Question de Mme ROSSIGNOL Laurence (Oise - SER) publiée le 27/10/2022

Question posée en séance publique le 26/10/2022

M. le président. La parole est à Mme Laurence Rossignol, pour le groupe Socialiste, Écologiste et Républicain. (Applaudissements sur les travées du groupe SER.)

Mme Laurence Rossignol. Monsieur le ministre chargé des transports, 11 000, c'est le nombre de TER supprimés dans les Hauts-de-France depuis le 1er janvier dernier ; 129, c'est le nombre de trains retirés dans les Hauts-de-France pendant les vacances de la Toussaint, au prétexte que les élèves ne se déplacent plus pour des raisons scolaires ; trois heures et demie, c'est le temps pendant lequel ont attendu, la semaine dernière, des usagers à la gare du Nord, avant de s'entasser dans le dernier train de vingt-trois heures trente.

Je vous parle là de trains supprimés, cette malédiction qui s'abat sur les voyageurs quand ils arrivent en gare, à Paris, Beauvais, Lens, Saint-Quentin ou ailleurs ! Je vous parle de ma région, mais la même situation prévaut partout en France, y compris en Île-de-France.

Monsieur le ministre, les usagers quotidiens du train sont des salariés, qui utilisent ce moyen de transport pour se rendre de leur lieu de travail à leur domicile. S'ils prennent le train, le métro ou le RER, c'est parce qu'ils ne peuvent pas se loger là où ils travaillent ou qu'ils ne peuvent pas travailler là où ils vivent. Ils ont accepté cette distance parce qu'il y avait une offre de transports collectifs, laquelle constitue un élément structurant de leur organisation de vie.

L'imprévisibilité de ces transports a donc pour conséquence de désorganiser totalement leur existence. Elle met leur emploi en danger et insécurise les parents, qui ne savent jamais à quelle heure ils pourront aller chercher leurs enfants à l'école. Et j'ai une pensée toute particulière pour ces femmes qui prennent le train à Creil le matin ou le soir pour aller faire le ménage dans les bureaux.

Les conséquences sont multiples : maltraitance des voyageurs, report sur la voiture et augmentation des émissions de CO2, désorganisation du travail et de l'économie française…

Monsieur le ministre, il y a urgence ! Que faites-vous ? (Applaudissements sur les travées du groupe SER, ainsi que sur des travées des groupes CRCE, GEST, UC et Les Républicains.)


Réponse du Ministère auprès du ministre de la transition écologique et de la cohésion des territoires, chargé des transports publiée le 27/10/2022

Réponse apportée en séance publique le 26/10/2022

M. le président. La parole est à M. le ministre délégué chargé des transports.

M. Clément Beaune, ministre délégué auprès du ministre de la transition écologique et de la cohésion des territoires, chargé des transports. Madame la sénatrice Rossignol, je souscris à vos propos sur les « galères » vécues par un certain nombre de nos concitoyens dans les Hauts-de-France, ainsi que dans d'autres régions confrontées à des difficultés spécifiques dans les transports publics.

La priorité que j'ai décrite il y a quelques minutes, en réponse au sénateur Fernique, n'est pas théorique : nous avons augmenté cette année les moyens pour le réseau et les transports du quotidien.

Toutefois, pour répondre à une situation difficile, il faut que nous nommions les choses de manière précise et que chacun assume ses responsabilités.

Nous parlons de transports régionaux. Il y a donc une situation spécifique aux Hauts-de-France, dont je discuterai de nouveau prochainement avec le président de la région, Xavier Bertrand. J'ai également évoqué le sujet avec Jean-François Rapin, ici même au Sénat, il y a une semaine. Chacun doit être prêt à investir les moyens nécessaires, en particulier la région, qui a la responsabilité d'organiser les trains express régionaux. Il faut le dire !

L'État interviendra pour soutenir un certain nombre de projets, en particulier le réseau express métropolitain, à propos duquel j'ai échangé avec le président Damien Castelain pour résoudre le problème de la livraison du train Alstom dans les prochains mois.

Nous agissons pour notre part sur ce qui relève de notre responsabilité. J'aurai en fin de semaine une réunion avec le PDG de la SNCF, car des questions d'offre se posent du côté de l'opérateur, et je veux que l'État joue pleinement son rôle. Mais chaque situation est spécifique.

Ainsi, les suppressions de train pour les vacances que vous avez évoquées dans les Hauts-de-France tiennent pour beaucoup à des pénuries de recrutement. Je ne me résous pas à ce que cette situation perdure dans les mois à venir. Il faut accélérer les recrutements, et la SNCF a lancé un plan exceptionnel de 440 recrutements pour les seuls TER de la région Hauts-de-France.

En travaillant ensemble – région, État et opérateur SNCF –, nous améliorerons la situation dans les prochains mois. Oui, madame la sénatrice, vous avez raison, c'est difficile, mais chacun doit assumer ses responsabilités financières, d'organisation et de moyens. (M. François Patriat applaudit.)

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