Question de Mme COHEN Laurence (Val-de-Marne - CRCE) publiée le 27/10/2022

Question posée en séance publique le 26/10/2022

M. le président. La parole est à Mme Laurence Cohen, pour le groupe communiste républicain citoyen et écologiste. (Applaudissements sur les travées du groupe CRCE.)

Mme Laurence Cohen. Ma question s'adresse à M. le ministre de la santé et de la prévention.

Monsieur le ministre, notre système de santé vit une crise majeure. Il est à bout de souffle. Des urgences aux services pédiatriques, en passant par la neurologie et la psychiatrie, tous les voyants sont au rouge à l'hôpital public, sur l'ensemble du territoire. Les personnels sont épuisés et les soignants partent petit à petit, dégoûtés par leurs conditions de travail dégradées depuis de longs mois.

Plus de 4 000 professionnels en pédiatrie viennent de lancer un appel au Président de la République, dénonçant les conditions désastreuses de prise en charge des enfants : transferts multiples, affectation dans des services adultes non appropriés, sorties trop précoces, déprogrammation d'opérations, mise en danger de petits patients.

Cette situation n'est pas la faute de la bronchiolite. Elle est le résultat de la politique menée depuis des années dans les hôpitaux, à coups de restrictions budgétaires successives et irresponsables !

Des cris d'alarme sont lancés régulièrement par des professionnels. Notre groupe les relaie ici, dans l'hémicycle, mais vous les ignorez, comme tous vos prédécesseurs.

Face à l'urgence de la situation et à la mobilisation des professionnels, vous avez dû annoncer le déblocage de 150 millions d'euros, un plan blanc et des assises de la pédiatrie au printemps. Cela n'a convaincu personne, tant la crise est grave et structurelle.

Allez-vous enfin entendre l'appel de ces professionnels, qui parlent de « perte de sens » dans leur métier, « conséquence de la gouvernance bureaucratique et de la tarification à l'activité » ?

Allez-vous, comme ils vous le demandent, rouvrir des lits dans les services de pédiatrie, mettre fin à la fuite des soignants et recruter des jeunes passionnés ? (Applaudissements sur les travées du groupe CRCE.)


Réponse du Ministère de la santé et de la prévention publiée le 27/10/2022

Réponse apportée en séance publique le 26/10/2022

M. le président. La parole est à M. le ministre de la santé et de la prévention.

M. François Braun, ministre de la santé et de la prévention. Madame la sénatrice Cohen, comme vous pouvez l'imaginer, je suis de très près le problème de notre hôpital public. Je le suis depuis plusieurs semaines et me trouve en contact avec les professionnels de la pédiatrie, que j'ai rencontrés à plusieurs reprises. Je le suis depuis mon arrivée au ministère et même, pour être honnête, depuis de nombreuses années !

Vous dites que l'hôpital ne va pas bien depuis plusieurs mois. Permettez-moi de vous dire qu'il ne va pas bien depuis plusieurs dizaines d'années (Exclamations sur les travées du groupe Les Républicains.), à cause de politiques comptables – à cet égard, je rejoins votre point de vue –, dont un certain nombre a d'ailleurs été voté par l'ensemble du Parlement.

Depuis 2017, le Président de la République et le Gouvernement se sont engagés pour l'hôpital et lui ont octroyé 53 milliards d'euros en plus, pour répondre à des problèmes certes conjoncturels, mais également structurels.

Vous évoquez la pédiatrie et l'épidémie de bronchiolite. Cette dernière survient plus tôt que précédemment, alors que l'hôpital – vous l'avez dit et je partage votre point de vue – est à bout de souffle. Je tiens d'ailleurs à saluer au passage mes anciens collègues et les soignants de tous les services, qui travaillent dans des conditions difficiles.

La bronchiolite est une pathologie qui fait peur, et je comprends l'inquiétude des parents. Je rappelle toutefois qu'elle est très majoritairement bénigne et qu'elle doit être prise en charge en priorité par les médecins généralistes.

M. Laurent Duplomb. Quand il y en a !

M. François Braun, ministre. Sous l'impulsion de la Première ministre, des réponses conjoncturelles sont apportées. Ainsi, 150 millions d'euros supplémentaires ont été débloqués pour répondre aux problèmes aigus d'un certain nombre de services de pédiatrie en général, et pas uniquement des services d'urgence pédiatriques.

En outre, une réponse plus structurelle est apportée à l'ensemble du système hospitalier. En pédiatrie, des travaux commenceront dès la semaine prochaine. Ils aboutiront au printemps à des assises de la pédiatrie – je les ai annoncées –, qui nous permettront de prendre de véritables décisions structurelles pour ce secteur. (Applaudissements sur les travées du groupe RDPI.)

M. le président. La parole est à Mme Laurence Cohen, pour la réplique.

Mme Laurence Cohen. Le diagnostic, il est connu. C'est l'ordonnance qui est mauvaise !

Vous nous dites que vous accordez des millions d'euros supplémentaires, mais les professionnels vous demandent à grands cris d'embaucher et vous disent que vos solutions ne sont pas bonnes !

Pour sa part, notre groupe n'a pas voté les budgets austéritaires qui mettent l'hôpital à genoux. Quand allez-vous rehausser l'objectif national de dépenses d'assurance maladie (Ondam) à hauteur de l'inflation ? Vous ne le faites même pas en 2023 !

Vous n'écoutez pas les professionnels, vous n'écoutez pas les parlementaires et vous dites : « Tout va bien ! ». Or cela va très mal !

Il faut que vous agissiez de toute urgence. Il n'y a rien de pire que de devoir trier les patients et de choisir entre deux enfants !

Mme Élisabeth Borne, Première ministre. Franchement, c'est honteux de dire cela !

Mme Laurence Cohen. La responsabilité n'est pas du côté des professionnels de santé : elle est du côté du Gouvernement.

M. le président. Il faut conclure, ma chère collègue.

Mme Laurence Cohen. Nous rencontrons les professionnels : ils sont très en colère contre vous. Agissez ! (Applaudissements sur les travées du groupe CRCE, ainsi que sur des travées des groupes SER et Les Républicains.)

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