Question de M. FÉRAUD Rémi (Paris - SER) publiée le 06/10/2022

M. Rémi Féraud attire l'attention de M. le ministre de l'éducation nationale et de la jeunesse sur la situation des jardins d'enfants pédagogiques.
De nombreux collectifs de parents mais aussi plusieurs élus locaux, à Paris, à Strasbourg et dans d'autres villes françaises, sont depuis de longs mois mobilisés pour que l'activité des jardins d'enfants pédagogiques puisse continuer à la rentrée de septembre 2024 alors que la loi n° 2019-791 du 26 juillet 2019 pour une école de la confiance est venue fragiliser ce modèle, l'obligation de scolarité à 3 ans ne prenant pas en compte la spécificité des jardins pédagogiques et remettant en cause leur existence même.

Le ministre de l'éducation nationale a lui-même déclaré, le 13 juillet 2022 devant la commission de la culture, de l'éducation et de la communication du Sénat et le 2 août devant la commission des affaires culturelles de l'Assemblée nationale, que « les jardins d'enfants ont souffert de façon indirecte de la loi de 2019 » et même que « la grande fragilisation des jardins d'enfants est un des effets de la loi pour une école de la confiance » mais que ce n'était « pas l'objectif de cette loi que de menacer leur activité ».

L'activité de ces structures est pourtant bel et bien menacée aujourd'hui.
Centenaires pour certaines, elles étaient vouées à disparaître et une concession a alors été obtenue par les parlementaires investis à l'époque : les jardins d'enfants ont bénéficié d'une dérogation à l'obligation d'instruction jusqu'à la rentrée de septembre 2023, date à laquelle ils pourraient se transformer en établissement d'accueil du jeune enfants (EAJE) ou en école maternelle.
Ces structures ne peuvent aujourd'hui envisager prendre d'inscriptions pour la rentrée prochaine, laissant des familles dans des situations délicates.

À Paris, les jardins pédagogiques municipaux sont de vrais vecteurs de mixité sociale : situés en très grande majorité en quartiers populaires, hébergés par les bailleurs sociaux au sein du parc social, ils accueillent toutes les familles quels que soient leurs revenus, les familles déclarant des revenus inférieurs à 1 000 euros représentant parfois jusqu'à deux tiers des enfants inscrits.
Mais c'est aussi et surtout un modèle d'inclusion : les enfants en situation de handicap représentent, par exemple, 13 % des enfants accueillis dans les jardins d'enfants parisiens, soit plus du double de la proportion constatée dans les écoles maternelles et ce chiffre n'a fait qu'augmenter ces dernières années.
Le ministre de l'éducation nationale annonçait aux commissions des deux assemblées à l'été 2022 vouloir « trouver une solution juridique pour que les jardins d'enfants puissent continuer leur activité et qu'il [...] fallait trouver un chemin pour que cela soit soutenable ».
Il lui demande ce qu'il en est, maintenant que l'été, mais aussi cette rentrée 2022, sont derrière nous, de ce chemin à emprunter et de cette solution juridique à trouver.
Il lui demande ce qu'il compte entreprendre au plan législatif et réglementaire pour pérenniser, selon sa promesse, l'activité de ces jardins d'enfants pédagogiques.

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Réponse du Secrétariat d'État auprès du ministre des armées et du ministre de l'éducation nationale et de la jeunesse, chargé de la jeunesse et du service national universel publiée le 30/11/2022

Réponse apportée en séance publique le 29/11/2022

Mme la présidente. La parole est à M. Rémi Féraud, auteur de la question n° 181, adressée à M. le ministre de l'éducation nationale et de la jeunesse.

M. Rémi Féraud. Madame la secrétaire d'État, de nombreux collectifs de parents, mais aussi plusieurs élus locaux, à Paris, à Strasbourg et dans d'autres villes françaises, sont depuis de longs mois mobilisés pour que l'activité des jardins d'enfants pédagogiques puisse continuer à la rentrée de septembre 2024. La maire de Paris vient d'ailleurs d'écrire en ce sens à M. le ministre de l'éducation nationale.

La loi pour une école de la confiance a fragilisé ce modèle, l'obligation de scolarité à 3 ans ne prenant pas en compte la spécificité des jardins pédagogiques et remettant en cause leur existence même.

Le ministre de l'éducation nationale a déclaré cet été, devant la commission des affaires culturelles de l'Assemblée nationale et la commission de la culture du Sénat, que « la grande fragilisation des jardins d'enfants est un des effets de la loi pour une école de la confiance », mais que ce n'était « pas l'objectif de cette loi que de menacer leur activité ». Or elle est pourtant bel et bien menacée aujourd'hui.

Centenaires pour certains, les jardins d'enfants ont bénéficié d'une dérogation à l'obligation d'instruction jusqu'à la rentrée de septembre 2023. Ces structures ne peuvent donc plus prendre d'inscriptions pour la rentrée prochaine, laissant beaucoup de familles dans l'incertitude.

À Paris, les jardins pédagogiques municipaux sont de vrais vecteurs de mixité sociale. Situés en très grande majorité en quartier populaire, hébergés par les bailleurs sociaux, ils accueillent toutes les familles, quels que soient leurs revenus, celles qui déclarent des revenus inférieurs à 1 000 euros représentant parfois jusqu'à deux tiers des enfants inscrits. Ils constituent également un modèle d'inclusion, puisque les enfants en situation de handicap représentent 13 % des enfants accueillis dans les jardins d'enfants parisiens, soit plus du double de la proportion constatée dans les écoles maternelles.

Cet été, le ministre de l'éducation nationale disait vouloir « trouver une solution juridique pour que les jardins d'enfants puissent continuer leur activité et qu'il […] fallait trouver un chemin pour que cela soit soutenable ». Qu'en est-il de ce chemin à emprunter et de cette solution juridique à trouver ?

Que comptez-vous entreprendre sur les plans législatif et réglementaire pour pérenniser l'activité de ces jardins d'enfants pédagogiques, conformément à l'engagement pris par le ministre de l'éducation nationale lui-même ?

Mme la présidente. La parole est à Mme la secrétaire d'État.

Mme Sarah El Haïry, secrétaire d'État auprès du ministre des armées et du ministre de l'éducation nationale et de la jeunesse, chargée de la jeunesse et du service national universel. Monsieur le sénateur Féraud, vous m'interrogez aujourd'hui sur la situation des jardins d'enfants.

La loi pour une école de la confiance a permis l'abaissement de l'âge de l'instruction obligatoire à 3 ans. Désormais, à cet âge, l'enfant doit être scolarisé ou peut bénéficier, après autorisation, de l'instruction dans la famille.

Afin de permettre aux jardins d'enfants, qui accueillent des enfants entre 2 ans et 6 ans, de se transformer, une période transitoire de cinq années leur a été accordée. Cette période prend fin à la rentrée scolaire 2024.

À la rentrée scolaire 2022, Paris – dont vous êtes élu – comptait 1 350 enfants âgés de 2 ans à 6 ans accueillis dans des jardins d'enfants. C'est aussi le cas à Strasbourg qui compte 775 enfants accueillis dans ces structures.

Je tiens à rappeler que l'abaissement de l'âge de l'instruction à 3 ans consacre le modèle de l'école maternelle française, qui est mondialement reconnue par la qualité de l'instruction qu'elle dispense, de sa gratuité, mais aussi de son accessibilité sur l'ensemble du territoire français.

Elle permet ainsi à de jeunes élèves de se préparer, dans des conditions adaptées, aux apprentissages fondamentaux. C'est pourquoi le ministère de l'éducation nationale met en place, dès cette année scolaire, un plan pour l'école maternelle qui permettra notamment de renforcer la formation de nos professeurs, afin d'améliorer encore la qualité de son accueil et des apprentissages qui y sont dispensés.

Concernant les jardins d'enfants, nous reconnaissons la qualité et l'ancienneté de ces structures, mais ils doivent pouvoir s'insérer dans la nouvelle obligation d'instruction à 3 ans selon des modalités à définir. La période transitoire doit d'ailleurs être mise à profit pour permettre leur transformation. Je constate d'ailleurs qu'à Strasbourg cette transformation est en cours et que l'ensemble des jardins d'enfants deviendront, pour la plupart d'entre eux, des crèches qui accueillent des enfants de 0 à 3 ans ou encore des écoles hors contrat.

Le ministre de l'éducation nationale et ses équipes sont tout à fait disposés à travailler avec la Ville de Paris : nous attendons d'elle les propositions pour trouver les solutions adaptées, comme c'est le cas à Strasbourg.

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