Question de Mme DUMAS Catherine (Paris - Les Républicains) publiée le 06/10/2022

Question posée en séance publique le 05/10/2022

M. le président. La parole est à Mme Catherine Dumas, pour le groupe Les Républicains. (Applaudissements sur les travées du groupe Les Républicains.)

Mme Catherine Dumas. Ma question s'adresse à M. le ministre de l'intérieur et des outre-mer.

Monsieur le ministre, ce matin, vous avez ordonné l'évacuation du « campement du crack », situé dans le square de Forceval à Paris, le prolongement de la « colline du crack », cette colline de l'enfer. Après ce qui a été annoncé comme une opération d'envergure de la lutte contre la drogue dans la capitale, des questions demeurent. Où sont-ils allés ? Où vont-ils aller ? Seront-ils soignés ?

Les opérations de ces dernières années ont montré que les consommateurs de drogue et leurs dealers changeaient d'endroit rapidement, souvent d'ailleurs peu de temps avant le passage des forces de l'ordre. Cette situation reste un drame humain considérable pour ces centaines de personnes qui se droguent sous nos yeux. À cela s'ajoutent des scènes d'une violence inouïe, qui se déroulent tous les jours dans la capitale : l'agression d'un bébé, de policiers, d'un pharmacien, d'une opticienne, une femme poussée sur les rails du métro, sans oublier, tout dernièrement, celle, extrêmement violente, d'un homme de 92 ans, roué de coups par une toxicomane.

À Paris, c'est une évidence : le plan crack est un échec, car le problème n'est pas traité ; il est juste déplacé du dix-neuvième au dix-huitième arrondissement, ou inversement.

Monsieur le ministre, que comptez-vous faire pour éradiquer définitivement le trafic et la consommation du crack à Paris ? (Applaudissements sur les travées du groupe Les Républicains.)


Réponse du Ministère de l'intérieur et des outre-mer publiée le 06/10/2022

Réponse apportée en séance publique le 05/10/2022

M. le président. La parole est à M. le ministre de l'intérieur et des outre-mer.

M. Gérald Darmanin, ministre de l'intérieur et des outre-mer. Madame la sénatrice, en effet, tôt ce matin, à peu près un millier de policiers étaient dans le dix-neuvième arrondissement de Paris pour procéder à la destruction, après réquisition des services de la Ville de Paris, de ce qu'on pourrait appeler une « ville parallèle », depuis la « colline du crack », que vous avez évoquée, jusqu'au square de Forceval, mais également pour interpeller les personnes qui y passent la nuit, dont vous savez qu'elles sont à peu près 200 ; entre 600 et 700 y sont présentes le jour, en fonction d'un certain nombre d'aléas, puisque nous avons compté jusqu'à 17 points de deal de crack dans cette zone.

Il me faut rappeler que, cette année, depuis le 1er janvier, 772 affaires ont été traitées par la police parisienne, et 584 personnes interpellées. Cela montre à chacune et à chacun le travail qui était déjà effectué auparavant.

Cependant, après m'en être ouvert auprès de Mme la Première ministre, j'ai décidé de lancer cette opération, qui permettra de laisser pendant plusieurs jours, plusieurs semaines, voire plusieurs mois, s'il le faut, des centaines de policiers entre la place de la Bataille-de-Stalingrad, à Paris, et les villes d'Aubervilliers et de Pantin, pour empêcher la reconstitution de ces villages de drogue à ciel ouvert : il s'agit non pas de les déplacer, mais bien d'y mettre fin.

Ce matin, 211 contrôles d'identité ont été effectués : 52 individus étaient en infraction à la législation sur les étrangers, c'est-à-dire en séjour irrégulier sur le territoire national ; ils sont donc en train d'être conduits dans des centres de rétention administrative (CRA). Nous avons réservé 70 places de CRA pour pouvoir y mettre ces personnes jusqu'à leur expulsion du territoire national. On a mis à l'abri 62 autres personnes, notamment des femmes particulièrement vulnérables. La police a effectué 39 interpellations, dont 17 fiches de recherche ; 6 infractions à la législation sur les stupéfiants ont été relevées, 11 personnes avaient des armes et un pistolet automatique a d'ailleurs été retrouvé ce matin très tôt. Enfin, il a été procédé à 5 hospitalisations d'office.

Madame la sénatrice, l'État a pris ses responsabilités pour mettre fin à ce désordre, que les Parisiens ne pouvaient plus accepter. Il faut désormais que les collectivités locales, en lien bien sûr avec les autorités de santé, prennent aussi leurs responsabilités. C'est le sens des appels que j'ai eus avec Mme la maire de Paris, que j'ai prévenue hier. C'est aussi le sens du travail partenarial auquel Mme la Première ministre et moi-même appelons, avec la région Île-de-France et la Ville de Paris pour que l'ordre soit maintenu, bien évidemment, mais aussi pour que le suivi sanitaire soit assuré. (Applaudissements sur les travées des groupes RDPI et INDEP, ainsi que sur des travées du groupe RDSE.)

M. le président. La parole est à Mme Catherine Dumas, pour la réplique.

Mme Catherine Dumas. Je prends note de ces éléments, qui sont censés répondre à l'inquiétude ou, plutôt, à la colère des riverains, mais aussi à l'impatience des élus parisiens. Avec les élus du groupe Changer Paris, sous la présidence de Rachida Dati, nous prendrons d'ailleurs une initiative lors du prochain conseil de Paris. (Exclamations ironiques sur les travées du groupe SER.)

À cette occasion, nous comptons sur le plein soutien du préfet de police Laurent Nuñez, d'autant que l'exécutif parisien a montré toutes ces dernières années son incompétence et son inefficacité en la matière.

Alors, monsieur le ministre, votre responsabilité est grande. Ne laissez pas perdurer dans notre capitale le plus grand marché à ciel ouvert de crack en France ! (Bravo ! et applaudissements sur les travées du groupe Les Républicains.)

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