de l'appel à projet BCIAT (Bois chaleur industrie agriculture et tertiaire), l'Agence de l'environnement et de la maîtrise de l'énergie (ADEME) a contribué au financement de 14 chaufferies liées à la fabrication de granulés pour une puissance de 148 MW, ce qui représente une production annuelle de granulés estimée à 850 000 tonnes. Les projets en fonctionnement représentent une production annuelle de granulés d'environ 300 000 tonnes. Parmi les projets en cours de réalisation, ceux dont la mise en service est prévue d'ici fin 2023 pourraient augmenter la production annuelle de granulés de 360 000 tonnes. L'appel à projet BCIB (Biomasse chaleur pour l'industrie du bois), destiné aux projets biomasse vise à alimenter en chaleur des industries du bois manufacturières. La première relève de cet appel à projet a permis d'analyser 5 projets comportant de la fabrication de granulés. S'ils étaient tous retenus, ces projets pourraient produire, d'ici 3 à 4 ans, de l'ordre de 400 000 tonnes de granulés par an. Le ministère de la transition énergétique et l'ADEME étudient actuellement l'opportunité de renouveler cet appel à projet, afin d'accélérer encore davantage le développement de ces biocombustibles de qualité. Concernant les aides aux ménages, le Gouvernement a en effet mis en place des aides spécifiques sur le gaz et l'électricité mais aussi des aides plus larges, en particulier pour les ménages modestes. Ainsi, un chèque énergie exceptionnel de 100 € avait été attribué à 5,8 millions de ménages en décembre 2021. Ce chèque est utilisable jusqu'au 31 mars 2023 et permet de régler des factures d'électricité, de gaz, de fioul ou d'autres combustibles, dont le bois. Le Gouvernement reste très attentif à la situation des ménages, en particulier les plus modestes, au regard des prix de l'énergie. Le prochain débat parlementaire sur la loi de finances 2023 sera l'occasion d'aborder ces sujets et les réponses à apporter à la situation actuelle, dont les évolutions possibles du chèque énergie.

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