Question de Mme LUBIN Monique (Landes - SER) publiée le 20/10/2022

Question posée en séance publique le 19/10/2022

M. le président. La parole est à Mme Monique Lubin, pour le groupe Socialiste, Écologiste et Républicain. (Applaudissements sur les travées du groupe SER.)

Mme Monique Lubin. Madame la Première ministre, le prix du gazole dépasse 2 euros par litre, les tarifs des différentes sources d'énergie augmentent considérablement, les produits de première nécessité, tels que les pâtes ou le beurre, voient leur prix augmenter de 22 % à 47 %, et la liste de tout ce qui concourt à la vie quotidienne des Français est longue…

Une partie d'entre eux n'aura d'ailleurs pas d'autres choix que de se priver dans les semaines à venir… Nous savons tous qui seront les premiers à sacrifier des biens pourtant indispensables à une vie « décente ».

Vous répondez à cette situation par des primes aléatoires, de la défiscalisation, de la désocialisation d'heures supplémentaires, des rachats de RTT et par d'autres mesures encore qui n'impliquent que les salariés.

Vous refusez obstinément de satisfaire notre demande – et surtout celle des salariés –, de prendre l'initiative d'un grand débat sur les salaires. Les salariés ne demandent pas l'aumône : ils veulent vivre de leur travail !

Vous ne cessez de rappeler l'importance de la valeur travail – souvent d'ailleurs pour stigmatiser ceux qui en sont privés. Nous rétorquons : pas de valeur travail, sans travail de valeur !

La valeur d'un travail se mesure notamment à l'aune de sa rémunération. Depuis 2008, le salaire des 10 % des personnes les mieux payées a augmenté trois fois plus vite que celui des 10 % les moins rémunérées. Le travail du patron d'une enseigne de la grande distribution vaut-il 300 fois plus que celui de sa caissière ?

Il est temps de parler du partage de la masse salariale dans les entreprises. Quand mettrez-vous en œuvre une conférence nationale afin d'aborder, enfin, tous ces sujets et de soutenir, par là même, tous les salariés de France ? (Applaudissements sur les travées du groupe SER.)


Réponse du Ministère du travail, du plein emploi et de l'insertion publiée le 20/10/2022

Réponse apportée en séance publique le 19/10/2022

M. le président. La parole est à M. le ministre du travail du plein emploi et de l'insertion.

M. Olivier Dussopt, ministre du travail, du plein emploi et de l'insertion. Madame la sénatrice, vous avez commencé votre question en rappelant le contexte inflationniste, mais vous auriez pu faire le même constat que nous : nous sommes le pays d'Europe qui, par les mesures mises en place – le bouclier tarifaire sur les dépenses énergétiques et les aides apportées aux ménages –, a réduit le plus possible l'inflation.

Cette dernière s'élève à environ 6,5 % – c'est beaucoup, car c'est le taux le plus haut que nous ayons connu depuis 1985 –, ce qui ne représente que la moitié du taux d'inflation que connaissent nos voisins européens. Cela montre que la politique que nous menons protège les Français.

Vous nous appelez à augmenter les salaires. Notre conviction est que l'augmentation globale des salaires ne se décide pas par la loi, mais relève du dialogue social – j'y reviendrai.

Vous avez appelé de vos vœux, dans les débats, l'indexation du Smic sur les prix, mais elle ne concerne qu'une partie des salariés ! Notre position est d'encourager les branches et les entreprises au dialogue social. Dans le cadre de l'examen du projet de loi portant mesures d'urgence pour la protection du pouvoir d'achat, le Parlement a voté des mécanismes permettant de faciliter l'ouverture des négociations dès lors qu'un des niveaux de rémunération conventionnels serait inférieur au Smic.

Vous avez parlé de certains outils – défiscalisation, désocialisation –, mais vous avez oublié de dire les efforts que nous faisons pour améliorer le partage de la valeur, pour faciliter les accords d'intéressement et pour que les primes – vous les qualifiez d'aléatoires, mais des millions de Français en bénéficient ! – soient elles aussi plus faciles à verser. Je vous assure que celles et ceux qui peuvent en bénéficier sont bien plus heureux que ne le laissent entendre les mots que vous employez pour les qualifier.

Vous avez dit que, depuis 2008 – cette date nous fait réfléchir sur la responsabilité des uns et des autres, tous confondus ! –, un écart croissant se serait creusé. Or, l'écart entre le premier et le dernier décile ne s'est pas creusé, grâce aux outils de redistribution dont notre pays dispose, car ils permettent de compenser les écarts entre les revenus primaires – c'est également un motif de fierté !

Dans quelques semaines, j'ouvrirai, sous l'autorité de la Première ministre, une négociation interprofessionnelle ayant pour objet le partage de la valeur. Ce sera une première. J'espère que vous utiliserez à meilleur escient l'énergie que vous mettez à critiquer la politique du Gouvernement, en accompagnant cette discussion. (Applaudissements sur les travées du groupe RDPI. – MM. Pierre-Antoine Levi et Pierre Louault applaudissent également.)

M. le président. La parole est à Mme Monique Lubin, pour la réplique.

Mme Monique Lubin. C'est au service des salariés que je continuerai à déployer mon énergie, monsieur le ministre !

Vos propos, dont certains éléments sont factuels, je vous l'accorde, ne sont à l'évidence pas entendus par la majorité des salariés, en dépit de ce que vous venez de dire. Ils ont besoin de cette conférence salariale pour que tous les entrepreneurs de France, à la mesure de leurs moyens et de la taille de leur entreprise, soutiennent leur pouvoir d'achat.

Je constate que vous êtes plus prompt à dégainer le 49.3 pour mettre fin à un débat budgétaire – pourtant riche, comme l'a rappelé M. Véran plus tôt –, qu'à donner suite au vœu exprimé depuis quelque temps maintenant par la majorité des salariés. (Applaudissements sur les travées du groupe SER.)

- page 4031

Page mise à jour le