Question de Mme FÉRAT Françoise (Marne - UC) publiée le 27/10/2022

Mme Françoise Férat interroge M. le ministre de l'éducation nationale et de la jeunesse sur la prise en compte de l'éducation à l'alimentation dans les programmes scolaires.

Acteurs économiques de la filière agricole et alimentaire, enseignants, parents d'élèves se rejoignent tous pour réclamer que les enfants de France soient davantage formés à l'alimentation. Selon une enquête nationale menée en en avril 2021 par le cabinet Mon avis Citoyen, 99 % des parents d'élèves et 82 % des enseignants souhaitent voir l'éducation à l'alimentation inscrite dans les programmes scolaires.

Des médecins soulignent le caractère impérieux de cette demande. Ils décrivent que l'inactivité physique, la sédentarité et la mauvaise alimentation dégradent la santé des adultes et des enfants. Une meilleure lutte contre ces comportements, y compris l'exposition aux écrans, et une « éducation à l'alimentation » à l'école, représentent des mesures essentielles de prévention, à travers une pédagogie participative et adaptée aux enfants.
Le lien entre alimentation et santé publique est avéré. C'est particulièrement le cas pour l'obésité et le diabète (type 2) dont le développement est préoccupant et… coûteux pour la collectivité (20 milliards d'euros).
Dans la construction de l'individu, apprendre à s'alimenter n'est-il pas aussi important qu'apprendre à compter, à lire, à écrire ? L'éducation alimentaire doit avoir toute sa place à l'école. Ce n'est encore que partiellement le cas et, surtout, de manière trop hétérogène : ni partout, ni pour tous. Faute d'une réelle ritualisation (que permettrait l'inscription dans les programmes), il existe une inégalité dans l'accès à l'éducation alimentaire.
Elle lui demande comment le Gouvernement envisage la prise en compte de ces enjeux en lien avec le conseil supérieur des programmes de l'éducation nationale.

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Réponse du Ministère de l'éducation nationale et de la jeunesse publiée le 30/03/2023

L'éducation à l'alimentation et au goût est au cœur des préoccupations du ministère de l'éducation nationale et de la jeunesse. Elle s'inscrit dans le cadre de la démarche École promotrice de santé, qui permet d'instaurer de bonnes habitudes d'hygiène de vie et l'activité physique pour prévenir le surpoids et l'obésité, sensibiliser les élèves à l'adoption de pratiques et de consommations alimentaires responsables et durables, lutter contre le gaspillage alimentaire et les néophobies alimentaires. Cette démarche s'appuie sur les programmes d'enseignement qui sont riches de possibilités pour que chaque discipline puisse s'investir dans cette éducation transversale. Dès la maternelle, le programme stipule que cette éducation à la santé vise l'acquisition de premiers savoirs et savoir-faire relatifs à une hygiène de vie saine. Elle intègre une première approche des questions nutritionnelles qui peut être liée à une éducation au goût. À l'école élémentaire comme au collège, les programmes sont axés vers le développement d'un comportement responsable vis-à-vis de l'environnement et de la santé grâce à une attitude raisonnée fondée sur la connaissance, que ce soit dans les domaines « questionner le monde », « sciences et technologie » puis « sciences de la vie et de la Terre ». Ces champs d'étude abordent les fonctions d'alimentation et de nutrition en établissant une relation entre l'activité, l'âge, les conditions de l'environnement et les besoins de l'organisme. Ils interrogent également sur la production des ressources alimentaires dans un cadre sociétal et intègrent l'alimentation à des problématiques de santé publique. La production des ressources alimentaires est aussi étudiée en histoire-géographie dans ces différents niveaux d'enseignement, tandis que toutes les disciplines qui travaillent l'esprit critique et le discernement peuvent s'appuyer sur l'information et la désinformation en matière de sécurité alimentaire. Au lycée général et technologique les élèves sont sensibilisés aux problèmes de santé personnelle et publique liés à l'alimentation (habitudes alimentaires, aliment industriels, obésité…) en « sciences de la vie et de la Terre » dans les thématiques « Corps humain et santé » et « La Terre, la vie et l'organisation du vivant ». Au lycée professionnel, dans le cadre de l'enseignement « prévention-santé-environnement » les élèves sont amenés, notamment dans la thématique « L'individu responsable dans son environnement », à exploiter des exemples et des témoignages qui présentent l'impact de l'environnement, des habitudes de vie et des facteurs internes sur la santé des individus, effectuer un choix alimentaire raisonné parmi plusieurs propositions en tenant compte des contraintes professionnelles, repérer et décoder les informations utiles au choix sur une étiquette de produit à consommer pour son alimentation et identifier les critères d'un comportement de consommateur écoresponsable. Pour tous les niveaux de la scolarité, en éducation physique et sportive, apprendre à entretenir sa santé par une activité physique régulière se fait en lien étroit avec l'alimentation et les besoins physiologiques. Les élèves doivent relier la connaissance des processus biologiques aux comportements responsables individuels et collectifs en matière de santé et sont sensibilisés aux problèmes de santé publique liés aux conduites ou à l'alimentation ; ils trouvent dans l'éducation physique des exemples concrets de prévention. Trente minutes d'activité physique quotidienne (APQ) s'inscrivent également dans le cadre de la démarche École promotrice de santé pour le premier degré ; l'expérimentation « Deux heures supplémentaires de sports au collège », en complément de l'éducation physique et sportive (EPS), élargit l'offre de l'association sportive scolaire proposée aux collégiens, notamment en direction des jeunes dont on observe un décrochage de la pratique et tout particulièrement pour les filles au cours du cycle 4 ainsi que pour les élèves à besoins particuliers. L'éducation à la santé, comme celle au développement durable, permet aux élèves d'appréhender le monde contemporain en tenant compte des interactions entre l'environnement, la santé, l'économie et la culture. Cette éducation est par nature transversale et est déjà intégrée aux contenus des programmes d'enseignement.

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