Question de M. DOSSUS Thomas (Rhône - GEST) publiée le 13/10/2022

Question posée en séance publique le 12/10/2022

M. le président. La parole est à M. Thomas Dossus, pour le groupe Écologiste – Solidarité et Territoires. (Applaudissements sur les travées du groupe GEST. – M. Joël Bigot applaudit également.)

M. Thomas Dossus. Madame la ministre, dans un peu plus d'un mois commencera la XXIIe Coupe du monde de football, au Qatar.

Sans préjuger de la sélection finale, il faut admettre que, cette année, nous avons une équipe de très haut niveau ; cette Coupe du monde aurait donc dû être une très belle fête pour la France.

Pourtant, on le voit, un malaise, pour ne pas dire du dégoût, est en train de grandir, y compris chez certains des plus fervents supporters des Bleus. En réalité, nous sommes face à un dilemme : une troisième étoile sur le maillot bleu vaut-elle toutes les compromissions ? Car, des compromissions, il y en a eu et il y en a encore.

En 2010, Kylian Mbappé n'avait que 12 ans, mais, à cette époque, Nicolas Sarkozy œuvrait déjà avec succès pour que la monarchie qatarie se voie attribuer l'organisation de l'événement. Douze ans plus tard, on s'apprête à jouer la plus grande compétition de football sur les cadavres de 6 500 travailleurs qui ont participé à la construction de stades climatisés. Douze ans plus tard, les droits humains n'ont pas progressé au Qatar, les minorités sexuelles sont toujours persécutées, les femmes ne sont pas libres et l'esclavage continue. Douze ans plus tard, le climat prend la trajectoire d'un chaos global et on continue d'organiser de grands événements sportifs dans le déni climatique, en dépit de toutes les alertes, de toutes les catastrophes, de tous les emballements, de tous les drames qui surviennent.

Vous me direz sans doute, madame la ministre, que vous n'êtes pas comptable des compromissions passées, mais la France s'apprête à exporter, demain, son savoir-faire en matière de sécurité, en mettant au service de la dictature qatarie 220 gendarmes et agents de la sécurité civile, tous des hommes, bien entendu, pour ne pas choquer le rigorisme religieux des émirs…

Pourtant, au-delà du rayonnement de nos équipes nationales, le sport français devrait être un réel vecteur d'engagement en faveur des droits humains et du climat.

Ma question est donc la même que celle que je posais à votre prédécesseur voilà quelques mois, à l'occasion des jeux Olympiques au pays du génocide ouïghour : si nos joueurs n'ont pas à assumer les choix politiques de la France, allez-vous, de votre côté, au moins boycotter diplomatiquement cette Coupe du monde de la honte et de la compromission ? Allez-vous enfin engager votre ministère dans une réelle diplomatie sportive au service du climat et des droits humains ? (Applaudissements sur les travées du groupe GEST. – M. Joël Bigot applaudit également.)


Réponse du Ministère des sports et des jeux Olympiques et Paralympiques publiée le 13/10/2022

Réponse apportée en séance publique le 12/10/2022

M. le président. La parole est à Mme la ministre des sports et des jeux Olympiques et Paralympiques.

Mme Amélie Oudéa-Castéra, ministre des sports et des jeux Olympiques et Paralympiques. Monsieur le président, mesdames, messieurs les sénateurs, monsieur le sénateur Dossus, en préambule, je rappelle que la décision de la Fédération internationale de football association (Fifa) d'attribuer la Coupe du monde de 2022 au Qatar a été prise il y a douze ans, dans un tout autre contexte.

Aujourd'hui, l'urgence écologique est, bien entendu, plus prégnante que jamais et nous souhaitons que le Qatar fasse tout ce qu'il doit faire pour tenir l'objectif de neutralité carbone qu'il a affiché pour ce Mondial. (Exclamations ironiques sur les travées du groupe SER.) Pour cela, ce pays a indiqué pouvoir s'appuyer sur un système ambitieux de transports en commun, d'ailleurs bâti pour l'occasion grâce à l'expertise française, et sur des investissements de tout premier plan dans les énergies renouvelables.

Au-delà de cela, nous voulons évidemment, sur ce chemin vers le Mondial, encourager le Qatar à poursuivre son engagement afin de mettre pleinement en œuvre l'accord de Paris et réduire ses émissions de gaz à effet de serre. Nous sommes d'ailleurs engagés dans des coopérations techniques visant à accélérer les efforts de ce pays dans cette direction.

Nous espérons que le Qatar pourra, dans le cadre de la COP27 de Charm el-Cheikh, soumettre une contribution nationale rehaussée et une stratégie de long terme davantage alignée sur l'objectif de limitation du réchauffement climatique à 1,5 degré.

Pour ce qui concerne les droits humains, notre pays porte ce combat très haut, dans un cadre tant bilatéral que multilatéral, dans l'enceinte de l'Organisation internationale du travail (OIT) ou avec les organisations non gouvernementales, dont Human Rights Watch et Amnesty International. Le Qatar a fait de premiers progrès en 2018 et en 2020, au travers d'une évolution de sa législation, mais ces progrès sont tout à fait insuffisants. Nous veillons donc, lors de chacune de nos interactions avec ce pays, à promouvoir le respect de l'ensemble des droits humains.

Cela étant, vous avez raison, derrière votre question se trouvent bien posées la question du modèle que nous voulons pour les futurs grands événements sportifs internationaux…

M. le président. Veuillez conclure.

Mme Amélie Oudéa-Castéra, ministre. … et celle des critères devant présider à leur choix, à leur localisation, à leur cahier des charges.

M. le président. Il faut conclure !

Mme Amélie Oudéa-Castéra, ministre. Je veux faire part de deux espoirs allant dans ce sens.

D'une part, la Fifa appelle de ses vœux le renforcement des critères environnementaux dans les appels d'offres pour les futurs événements…

M. le président. Je vous demande de conclure, madame la ministre !

Mme Amélie Oudéa-Castéra, ministre. … et, d'autre part, nous avons pris l'engagement de faire de nos jeux Olympiques et Paralympiques les jeux les plus écologiques de l'histoire. (Exclamations sur diverses travées pour signifier à l'oratrice que son temps de parole est épuisé.) Nous tiendrons cet engagement, de la même façon que, dans la foulée du plan de sobriété énergétique porté par la… (M. le président coupe le micro de l'oratrice.)

M. le président. Vous avez largement épuisé votre temps de parole !

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