Question de M. BOURGI Hussein (Hérault - SER) publiée le 03/11/2022

Question posée en séance publique le 02/11/2022

M. le président. La parole est à M. Hussein Bourgi, pour le groupe Socialiste, Écologiste et Républicain. (Applaudissements sur les travées du groupe SER.)

M. Hussein Bourgi. Ma question s'adresse à M. le ministre délégué chargé des transports, Clément Beaune.

Le 15 décembre 2013, c'est dans la joie qu'était inaugurée la ligne à grande vitesse (LGV) reliant le Languedoc-Roussillon à la Catalogne, la France à l'Espagne. Grâce aux quatre voyages par jour entre Paris et Barcelone et passant par Valence, Nîmes, Montpellier et Perpignan, des chefs d'entreprise, des scolaires, des étudiants, des touristes pouvaient ainsi voyager dans les deux sens.

Nous venons d'apprendre que, en raison de l'ouverture à la concurrence et d'accords commerciaux conclus entre la Renfe, c'est-à-dire le réseau national des chemins de fer espagnols, et la SNCF, le nombre de trajets quotidiens passerait de quatre à deux à compter du 11 décembre prochain. Par la même occasion, nous avons appris que la liaison par LGV entre Lyon et Barcelone allait s'arrêter, de même que celle qui relie Marseille à Madrid.

Monsieur le ministre, à l'instar de tous les élus de ma région, l'Occitanie, mais également des régions voisines, ainsi que des chambres consulaires, des acteurs économiques et de tous ceux qui ont œuvré depuis tant d'années pour relier le sud de la France à l'Espagne, j'en appelle à votre autorité et à celle de votre homologue espagnole pour que les dirigeants de la SNCF et de la Renfe reviennent à la raison, dans l'intérêt de nos territoires et de leur développement économique. (Applaudissements sur les travées du groupe SER et sur des travées du groupe CRCE.)


Réponse du Ministère auprès du ministre de la transition écologique et de la cohésion des territoires, chargé des transports publiée le 03/11/2022

Réponse apportée en séance publique le 02/11/2022

M. le président. La parole est à M. le ministre délégué chargé des transports.

M. Clément Beaune, ministre délégué auprès du ministre de la transition écologique et de la cohésion des territoires, chargé des transports. Monsieur le sénateur, vous avez raison de souligner l'importance stratégique de cette liaison, inaugurée voilà un peu moins d'une décennie.

Néanmoins, à la suite de la crise de la covid-19 et de l'effondrement de la circulation, la SNCF et son partenaire espagnol, la Renfe, ont indiqué voilà quelques mois, malgré la nécessaire préservation de cette ligne, que leur partenariat s'arrêterait d'ici à la fin de cette année.

Cela n'est pas irréversible, j'y reviendrai, mais cela signifie qu'il faut réorganiser l'offre. Cela se fait par étapes : la première, qui commencera le 11 décembre prochain, consiste à permettre d'ores et déjà à la SNCF d'assurer, seule, deux allers-retours par jour entre Paris et Barcelone. Ce n'est pas l'offre que vous évoquez, mais c'est une première étape ; cela montre que n'est pas la fin du partenariat.

D'ailleurs, puisque vous avez rappelé l'importance de cette liaison pour votre territoire, il faut préciser que ces deux allers-retours quotidiens passeront par le département de l'Hérault, avec des arrêts à Montpellier, Sète et Agde. De notre côté, nous continuerons d'encourager cette nouvelle coopération entre la SNCF et la Renfe pour améliorer l'offre ; je m'engage à mener ce travail avec mon homologue espagnole. J'ai échangé avec cette dernière le 21 octobre dernier, et je la rencontrerai à Madrid au début de l'année prochaine, en lien avec les élus et les parlementaires concernés.

Pour ce qui a trait aux autres liaisons, ce qui se met en place, à défaut du renouvellement du partenariat, c'est la reprise par la Renfe des liaisons entre Lyon et Barcelone, ainsi qu'entre Madrid et Marseille. Il y aura donc bien de nouvelles liaisons, même si les fréquences restent à définir.

Une autre liaison ferroviaire entre la France et l'Espagne, que vous n'avez pas évoquée, s'arrêtera à la fin de l'année : celle qui relie Perpignan à Figueras. Mon homologue espagnole et moi-même nous sommes engagés à demander aux deux opérateurs de trouver une solution de continuité pour elle.

Je suis prêt à continuer ce travail avec vous pour améliorer les choses, afin que ce partenariat, même s'il n'est pas reconduit à l'identique, débouche sur d'autres options et ne pénalise pas ces liaisons, qui sont importantes.

Par ailleurs, puisque vous avez évoqué la question de la concurrence, je rappelle que notre opérateur, la SNCF, est présent sur le marché espagnol, au bénéfice tant de l'entreprise que des millions d'usagers de la ligne reliant Madrid à Barcelone. (Applaudissements sur les travées du groupe RDPI.)

M. le président. La parole est à M. Hussein Bourgi, pour la réplique.

M. Hussein Bourgi. Monsieur le ministre, je vous remercie, mais vous n'avez pas tout à fait répondu à ma question.

Les éléments que vous m'apportez portent sur une offre dégradée. Or qui dit offre dégradée dit impossibilité de faire l'aller-retour dans la journée ; cela nuira notamment aux chefs d'entreprise.

Vous m'indiquez ensuite que, dans quelques semaines ou quelques mois, la Renfe pourra exploiter ou reprendre certaines lignes, mais que rien n'est acquis à ce jour.

Enfin, puisque vous évoquez le covid-19, je vous signale que, partout en France, sur tout le territoire national – entre Bordeaux et Paris, ou entre Brest et Paris –, rien n'est satisfaisant.

Nous ne sommes pas revenus à la situation antérieure à la pandémie. Les trains roulent, mais ils sont pleins. Les prix flambent.

M. Roger Karoutchi. Il a raison !

M. Hussein Bourgi. Les voyageurs sont parfois insatisfaits en raison des retards.

M. le président. Il faut conclure !

M. Hussein Bourgi. Je vous demande donc de réfléchir à la stratégie de la France en matière de LGV. (Applaudissements sur les travées des groupes SER et CRCE, ainsi que sur des travées du groupe Les Républicains.)

M. Christian Cambon. Absolument !

M. Roger Karoutchi. Il a raison !

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