Question de M. MALHURET Claude (Allier - Les Indépendants) publiée le 20/10/2022

Question posée en séance publique le 19/10/2022

M. le président. La parole est à M. Claude Malhuret, pour le groupe Les Indépendants – République et Territoires. (Applaudissements sur les travées du groupe INDEP.)

M. Claude Malhuret. Madame la Première ministre, les idées des cégétistes, si j'ose accoler ces deux mots (Protestations sur les travées des groupes CRCE et SER.), sont simples : Total ne nous accorde que 8 %, vengeons-nous sur les Français, ouvriers bloqués dans les queues des stations-service, infirmières en panne et leurs patients qui attendront, artisans aux chantiers suspendus.

Le syndicalisme trash, c'est ça : des salariés payés le double de la moyenne qui empêchent les autres de travailler et qui, en plus, prétendent les défendre. (Ouh ! sur les travées du groupe CRCE. – Applaudissements sur les travées du groupe INDEP, ainsi que sur des travées des groupes UC et Les Républicains.)

À tous ceux tentés de croire à cette arnaque, je voudrais rappeler ce dicton : « On finit toujours par payer le joueur de pipeau. »

Le comble du cynisme, c'est quand on apprend que ces grèves n'ont rien à voir avec le pouvoir d'achat, mais que c'est Règlements de comptes à CGT Corral ! (Mme Laurence Cohen s'exclame.) Les durs de la « fédé » Chimie, mécontents que Martinez, fidèle à sa conception de la démocratie, ait nommé tout seul sa successeure qu'ils trouvent trop molle, déclenchent la grève pour le déstabiliser. Pour les faire taire, il en rajoute dans la radicalité. Sur le dos des Français, comme toujours.

Personne n'est dupe et l'automne chaud que nous promettent les agents d'ambiance de l'agit-prop piétine. Les grèves sont condamnées par une majorité de Français,…

Mme Laurence Cohen. Ce n'est pas vrai !

M. Claude Malhuret. … la journée d'hier fut un échec, comme le fut dimanche la marche des groucho-marxistes de la Nupes emmenés par le Che Guevara de Nation-Bastille. (Rires et applaudissements sur les travées des groupes RDPI, INDEP, UC et Les Républicains. – Exclamations sur les travées du groupe CRCE.)

La prochaine étape est encore plus obscène. La récession guette la planète, le prix de l'énergie met des usines à l'arrêt, les Français vont avoir froid cet hiver, mais la même CGT, pour la plus grande joie de Poutine, empêche la maintenance des centrales nucléaires qui nous permettraient de surmonter la coupure du gaz russe. (Protestations sur les travées du groupe CRCE.)

Madame la Première ministre, vous avez commencé de prendre les réquisitions qui s'imposent. Pouvez-vous nous assurer que vous continuerez à prendre toutes les mesures nécessaires pour que 90 personnes ne puissent interdire à la moitié de la France de se déplacer et que quelques centaines d'autres ne puissent empêcher nos concitoyens de se chauffer au cœur de l'hiver ? (Bravo ! et applaudissements sur les travées des groupes INDEP, RDPI, UC et Les Républicains.)


Réponse du Première ministre publiée le 20/10/2022

Réponse apportée en séance publique le 19/10/2022

M. le président. La parole est à Mme la Première ministre.

Mme Élisabeth Borne, Première ministre. Monsieur le président Malhuret, le conflit social chez Total et Esso a des répercussions dans tout notre pays et touche le quotidien de millions de Français.

Comme vous, monsieur le président, j'entends et je partage les préoccupations de nos concitoyens, qui craignent de ne pas avoir de carburant pour aller travailler, de ne plus voir leur aide à domicile qui ne peut plus circuler, ou de devoir renoncer à retrouver leurs proches pendant les vacances de la Toussaint.

Pour eux, nous devions agir fort et vite. En lien avec le Président de la République, le Gouvernement est totalement mobilisé et je réunis quotidiennement une cellule interministérielle de crise pour coordonner l'action des services de l'État.

Dès les premiers jours de la grève, nous avons pris des mesures pour augmenter les livraisons de carburant dans les stations-service. Nous avons notamment libéré des stocks stratégiques de l'État, nous avons augmenté les importations, nous avons autorisé l'ouverture des dépôts et les livraisons le week-end.

Ces mesures ont eu des effets importants sur les livraisons de carburant et, ces derniers jours, celles-ci étaient jusqu'à deux fois plus nombreuses qu'en temps normal.

Mais, compte tenu des inquiétudes des Français face au risque de pénurie, nous avons assisté à une augmentation de la demande plus forte que cette augmentation des livraisons. (Exclamations sur les travées du groupe Les Républicains.)

Mme Sophie Primas. C'est la faute des Français…

Mme Élisabeth Borne, Première ministre. Aussi, il était essentiel de sortir du conflit social. Je me suis impliquée personnellement pour que le dialogue social ait lieu chez Esso et chez Total. Dans ces deux entreprises, des accords ont pu être signés avec des syndicats représentant une majorité de salariés.

Quand il y a un accord majoritaire, le travail doit reprendre ! Une minorité ne peut pas, ne doit pas bloquer le pays. (Applaudissements sur les travées des groupes RDPI, INDEP, RDSE et UC.)

M. Loïc Hervé. Très bien !

Mme Élisabeth Borne, Première ministre. C'est la raison pour laquelle j'ai demandé aux préfets de réquisitionner, dans certains dépôts, les personnels nécessaires à leur fonctionnement. Aujourd'hui, avec la fin du conflit social chez Esso et l'ensemble des mesures prises par le Gouvernement, la situation continue à s'améliorer nettement.

Sur le plan national, ce matin, 20 % des stations étaient en rupture sur au moins un produit ; elles étaient 30 % ce week-end.

Puisque la situation peut être contrastée selon les territoires, je voudrais souligner que la situation s'améliore partout. Dans les Hauts-de-France, on était à 55 % de stations en rupture il y a une semaine ; nous sommes aujourd'hui à 15 %. En Île-de-France, la situation s'améliore également, le taux de stations bloquées ayant diminué de 8 points. Dans votre région, en Auvergne-Rhône-Alpes, le déblocage du dépôt de Feyzin permet des améliorations sensibles : depuis hier matin, nous sommes passés de 36 % à 26 % de stations en rupture.

Mme Anne Chain-Larché. Tout va bien !

Mme Élisabeth Borne, Première ministre. Je sais que la situation est encore difficile pour beaucoup de nos compatriotes, mais la dynamique est là et je veux une nouvelle fois appeler les salariés grévistes à reprendre le travail. Il est inacceptable qu'une minorité bloque un pays. De notre côté, monsieur le président Malhuret, nous continuerons à agir jusqu'au retour à la normale. (Applaudissements sur les travées des groupes RDPI, RDSE et INDEP, ainsi que sur des travées du groupe UC.)

- page 4027

Page mise à jour le